En Europe, non seulement on a des idées mais en plus on paye deux fois le pétrole

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Peut-on imaginer un cours instant que le prix d’un billet d’avion ne prendrait pas en compte le carburant consommé pour aller du point A souhaité eu point B attendu ? Même les low cost - pourtant inventives en dépenses supplémentaires - n’ont pas imaginé de facturer un billet en partant de la location du siège, de l’usage des toilettes ou de la location de la passerelle… Des frais ancillaires comme les autres. Les taxis ne facturent pas la course d'un côté et le carburant de l'autre. Mais c'est ce que font les transporteurs aériens, avec le montant de la facture carburant ajouté en option dans le prix du billet !
Et si on refusait de payer, on s’écraserait ?

En Europe, non seulement on a des idées mais en plus on paye deux fois le pétrole

Emirates, prompt à expliquer au client les avantages de ses tarifs aériens, oublie de lui préciser qu’avec la baisse des prix du pétrole, la surcharge appliquée sur les billets est le maquillage du vrai prix du transport. Exemple avec un Paris/Sydney via Dubaï, vendu 1178€ TTC. En décortiquant le prix, on se rend compte qu’il y a 526 euros de « frais de vol », expression pudique pour caractériser la taxe YQ payée en plus des frais divers assumés par les passagers.
 
Dans notre exemple, le supplément carburant est facturé 430 €. Près de la moitié du prix du billet. Dans sa volonté de convaincre, Emirates précise que "En 2015, les passagers ont payé 33% de nos frais de carburant sous forme de supplément". Rien à redire, sauf que le prix du pétrole a, lui, baissé de plus de 50% sur la même période! Au final, une simple règle de trois démontre que, sur ce vol, le supplément carburant correspond au coût total des dépenses engagées pour le kérosène. Pas 33% mais 100%. Que vaut alors réellement le Paris/Sydney ? Sans doute moins de 800 €, toutes charges d’exploitation comprises.
 
Si l’on poursuit la logique de la compagnie du Golfe, et si la surtaxe n’existait pas, le Paris/Sydney via Dubaï s’écraserait en mer à 4800 km de côtes australiennes faute d’avoir pu payer la note au pompiste !
 
Mais ne nous trompons pas. Emirates, prise ici pour exemple, est loin d’être la seule à pratiquer ce petit tour de passe-passe que ne voit plus la commission européenne, pourtant prompte à défendre le consommateur. A en croire un député européen, ce serait même la contrepartie accordée aux compagnies européennes face aux règles de dédommagement appliquées en cas de retard. Oui mais voilà, ni les compagnies du Golfe, ni les asiatiques, ni les américaines ne sont justement européennes. On tourne en rond.
 
Seule explication, la surtaxe carburant cache la vraie valeur du billet que devrait appliquer tous les transporteurs. Le vrai prix du transport, sans artifice ni faux semblants. Pourquoi ne pas le dire ? Ce serait transparent.
 
Mais une mauvaise langue, très au fait du transport aérien, m’a glissé un début de solution. Pour les tarifs négociés via les entreprises, ce qui est considéré comme une taxe n’est pas négociable. Veut-il dire que cette situation permettrait de préserver le coût du transport sans avoir à rogner sur les marges. Audacieux non ?  Et les entreprises ne l’auraient pas compris ? Il fallait y penser.
 
Marcel Lévy