Faire du business avec la Chine: fantasmes et réalité

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Depuis son ouverture au monde au début des années 1980, la Chine a connu une croissance annuelle longtemps à deux chiffres. Si celle-ci semble légèrement s'essouffler avec 7.5% prévus en 2015, elle fait toujours rêver notamment un Occident qui, en comparaison, semble fonctionner au ralenti. Mais il n’est pas facile de faire des affaires dans ce pays dont on connait encore peu les codes !

Quelle entreprise française ne rêve pas de s'en sortir ou de prospérer en vendant ses produits au Pays du Milieu (zhong guo)? Quel jeune diplômé n'espère pas y décrocher une situation inespérée dans l'Hexagone ?! Mais il y a un abîme entre une Chine souvent fantasmée et la réalité. Entre la "sinobéatitude" à la mode chez certains et ce à quoi peuvent s'attendre ceux qui se frotteront à la réalité. Sans connaissance sérieuse du pays et de ses mœurs, beaucoup s'exposeront à de cruelles déconvenues. Les PME découvriront la difficulté à s'implanter. Quant aux intrépides sans qualification recherchée localement, ils ne pourront prétendre qu'à des emplois de "seconde catégorie". Ils ne vivront pas mieux qu'en France et ne pourront pas espérer à un meilleur traitement. Fini le début de la décennie 1990 où tout était à faire. Celle pendant laquelle tout et (presque) tout le monde était bienvenus.

Grandes et plus petites entreprises, particuliers et voyageurs d’affaires connaissent déboires et échecs. Ainsi ce grand brasseur néerlandais abusé par son partenaire chinois qui a fini par lui interdire de pénétrer dans l'entrepôt qu'il avait financé ! Ou encore ce géant français de l'agro-alimentaire, roulé par son associé qui n’a pas hésité à fabriquer des produits "copiés-collés" et à les vendre sous sa propre marque ! Quant aux individualités, elles peuvent y laisser leurs illusions et...leurs économies. Ce Français avait cru pouvoir ouvrir un restaurant dans un vieux quartier de Pékin en achetant à prix "raisonnable" une habitation ancienne. Quelle surprise lorsque les démolisseurs sont venus détruire sont restaurant à peine aménagé ! Et pourtant le caractère chinois (chai, détruire) apposé sur un mur aurait dû l'alerter...et lui faire comprendre que le sympathique propriétaire lui vendait un bien voué à être rasé après avoir été déjà indemnisé par la municipalité ! Cet autre entreprenant compatriote après le succès de sa première boutique de glaces venait à peine d'ouvrir la seconde à Shanghai quand il a reçu la visite d'un avocat. Celui-ci représentait les intérêts d'un Chinois se plaignant que la raison sociale utilisée par le Français était la sienne depuis longtemps ! Devant la somme exorbitante qui lui a été réclamée, il a préféré vendre et rentrer en France.
 
Faire du business en Chine ou avec les Chinois, mais pas n'importe comment
Cette mise en garde n'a pas pour but de décourager ceux qui veulent se lancer dans les affaires ou travailler en Chine. Des entreprises et des particuliers réussissent sur place*. Pour cela ils se sont préparés en mettant toutes les chances de leur côté. Un "trousseau" de quelques clés aidera à ouvrir les portes d'un pays qui peut sembler incompréhensible à bon nombre d'étrangers. Parmi celles-ci, il faut a minima :
  • De la sympathie à l'égard du pays et l'empathie envers ses habitants. Si l'on éprouve ni l'une ni l'autre, ce n'est pas la peine d'espérer réussir.
  • Une connaissance minimale de l'histoire et de la géographie de la Chine.
  • Une approche même basique de la prononciation du chinois. Appréhender la manière dont la langue se parle et l'écriture s'élabore.
  • Pour une entreprise, avoir un relai de confiance sur place. Pour un particulier, chercher à se faire rapidement des amis.
 
Une prochaine rubrique donnera des exemples concrets de ce qu'il faut faire et ne pas faire.
 
Jean Tuan

* 8000 entreprises françaises, dont 60% de PME, exportent vers la Chine et 1200 entreprises françaises s'y sont installées. Celles-ci ont généré en 2010 un chiffre d'affaires de 30 milliards d'euros, soit trois fois le montant des exportations de la France vers la Chine.