Faut-il interdire les enfants en bas âge dans les business class?

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Le chiffre est invérifiable, mais il y aurait 10% des agressions verbales ou physiques en avion liées aux enfants en bas âge. Des conflits engagés entre les parents et les passagers, exaspérés d’entendre hurler une bonne partie de la nuit et difficilement maîtrisés par l’équipage. Il faut dire que les cris des enfants peuvent littéralement laminer les nerfs au cours d'un déplacement professionnel !

Même le père ou la mère de famille des plus conciliants le disent : un enfant qui pleure pendant des heures dans une business class, c'est le pire qui puisse arriver en voyage d’affaires… Même si, souvent, ils s’expriment sous le coup de l’énervement immédiat. Il faut bien reconnaître que dormir ou travailler en subissant le "supplice du nourrisson à bord" est loin d’être agréable.
 
"Le meilleur des services ne peut faire oublier le désagrément d’un ou deux enfants qui hurlent ou pleurent ", soupire Alain, cadre supérieur dans une société pétrolière qui constate: "Dans les pays où l’enfant est roi, comme la Chine, le manque d’éducation familiale conduit à des situations insupportables". Idem en Afrique où le fait de payer cher un billet justifie tous les excès. Et Alain de citer un cas vécu autour d’une famille qui s’est mise à chanter à tue-tête pour satisfaire à une demande colérique d’une petite fille de 5 ans. 30 voyageurs agacés pour calmer momentanément une enfant capricieuse.
 
Toutes les compagnies aériennes ont réfléchi et réfléchissent toujours au problème… Mais aucune n’a formulé d’interdiction précise. Elles s’arrangent pour fermer des vols aux familles avec enfants en leur proposant d’autres horaires, moins fréquentés par les voyageurs d’affaires. Un pis-aller que personne ne veut reconnaître, même si le souci reste entier. La solution ? "Eclater les vols en fonction de la journée", essaie Michel, en charge de l’opérationnel au sein d’un grand transporteur asiatique, "Les vols de jours sont proposés en priorité aux familles et ceux de nuit aux hommes d’affaires. Mais cette règle n’est pas toujours applicable ". Il est vrai que l’on ne saurait forcer personne à changer un horaire de vol parce qu’il a des enfants.
 
En lançant aujourd’hui sur le site un sondage sur le sujet, Déplacements Pros ne fait que refléter les commentaires et critiques formulées sur un sujet sensible et largement évoqué dans les échanges avec nos lecteurs. "On ne peut pas froisser des parents qui vont acheter au tarif les plus haut deux voire trois sièges en business", souligne le directeur commercial d’une compagnie asiatique qui reconnait que le sujet est sensible; "Nous avons de très gros clients qui font vérifier par leurs agences qu’il n’y aura pas d’enfants à bord le soir de leur départ". La demande d'une étiquette vol "children free"?
 
Mais pour la plupart des voyageurs, il y a un souci du côté des équipages, qui ne sont pas formés à la gestion des enfants des autres. Là aussi le sujet est sensible explique Yin, chef de cabine "On ne saurait se substituer aux parents et répondre aux passagers qu’il faut que jeunesse se passe !". Pris entre deux feux, les hôtesses et stewards sont demandeurs d’une formation plus poussée sur le sujet. "Aujourd’hui on sait comment maîtriser un passager ivre, mais vous nous voyez mettre des menottes à un bébé ou un enfant qui hurle en courant dans les allées !" conclut-elle en souriant. Inimaginable, effectivement.
 
A l’évidence, l’interdiction de certains vols aux enfants dans les classes avant est la seule solution logique et applicable. Mais est-elle réaliste ? "Il serait possible dans l’absolu d’ouvrir des vols aux horaires moins fréquentés par les hommes d’affaires", poursuit Michel "Mais la tendance est à l’optimisation des capacités. De fait je ne vois pas comment on pourrait appliquer cette règle".
 
Pierre Barre