Internet en vol, la porte d’entrée du cyberterrorisme ?

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C’est un sujet que l’on aborde discrètement au salon du Bourget. La montée en puissance de l’informatique dans les avions, associée au développement du wifi, interroge les voyageurs sur la sécurité numérique des vols. Le risque zéro n’existe pas mais les avionneurs sont formels : tout est fait pour éviter les tentatives de piratage.

C’est l’une des craintes de ces prochaines années : les attaque cyberterroristes qui prendraient pour cible la signalisation ferroviaire, les voitures autonomes ou les avions. "De la science fiction pour film hollywoodiens", assure un ingénieur de chez Thales qui énumère les très nombreuses sécurités implantées dans un cockpit.

Mais dans la réalité, bien des questions se posent. Pour un spécialiste du transport aérien israélien présent au Bourget, "Dès qu’un système est interconnecté, il est vulnérable" et d’ajouter : "La gestion du signal internet d’un avion se pilote par les PNC ce qui veut dire que si des ordres entrent… Ils peuvent sortir". Mais sur ce sujet les avis divergent. "Il faudrait remonter aux organes essentielles de l’avion", commente notre expert de chez Thalès qui l'affirme : "il y a des pare feu à tous les niveaux". Une explication qui ne convainc pas les limiers de l’anti terrorisme.

Rappelez-vous, en octobre 2015, le patron de l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne, Patrick Ky, affirmait que "Le système de contrôle d’un avion est piratable, qu’il soit en vol ou non". Du moins précisa-t-il, "c’est techniquement possible". Et d’ajouter dans les Echos : "En moins de 5 minutes, un hacker, employé de l’AESA et détenteur d’une licence de pilote commercial, est parvenu à rentrer dans le réseau Acars, le système de messagerie des compagnies aériennes. Et il ne lui a fallu que deux ou trois jours pour pénétrer dans le système de contrôle d’un avion au sol".

Si aujourd’hui la question refait surface c’est en raison du développement d’internet en vol et la mise en place de systèmes de tracking qui échangent en permanence avec le poste de pilotage. Mais l’internet dans les avions constitue des revenus non négligeables pour les compagnies. Selon Euroconsult, ils dépasseraient le milliard de dollars en 2016 et devraient atteindre près de 7 milliards de dollars en 2026. Mais le marché de la sécurité vit lui aussi de cette interrogation sécuritaire. Pas moins d'une dizaine de société israéliennes, pays réputé dans le domaine de la sécurité, proposent des équipements et certaines entreprises vont plus loin en affirmant qu'elles peuvent installer des leurres thermiques sur les avions commerciaux pour éviter les attaques par missiles à l'atterrissage ou au décollage. Et de dire : "ce n'est plus du cinéma car c'est désormais possible".

Ce que l’on ne connait pas encore dans le détail, ce sont les ripostes et parades que développent les équipementiers. Le sujet est ultrasensible et personne ne veut l’aborder. Tant mieux pour le voyageurs d’affaires qui sait simplement que cette crainte est désormais prise en compte par les fournisseurs de l’aéronautique.