LGV vers Toulouse : pour le Conseil d’Orientation des Infrastructures, elle se fera

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Le Conseil d’Orientation des Infrastructures a établi 3 scénarios pour les infrastructures de transport des 20 prochaines années. Les investissements ont été passés en revue sous forme de scenarios allant de 40 à 80 milliards d’investissements. L’objectif : alimenter la future loi d’orientation des mobilités, prévue en avril. Certains projets comme la LGV Toulouse sont de fait relancés. D'autres, comme le contournement Sud-Est de Lille, abandonnés. Revue de détails pour l'avenir des déplacements professionnels.

Adopté à l’unanimité de ses membres – ce qui n’était pas acquis compte tenu de la diversité politique de ses membres - le rapport complet sur les projets d'infrastructures pour les 20 prochaines années a été remis ce jeudi à la Ministre des transports par le Conseil d’Orientation des Infrastructures. Il liste toutes les infrastructures : ferroviaire, fluvial, routier et maritime, à l'exception du transport aérien ou de certains projets actés par ailleurs comme le canal Seine-Nord, le métro du Grand Paris Express, la liaison ferroviaire CDG Express ou le tunnel franco-italien du Lyon-Turin. Les projets vont, selon les scenarios, de 40 à 80 milliards d’euros d’investissements sur 20 ans.

Le 1er scenario, considéré par les membres du conseil comme le plus prudent, chiffre les investissements à 2,4 milliards d’euros/an. "Les priorités indispensables de restauration du patrimoine ne sont que partiellement satisfaites", reconnaît le rapport. "C'est un peu le scénario du renoncement", estime Hervé Maurey, membre du COI.

Le 2ème scenario met sur la table 60 milliards d’euros sur 20 ans, permettant détaler les travaux dans le temps, ce qui fait dire à certains qu’il y a « saucissonnage » des projets. Mais c’est celui qui a les faveurs du Conseil, notamment parce qu’il « permet de phaser les grands projets ferroviaires », explique le sénateur de l’Eure.

Les membres du COI reconnaissent qu’ils ne croient pas vraiment au 3ème scénario, qui mobilise 80 milliards d’euros, difficilement envisageable dans un cadre budgétaire contraint.

Pour financer les projets, le principe recommandé par le COI est de "rapprocher les coûts des utilisateurs" : augmentation de la taxe sur les carburants TICPE pour la route, écotaxe new look, péages urbains, augmentation des prix des billets de transport… Dans tous les cas, il s’agit de "phaser" les projets, autrement dit de les étaler dans le temps pour les rendre plus supportables par la collectivité.

Voici les principaux projets ferroviaires et routiers qui pourraient être réalisés d’ici 2O37, remis à plus tard ou abandonnés, selon le Conseil d’orientation des infrastructures (COI):

Les voies ferrées :

Ligne nouvelle entre Paris et la Normandie: priorité à l’aménagement de la gare Saint-Lazare à Paris, puis à la réalisation de Paris-Mantes et du contournement de Rouen.
Ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse: priorité à l’aménagement des sorties de Bordeaux et Toulouse, puis au tronçon Agen-Toulouse.
Ligne nouvelle Marseille-Nice: d’abord des améliorations du côté de Marseille, Toulon et Nice, puis une gare souterraine à Marseille Saint-Charles (qui ne serait plus en cul-de-sac), puis Nice-Cannes, et – bien plus tard – Aubagne-Toulon et Cannes-Le Muy.
Ligne nouvelle Montpellier-Perpignan: priorité à Montpellier-Béziers.
Ligne nouvelle Roissy-Picardie: réalisation en donnant la priorité aux trains régionaux.
LGV Bordeaux-Dax: remise à beaucoup plus tard.
Contournement ferroviaire de Lyon et ligne nouvelle entre Lyon et le grand tunnel France-Italie (qui, lui, n’est pas concerné par le rapport): remis à beaucoup plus tard au profit de la modernisation de l’axe Dijon-Modane pour le fret.
Lignes nouvelles de Rennes vers l’ouest de la Bretagne et Nantes: remises à beaucoup plus tard au profit d’améliorations ponctuelles.
Achèvement de la LGV Rhin-Rhône: remis à beaucoup plus tard.
LGV de Paris vers Orléans, Clermont-Ferrand et Lyon (POCL): abandonnée, au profit surtout d’améliorations de la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT).
Projets d’électrification (lignes de Paris à Troyes, Laroche-Migennes à Auxerre, d’Angoulême à Saintes et Royan et d’Amiens à Rang-du-Fliers): abandonnés au profit de l’utilisation de locomotives bimodes (diesel-électrique) ou à hydrogène, sauf la partie suburbaine de Paris-Troyes.
Réouverture de Pau-Canfranc-Saragosse par le tunnel du Somport: abandonnée.

Les routes

Aménagement de la route centre Europe atlantique (RCEA) en Allier et en Saône-et-Loire (A79, N7O, N79 et N8O): prioritaire.
Contournement autoroutier de Rouen (A133 et A134), qui vient d’être déclaré d’utilité publique: confirmé.
Achèvement de l’axe Rouen-Orléans, dans l’Eure-et-Loir (A154): prioritaire, sous forme d’autoroute concédée.
Autoroute Castres-Toulouse: confirmée sous forme d’autoroute concédée, à plus ou moins court terme.
Autoroute A31bis (doublement de l’axe Toul-Nancy-Metz-Luxembourg): nouveau tronçon à péage de Thionville au Luxembourg, élargissement de l’axe existant de Nancy à Metz et demande d’études supplémentaires pour le contournement de Nancy.
Contournement d’Arles (A54), dont le tracé est contesté, une solution doit être trouvée "dans les meilleurs délais".
Autoroute A63 au sud de Bordeaux: élargissement via une concession.
Autoroute de Salon-de-Provence à Fos-sur-Mer (A56): construction sous forme d’une route ordinaire.
Doublement de l’autoroute entre Lyon et Saint-Etienne: le COI conseille d’attendre les conclusions d’un grand débat sur les transports dans la région lyonnaise, en 2O19, et d’étudier une alternative « acceptable par tous ».
Contournement autoroutier de Lyon: remis à beaucoup plus tard.
Contournement autoroutier de Bordeaux: remis à beaucoup plus tard.
Arc nord-ouest de l’autoroute A1O4 (La Francilienne): remis à beaucoup plus tard.
Contournement sud d’Avignon: remis à beaucoup plus tard, les collectivités locales pouvant reprendre le projet si elles le souhaitent.
– « Autoroute du Chablais » d’Annemasse à Thonon: le COI considère qu’il ne s’agit pas d’un axe national et suggère une concession par les collectivités locales.
Contournement sud-est de Lille: abandonné.

La ministre des Transports Élisabeth Borne doit annoncer ses choix fin février, un calendrier de réalisation de tous ces projets devant être inscrit dans une loi d'orientation des mobilités, promise pour avril. Le Parlement aura ensuite le dernier mot.

Vous pouvez télécharger ci dessous la synthèse du rapport du COI en PDF