Le dossier aérien sur le dessus de l’agenda Brexit ?

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Ryanair a demandé mercredi à Londres de mettre le dossier de l’aérien sur le dessus du dossier de négociations du Brexit. Un enjeu essentiel pour la compagnie, bien qu’elle soit irlandaise. EasyJet est dans la même disposition d’esprit. Au total, 10 compagnies dont le siège est basé au Royaume Uni sont concernées.

Ryanair craint une perturbation de ses activités si l'accord aérien post-Brexit ne se fait pas rapidement : "Il est devenu inquiétant que le gouvernement britannique semble n'avoir aucun plan B pour maintenir les liaisons aériennes libéralisées de la Grande-Bretagne avec l'Europe", s’inquiète mercredi dans un communiqué le directeur du marketing de Ryanair Kenny Jacobs, réclamant un accord de ciel ouvert.

Les vols entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne risquent selon lui d'être suspendus en 2019 si la Grande-Bretagne ne donne pas la priorité à un nouvel accord aérien dans les négociations Brexit. Les compagnies aériennes établies dans l'UE ont en effet le droit de se rendre en provenance et à destination de tout pays du bloc ou même d'autres États membres grâce au marché unique de l'aviation créé dans les années 90, mais le vote Brexit signifie que la Grande-Bretagne doit renégocier cet accès. Ryanair, première compagnie dans les échanges entre le continent européen et le Royaume-Uni, serait aussi la première victime de la rupture.

Ryanair estime que la question doit être prioritaire et traitée dans les 12 mois pour éviter des perturbations majeures en 2019. Un certain nombre d'industries ont exprimé des craintes que le calendrier de négociation de deux ans de la Grande-Bretagne ne soit pas suffisant pour renégocier des accords commerciaux complexes. Mais Ryanair souligne que les compagnies aériennes subissent plus de pressions que d’autres car elles doivent finaliser leurs horaires d'été 2019 à la mi-2018 et les analystes économiques s'inquiètent de l'avenir des compagnies concernées. "Environ neuf mois après le référendum Brexit, nous ne sommes pas plus avancés sur le point de savoir quel effet cette décision aura sur l'aviation", a déclaré Kenny Jaobs. Ryanair a déjà anticipé les difficultés en annonçant une prévision de croissance de 6% cette année, au lieu des 15% initialement prévus.

Pour sa part EasyJet cherche déjà une nouvelle licence d'exploitation dans un autre État membre de l'UE. L'Irlande ou Malte sont considérées comme des choix probables, leur langue officielle étant l'anglais. IAG, propriétaire de British Airways, dispose de plusieurs certificats européens via Iberia et Vueling, mais demande également des mesures pour garantir son libre accès au continent européen.

Au total 10 compagnies européennes ont leur siège au Royaume-Uni et pourraient voir leur situation totalement déséquilibrée. Le Conseil des aéroports du commerce international a indiqué la semaine dernière qu'il aurait besoin d'un accord au moins 18 mois avant le Brexit lui-même, pour éviter la perturbation du réseau lors d'un passage à de nouveaux règlements.