Le front européen uni qui s’attaque à Google a perdu d’avance !

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L’Europe a fait plaisir aux opposants de Google qui, depuis des années, contestent la position dominante du moteur de recherche. En adressant une liste de griefs à l’entreprise de Mountain View, elle manifeste sa mauvaise humeur. Et après ? Un simple coup d’épée dans l’eau. Nous avons besoin de Google et des dizaines de mastodontes qui lui ressemblent.

Avec plus de 80% des recherches commerciales réalisées sur Google, il sera difficile aux Européens de trouver une solution équilibrée au conflit qui l’oppose désormais à une entreprise privée qualifiée de «fleuron» par le Président Obama lui-même. Un simple mot qui a fait basculer la vision économique que l’on a de Google vers une approche plus politique. On ne touche pas impunément à une société américaine sans risquer quelques retours de bâton.

Peut-on reprocher à Google d’avoir réussi là où les Européens ont échoué ? La vision de la vieille Europe est dépassée. Nous n’avons pas compris que le nouveau monde technologique qui se construit depuis quelques années ne s’embête pas avec les frontières terrestres, spatiales ou aériennes. Google se fiche bien d’une procédure dont on connaît l’issue. Qui pourra bloquer Google ? Les fournisseurs d’accès au net ? Il suffit de voir leur réaction face au projet de la loi « renseignement » pour comprendre que personne ne peut bloquer réellement le réseau…. Sauf la Corée du Nord, et encore.

L’évolution numérique des moyens de paiement rend impossible le verrouillage des achats de mots clés. Les échanges économiques font qu’il sera difficile de fermer les robinets de Google sans affronter des mesures de rétorsion qui coûteront chers aux européens. Sans se heurter à l’incompréhension des utilisateurs, à la bronca des vendeurs en ligne, créateurs d’emploi.

Côté voyages d’affaires, le best buy a besoin de Google. Le voyageur a besoin des infos qu’il obtient sur le moteur de recherche. Les vendeurs font leur beurre grâce à Google. Personne n’a intérêt à le voir banni du quotidien. A une époque ou la data personnelle est jetée aux orties, croire que le big data de Google est plus dangereux que celui mis en place par les états est illusoire. Apple, Facebook ou Samsung traquent les voyageurs au mètre près, sans nous laisser le moindre échappatoire. Le monde est sous la surveillance des machines. Seule solution pour l’éviter, tout débrancher. Renoncer à internet et à la gestion en ligne de son quotidien.

Ne croyez pas que j’approuve cette évolution. Je constate simplement ses effets. Je n’y peux rien, c’est ainsi. Google est la vitrine de l’évolution d’une société. Nous l’avons encensé. Aujourd’hui, elle nous fait peur.

Alors bien sur, les 6 milliards d'amende que risque Google sont bien réels. Mais nous n'en sommes pas encore là. L'entreprise a les moyens de payer, mais aussi de se défendre. La bataille sera longue et complexe. Qui gagnera ? L'Europe en faisant payer Google ou l'entreprise américaine qui confortera aussi sa place de leader incontournable. Réponse dans quelques années.

Et si le SNAV (Syndicat des Agents de Voyages) salue la décision Européenne, c’est sans doute en mémoire de l’ancien monde, celui où les agences faisaient seules le quotidien du voyageur. C’était il y a très longtemps. Il va falloir s’habituer au 21ème siècle. Et tout cela ne fait que commencer.

A New York,
Philippe Lantris