Les 7 péchés capitaux du voyage d’affaires

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Les voyageurs d'affaires sont confrontés à toutes les occasions de pécher (par excès), du premier pas vers le duty-free à l'aéroport jusqu'à leur dernier verre au bar de l'hôtel. Nombreux sont ceux qui constatent que leur résistance au vice diminue à mesure qu'ils s'éloignent de chez eux.

Rien de tel qu'un voyage d'affaires pour se familiariser avec la liste des sept péchés capitaux. Car, faut-il le rappeler,les voyageurs d'affaires sont confrontés à toutes sortes de tentations.

Nous passerons pudiquement sur le péché de luxure. Il suffit de rappeler,par exemple, que les bars des hôtels d'affaires peuvent être les lieux de toutes les tentations et que tout est fait pour que justement personne n'y résiste. Avant l'essor de la pornographie gratuite sur Internet, les chaînes de divertissement pour adultes constituaient l'une des plus grandes sources de revenus des grandes chaînes hôtelières.

Le système de transport aérien moderne est construit sur deux grands péchés : l'avidité et l'envie. La plupart des aéroports ressemblent à des centres commerciaux haut de gamme avec quelques avions posés ça et là pour la décoration. Vous traversez un couloir sans fin bordé de montres, de parfums, de whiskys et, on ne sait pas pourquoi, de Toblerone géant. Puis vous vous trouvez à tuer le temps dans un superstore immense, d'abord dédaigneux puis en vous demandant avec désinvolture si vous seriez bien dans un pantalon Paul Smith slim-fit.

Les compagnies aériennes ont transformé l'envie en une science précise. Diverses cartes or et argent contrôlent l'accès aux salons qui calibrent soigneusement les degrés d'exclusivité. Ensuite, il y a la question de la classe affaires. L'inconfort aigu de la classe éco est amplifié par l'envie de ceux qui s'assoient sur des trônes rembourrés et qui mangent de la nourriture gastronomique. La révolution populiste qui reconfigure actuellement la politique occidentale s'explique sûrement par la division entre les petites gens à l'arrière et les portefeuilles gonflés à l'avant.

La classe affaires est une invitation à la gourmandise. Les passagers en éco sont réduits à un régime de bretzels, tandis que ceux assis à l'avant reçoivent des déjeuners à quatre plats accompagnés de deux vins et d'une eau-de-vie. Il en va de même pour les hôtels. Qui peut résister à l'envie de charger ses assiettes de pâtisseries et de bacon lorsque le petit déjeuner est "tout compris" ?

La gourmandise conduit invariablement à la paresse. L'une des justifications du vol en classe affaires est que vous pouvez travailler pendant le trajet dans les airs. Pourtant, après le repas bien copieux, une sieste semble souvent plus appropriée, d'autant plus que vous êtes déjà dans une position allongée - suivie d'un regard rapide sur les "nouveautés" sur l'écran devant vous et bien sûr vendues à bord.

Voyager est toujours une invitation à la colère. Il y a tous ces vols retardés ou annulés avec l'aimable autorisation de Dieu ou des contrôleurs aériens français. Il y a aussi et surtout le cauchemar du bagage : si vous gardez votre sac, il ne rentre pas dans les coffres et si vous l'enregistrez, il est immédiatement expédié dans la mauvaise partie du monde. Et puis il y a tout ce temps d'attente où les gens prennent une demi-heure pour accomplir des actes apparemment rudimentaires comme s'asseoir.

Le plus grand péché du voyage est l'orgueil. Les voyages d'affaires sont conçus pour masser les ego de ceux qui supposent qu'un traitement spécial leur est accordé, non pas parce qu'ils ont acheté un siège supérieur (à un prix très supérieur), mais parce qu'ils sont les génies qui conduisent la machine capitaliste. Une élite bien loin de penser que les personnes coincées à l'arrière de l'avion méritent un peu plus d'espace pour les jambes.

Il ne devrait pas falloir la menace des feux de l'enfer pour que cela soit clair. Les voies du ciel ne sont finalement pas impénétrables.