Les Américains sont des Français qui s’ignorent !

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Tout ce quoi touche à la France intéresse les américains. Le meilleur comme le pire et les récentes déclarations du candidat Donald Trump démontrent à quel point nous pouvons être bien ou mal perçus par les héritiers naturels des cow-boys de tout poil. Quand on vit comme moi aux USA, la première remarque que vous font vos interlocuteurs se résumerait en "Quel beau pays, dommage qu’il y ait des Français"...

Pour eux, nous étions des casaniers, pas des aventuriers. Peu travailleurs, buveurs de pastis et grévistes dans l’âme. En dix ans, leur regard a changé. Que disent-ils désormais ? Que nous sommes bien préparés au commerce international, que nous avons évolué dans notre maîtrise de l’anglais et que nous connaissons de mieux en mieux notre sujet. Qualité extrême qu’ils nous reconnaissent aujourd’hui : notre capacité à tenir nos engagements.

Autre point fort, les Français sont des concepteurs, à l’imagination fertile. Une startup sur 10 aux USA est créée par des Européens, une sur 20 dispose d’un partenaire français. La Silicon Valley ressemble aux Champs Elysées à l’heure de pointe. Bref, aujourd’hui nous savons nous vendre.

Qu’aiment-ils le plus chez nous ? Notre sens de l’écoute et notre capacité à nous adapter. Et le moins ? Pour eux, nous restons des vendeurs de voitures des grandes banlieues urbaines américaines "à géométrie commerciale variable". Vous l’aurez compris, l’Europe inquiète les américains. Le Brexit est assez mal vécu par les géants d’outre Atlantique comme IBM, Coca ou Monsanto. Et malgré notre gréviculture, certains grands patrons outre Atlantique nous envient ! Ils nous trouvent combatifs et efficaces.

Mais ce constat ne doit pas faire oublier les faiblesses de notre partenaire, que nous pouvons exploiter utilement. Les Américains confondent souvent "masse" et efficacité. Trois américains pour un poste occupé en Europe par une seule personne. Le ratio est assez juste. Mais il faut le vivre au quotidien pour constater que l’efficacité n’en est pas toujours renforcée, au contraire. A noter que la faiblesse des charges sociales patronales explique la remontée spectaculaire de l’emploi outre Atlantique. Exactement le contraire de l’Europe.

En une décennie, l’économie américaine a compris que leurs voyageurs d’affaires, fer de lance de leur industrie, n’avaient plus la suprématie sur le terrain commercial. Ils nous reprochaient notre arrogance franchouillarde, Aujourd’hui, ils nous l’envient. Le temps béni où le commerce était uniquement de qualité sous la bannière étoilée est bien finie. Européens, Indiens et Chinois se sont lancés dans la bataille, avec succès. De quoi rendre inquiet le géant US ? Ne rêvons pas. Ce n'est pas sa nature !

New York,
Philippe Lantris