Olivier Mazuchelli, Chef d’escale Hop Air France : « A Marseille, il y a un sureffectif d’environ 170 personnes. Il faut désormais repenser notre organisation »

523

Alors que seule une journée de grève sur les deux annoncées pour ces 27 et 28 janvier aura été tenue finalement par la CGT sur la base de Marseille Provence, sans conséquence sur les voyages d'affaires, le patron de l’escale Hop! Air France porte un regard lucide sur l’évolution de la plateforme dont il a la responsabilité. Pour Olivier Mazzucchelli, la réorganisation est devenue indispensable. Il explique pourquoi.


DéplacementsPros : Présentez-nous la base de Hop! Air France à Marseille

Olivier Mazzucchelli : Marseille Provence accueille toutes les semaines 111 vols Hop! Air France et 121 vols Air France. Aujourd’hui, nous avons 471 emplois en équivalent temps plein pour l’ensemble des activités, le passage et la piste. Ce sont des activités conventionnelles dans le support apporté aux appareils Hop! Air France qui se posent ou décollent d'ici.

C'est également un site aéroportuaire, qui connait à certaines période de l'année un trafic plus important, comme pendant l'été ou pendant les vacances scolaires.

Enfin, c’est une escale historique qui a toujours bénéficié d’une organisation différente des autres escales de la compagnie. Nous avons donc engagé deux missions, réorganiser son fonctionnement et piloter au plus juste les moyens humains.

DéplacementsPros : Vous voulez dire que vous êtes en sur effectif ?

Olivier Mazzucchelli : Bien évidemment. Marseille est 40 à 60% plus chère que les autres escales Hop! Air France. Ce n’est pas économiquement possible. Si l’on prend le CUTP (Coût Unitaire de Touché Pondéré) c'est-à-dire l’ensemble des frais d’exploitation d’un avion qui se pose ici, nous sommes à 40€ à Marseille contre 25 ailleurs.

On sait qu’une escale est structurée autour de la masse salariale à hauteur de 80% et de frais structurels pour 20%. Si l’on rapporte notre coût d’exploitation à notre activité, nous sommes en sureffectif d’environ 170 équivalents temps plein. Dans un premier temps, on peut retenir le chiffre de 110 salariés en sureffectif sur cette base.

DéplacementsPros : Quelle réorganisation s'engage ?

Olivier Mazzucchelli : Il faut réorganiser l’Escale pour la rendre plus compétitive et faire que l’outil soit plus productif. Je viens de l’industrie et j’aime bien cette notion d’efficacité dans le service que nous apportons sur le terrain, même si notre « client » est la compagnie qui nous emploie.

Aujourd’hui, notre organisation n’est pas optimale. Il y a plusieurs pistes de travail et de réflexion mais elles doivent se faire dans la concertation afin que chacun puisse comprendre le besoin d’optimiser au mieux l’économie de l’escale.

DéplacementsPros : C’est la raison de la grève

Olivier Mazzucchelli : Il y a deux raisons à la grève. La première concerne les grilles horaires, établies en 1969 et sur lesquels sont arcboutés certains salariés. Pour vous donner un ordre d’idée, on les appelle « grilles marseillaises », preuve de leur spécificité à la plateforme. En l’état, elles ne sont pas réalistes. Il suffit d’un peu de bon sens pour s’en rendre compte. D’ailleurs, sur une zone comme Marseille Provence, la grève n’a été suivie que par 60% des salariés et n’a engendré aucune perturbation… Précisément en raison de notre sureffectif.

Nous devons apprendre à mettre les bonnes ressources au bon endroit. Quand il y a des hausses de trafic sur l’aéroport, comme en été, nous devons mettre en face les moyens humains nécessaires à une exploitation qualitative. C’est une approche du temps de travail qui conduit à l’annualisation du volume horaire. Il faut aller plus loin et faire bouger les lignes. On voit bien que certains salariés ont compris la situation et la complexité du problème. Il faut se donner le temps pour revenir à une structure plus normalisée, en phase avec les besoins réels 

L’autre motif de grève tourne autour des propositions de la compagnie Air France, le 15 janvier dernier. Elle s’est engagé à ce qu’il n’y ait aucun départ contraint d’ici 2018 mais elle a évoqué la notion de mobilité pour une meilleure répartition des moyens. C’est un point qui bloque au niveau national.

DéplacementsPros : Quel avenir pour cette escale ?

Olivier Mazzucchelli : La réorganisation opérationnelle va permettre de trouver une meilleure rentabilité et une gestion du temps de travail apaisée. C’est en tout cas le souhait de Hop! Air France. Sans doute faudra-t-il faire appel aux départs volontaires. Nous ne fermons pas la porte à ceux qui le souhaitent. Enfin, nous avons un dialogue permanent pour expliquer à ceux qui le demandent la réalité économique de notre travail quotidien. C’est important pour faire avancer les discussions.

Les syndicats nous disent "Augmentez d’abord l’activité et on verra ensuite comment on s’adaptera ". Nous, nous leur disons: "On ne peut pas augmenter l’activité avec un coût d’exploitation supérieur à la moyenne". Mais nous échangeons régulièrement sur ces sujets et c’est important.