Plan de croissance Air France: 3 syndicats du personnel au sol signent, les autres le rejettent dans sa totalité

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L'intersyndicale d'Air France a indiqué qu'elle rejetait le plan stratégique de son entreprise. Toutefois, la direction est parvenue à signer avec la CFDT, la CFE-CGC et l'UNSA des personnels au sol un accord sur la Gestion prévisionnelle des emplois et des métiers. Air France leur promet qu'il n'y aura aucun licenciement jusqu'en 2018.

Trois organisations syndicales représentatives, la CFDT, la CFE-CGC et l'UNSA, représentant plus de 50% des voix du personnel au sol d'Air France aux dernières élections professionnelles, ont signé l'Accord Triennal de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Métiers et contrat de génération.
 
La direction précise dans son communiqué du 26 janvier que la signature de ce document "va permettre à l'ensemble des salariés au sol d'Air France de bénéficier jusqu'au 30 juin 2018 d'un engagement d'absence de tout départ contraint pour motif économique. Les salariés concernés par des redéploiements collectifs et qui souhaitent poursuivre leur carrière au sein de l'entreprise seront accompagnés dans une mobilité fonctionnelle et/ou géographique».
 
Mais derrière ce communiqué, la réalité est plus nuancée. Si 3 syndicats reconnaissent que la direction a souhaité un dialogue apaisé, il n’empêche que pour la dizaine d'autres, dont le SNPL, FO et la CGT, les propositions, particulièrement dures à l’encontre des salariés au sol, sont maintenues avec leurs lots de départs programmés. Et de préciser "La hausse de la productivité, avec une flotte qui serait réduite, ne saurait être un point de départ des négociations".

Selon un syndicaliste FO, "Le projet n’est pas fiable et seuls les salariés seront les victimes de cette gestion peu réaliste". Il ne croit pas au retour à bonne fortune évoquée par Alexandre de Juniac et souligne: "la lutte contre la forte concurrence qui nous entoure ne saurait se contenter chez Air France d’un seul plan social et d’une hausse du temps de travail".

Pour le SNPL, souvent montré du doigt par les salariés d’Air France, ce plan de croissance "négative" se borne à délocaliser une partie de l’activité vers des bases européennes ou le coût du travail est moins élevé et/ou la sous-traitance à des entreprises tierces est devenu monnaie courante. Dans le quotidien les Échos, Philippe Evain, le patron du SNPL Air France,  ne cache pas sa colère et en appelle à l’Etat pour sortir d’une situation aujourd’hui sans issue. Et de préciser à nos confrères: "L’Etat a tous les éléments du problème en main. Nous leur avons remis un dossier complet, expliquant comment Air France-KLM a naturellement tendance à délocaliser de l’activité chez KLM en raison des surcoûts pesant sur Air France. Cela représente environ 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires perdu au profit de KLM ".

Pour une grande partie du personnel, la position des syndicats risque à nouveau de durcir le climat social, d’autant qu’un appel à la grève pourrait être rapidement programmé afin de faire pression sur la direction. Pourtant, "Air France n’a plus les moyens de supporter des arrêts de travail qui envoient directement nos clients  à la concurrence et n’apportent aucune réponse aux problématiques de la compagnie française", souligne un cadre proche de la direction qui avoue aujourd’hui rechercher d’autres pistes pour son avenir professionnel.