Quand les hôtels se robotisent, les voyageurs d’affaires apprécient

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A l’heure où les politiques veulent taxer les robots, l’hôtellerie, au contraire, veut les adopter. Faut-il y voir une tendance directement issue de la montée en puissance de la technologie ? Toujours est-il que l’hôtel sans personnel commence à séduire les hôteliers et leurs clients. Selon l’American Business Travel Association, 38 % des voyageurs d’affaires apprécient l’anonymat dans un hôtel.

Sans personnel ? L’idée est simple : l’accès à la chambre se fait sans jamais passer à la réception et tout est fait pour éviter de croiser du personnel pendant son séjour. Bref, l’anonymat total. Les jeunes adorent, d’autant que la création d’espaces communautaires leur permet de se retrouver, d’échanger voire même de diner ensemble dans une cuisine ouverte à tous, s'ils le souhaitent. Quelle différence avec l’hôtellerie classique ? Ils sont seuls à décider quand ils iront à la rencontre des autres.

Mais, "l’hôtel sans personnel" n’est pas une réelle nouveauté. Pour les établissements économiques, la présence d’un automate pour accéder à la chambre est une réalité bien implantée. Alors, en quoi cet hôtel se distingue-t-il ? Outre l’accès à la chambre via son smartphone, tous les services sont gérés à distance via un standard téléphonique qui détache un salarié pour régler le problème soulevé par le client. Depuis peu, les serrures électroniques que l’on ouvre avec son smartphone se multiplient. Les réceptions digitales se développent et l’accueil par des robots se multiplient. On estime que dans dix ans, il n’y aura quasiment plus de « réception » dans les 3 et 4 étoiles. Seule une conciergerie appuyée restera en place.

Au-delà, cet hôtel new look, enrichi de machines automatiques pour un café ou un sandwich, veut aussi développer des services qui ne sont pas présents sur place. Exemple aux USA avec le petit déjeuner, livré en moins de dix minutes aux clients via le Starbucks tout proche. On peut raisonnablement penser qu’en France, la boulangerie proche pourrait aussi assurer cette livraison à des prix compétitifs. Malgré ce service, l'hôtel mettra une machine à café ou une bouilloire à disposition. Charge aux voyageurs de penser à ses capsules ou de les acheter aux distributeurs ou dans les épiceries automatiques dans la réception.

Autre exemple, le room-service. Lui aussi est confié à des prestataires extérieurs, restaurants ou sandwicheries, dont l’engagement serait de livrer rapidement la collation attendue par le client. La liste des services complémentaires est longue. Pas moins d’une cinquantaine de prestataires sont au menu de l’offre.

Totalement sécurisé via vidéosurveillance, cet hôtel sans personnel, cogéré par les hôtes eux-mêmes, se veut un lieu d’échanges et de co-working. Public visé : les générations Y et X qui se soucient peu des conventions et préfèrent la convivialité à l’approche parfois guindée de certains établissements.

Bien évidemment, le prix sera inférieur à celui d'une chambre traditionnelle. C'est tout l'enjeu de l'innovation en cours: entre 20 et 30 % moins cher qu'une chambre actuelle à niveau identique. Preuve du modernisme de l'offre, les chaînes qui se créent veulent aussi proposer des abonnements, entre 950 et 1600 € à l'année pour une utilisation illimitée.

Le premier hôtel de ce type verra le jour à Dallas fin 2017. Pour le créateur du concept, qui l'aurait testé via des focus groupes, le projet est enthousiasmant pour les moins de 30 ans, souvent en voyage d’affaires et à la recherche d’un hôtel loin de toutes contraintes.

A New-York,
Philippe Lantris