SNCF: Barbara Dalibard redécouvre la mobilité mais oublie le voyage d’affaires

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Prenez un discours générique et ponctuez-le de quelques mots très tendance « mobilité », « numérique », « digital ». Évoquez le porte à porte, en vogue depuis des années dans le monde du voyage d’affaires, et vous aurez une assez bonne vue de l’offre SNCF en matière d’évolution de la relation voyageur. Elle veut devenir la porte d'entrée de tous les modes de déplacement. Mais rien de bien nouveau pour les pros qui assurent une partie non négligeable des revenus du train en France.

Sur le fond, la directrice générale de SNCF Voyageurs n’a pas tort de vouloir simplifier la relation client. Et de citer des chiffres «En 2015, la mobilité partagée représente 15% du marché global de la mobilité, SNCF souhaite la porter à hauteur de 30%». Elle veut devenir une sorte de guichet unique d'accès porte à porte, le billet de train constituant la porte d'entrée pour toute une gamme de services. Cette vision de la mobilité qui prend en compte les transports collectifs - auxquels s’ajoutent le covoiturage, l’auto-partage, le vélo-service - est loin d’être de mise dans le monde du voyage d’affaires où l’époque est à l’économie donc à la simplification. SNCF conforte donc l’idée que le service est fait pour le grand public, quitte à laisser sur le quai les voyageurs pros.

Certes SNCF réserve un taxi (quand cela marche), propose des salons (souvent éloignés des quais et surchargés) et offre une souplesse horaire importante. Mais à quel prix? Un Paris/Lyon A/R en heure de pointe coûte plus cher qu’un A/R Paris/New York Hors taxe en classe éco. La SNCF ignore la mobilité professionnelle sauf pour établir des tarifs jugés trop chers par grand nombre de PME/PMI. Et la solution, bon nombre de structures la trouvent: les tarifs loisirs, en imposant une contrainte aux voyageurs.

Le « door to door » évoqué est largement insuffisant pour séduire les entreprises qui sont largement habitués à gérer l’après-train. Pourtant côté technologie, SNCF a tout compris et développe le sans contact avec une carte IDpass qui devient une boite à outils. SNCF enrichit la formule de nouvelles fonctionnalités comme la disponibilité des parkings, la réservation de VTC ou... la disponibilité de vélos en libre service ! 15 grandes villes seront ainsi dotées de ces possibilités. Tout cela existera dès l’été 2015 et sera pilotable via l’application et le smartphone. SNCF investira 120 millions sur cette nouvelle vision de la mobilité. Combien pour les voyageurs pros ?