SNCF : Saint Pepy tout puissant, veillez sur nous!

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En annonçant qu'il ne demanderait pas le renouvellement de son contrat en 2020, Guillaume Pepy se sent désormais libéré de toute vision politiquement correcte. Il avait jusque la ménagé la chèvre et le choux, entendez les syndicats et le gouvernement, mais le nouvelle réorganisation attendue à la rentrée pourrait bousculer l'équilibre établi.

Elisabeth Borne, la Ministre des transports le lui aurait dit : "Simplifiez la gestion de l'entreprise pour la rendre plus efficace, plus réactive et mieux adaptée à la future concurrence". Message reçu, si l'on en croit les informations qui commencent à filtrer sur le lendemain de la SNCF.

Premier constat, la grève - politique - de la CGT et de SUD abeaucoup perturbé le quotidien de certains voyageurs d'affaires mais côté résultats, elle a été un flop. Les lendemains ne chantent plus chez les cheminots, principalement les conducteurs, qui restent déçus par les résultats obtenus. Le gouvernement sait que la réforme des retraites est une bombe à retardement. Les cheminots ne seront plus les seuls à descendre dans la rue si trop de régimes spéciaux sont attaqués. Pepy a été clair sur le sujet, il ne jouera pas les pompiers si la SNCF s'enflamme sur le sujet.

Non, lui son domaine, c'est la nouvelle réorganisation. Faut-il conserver une holding qui ne décide que des grandes lignes politiques et laisse à des divisions commerciales et techniques le soin d'être quotidiennement sur le terrain… Ou retenter l'expérience d'une direction unique, très (voire trop) présente sur tous les sujets. Rien n'est encore tranché. C'est le chantier de la rentrée. Pour Guillaume Pepy, regrouper les forces, c'est éliminer les doublons et limiter les coûts d'exploitation. Mais en interne, les collaborateurs estiment que la situation actuelle doit être conservée, au moins pour la décennie engagée, trop de chantiers étant en cours. Les réintégrer au sein de nouvelles équipes leur ferait prendre beaucoup de retard.

Le patron de la SNCF sait aussi que réduire le nombre de directions, c'est apprendre à mieux travailler ensemble. L'exploitation et la gestion des réseaux redeviendraient une seule entité pour mieux collaborer sur les voies. Rien de plus logique même si, en interne, on fait remarquer que le poids du politique prime aujourd'hui sur l'urgence. Les appels de Présidents de région pour faire accélérer tel ou tel chantier sont nombreux. Aujourd'hui, c'est au Président de monter au créneau. Aura-t-il les mains libres pour le faire ?

Jamais Guillaume Pépy n'aura été aussi libre de proposer, voire de décider. Fera-t-il le choix de nouvelles têtes et de nouveaux schémas d'organisation ? C'est probable. En plaçant ses pions, il fera ce qu'a fait Louis Gallois avec lui, préserver le futur. Guillaume Pépy livrera ses premières réponses à la rentrée. Il sait que même si les syndicats veillent, ils sont trop affaiblis pour s'opposer à tout.

Pour la première fois, le rail français peut enfin se réformer en profondeur. Le futur ex Président osera-t-il le faire ?