SNCF, des pertes record qui vont obliger l’Etat à réagir

108

On peut donner le nom que l’on veut à la dépréciation engagée par SNCF avant la publication des comptes, ce vendredi… Toujours est-il qu’au Ministère de l’Economie et des finances, on trouve la pilule amère. De quoi s’agit-il exactement ? De normes comptables IFRS, qui obligent les sociétés publiques ou privées à valoriser leurs actifs en fonction de la réalité de leurs flux financiers dans le temps. Elles induisent des pertes plus que colossales à la SNCF.

Pendant longtemps, que ce soit SNCF ou RFF, il était d’usage de gérer des investissements complexes ou des pertes en reportant leurs écritures au sein de projections ou de réserves sans expliquer en détail les sommes qui y étaient affectées. Au final, tout le monde y trouvait son compte. Mais avec les IFRS, la donne a changé et la réalité des actifs donnent le ton des capacités financières de l’entreprise financière. Il a donc fallu déprécier : près de 10 milliards pour SNCF Réseau, 2,5 milliards pour SNCF mobilités et 500 millions pour Gares et Connexions.

En clair, sans sa position d’entreprise publique, la SNCF serait en faillite avec une dette de près de 45 milliards d’euros et ne pourrait plus fonctionner. C’est le message que veut éviter de lire dans la presse Guillaume Pepy qui a bien compris sur le terrain les grognes multiples des usagers. Ces résultats tombent mal au moment ou quasiment toutes les semaines des incidents techniques viennent pimenter la vie des voyageurs.

A SNCF, on ne conteste pas ces chiffres mais on rappelle que le groupe va bien commercialement et que le résultat hors dépréciation atteint 377 millions d’euros… Un chiffre en trompe l’œil qu’il faut rapprocher de la dette globale et qui, en aucun cas, ne permet de regarder sereinement l’avenir.

Que pourra faire l’état, actionnaire de l’ensemble ? Garder le capitaine, c’est certain. Guillaume Pepy a su redonner une image positive du train malgré des tarifs complexes et très élevés pour les pros qui se retournent de plus en plus, dans les PME/PMI vers les prix loisir. Virer le capitaine ne servirait à rien ! L’action syndicale est relancée et la grève de ce 9 mars donne le signal d’un printemps qui pourrait être chaud. Et comme il y a peu de grain à moudre, on peut s’attendre à des difficultés sur le terrain.