SNCF, la dette revient sur le tapis

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Dans sa proposition de réformes de la SNCF, le gouvernement a repris pour l'essentiel le rapport Spinetta sauf sur un point, la dette. Les syndicats remettent le dossier sur la table, contraignant le premier ministre à se dire "ouvert" à une reprise d'une partie de cette dette, évaluée à 54 milliards d'euros.

Alors que jusqu'ici la grève des cheminots a été l'occasion de parler de modernisation et statut, un dossier restait sous le tapis: cette fameuse dette qui est la source de tous les ennuis. Le premier ministre Edouard Philippe s’est finalement dit, ce jeudi 5 avril au matin sur France Inter, "ouvert" à une reprise d’une partie de la lourde dette de la SNCF. Mais il pose un préalable : il lui faut des "contreparties" qui soient "extrêmement claires, et qui transforment le fonctionnement opérationnel de l’entreprise".

Cette position est elle susceptible de calmer la colère des grévistes ? Rien de moins sûr et d'ailleurs le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a rappelé sur RMC et BFMTV que cet effacement de la dette était au contraire considéré comme un préalable par son mouvement : "La dette doit être reprise par l’Etat, il n’y a pas d’autre voie pour qu’on puisse repartir sainement dans cette entreprise". Ajoutant : "Il n’y a pas d’autre issue (…) parce que ce n’est pas la dette des cheminots (ni) celle des usagers". Il souligne que "le politique a décidé à un moment donné de faire des lignes à grande vitesse" au détriment de "l’investissement nécessaire sur les lignes du quotidien".

La question est donc finalement au fond des discussions. "Je ne veux pas prendre un engagement alors même qu’à ce stade, rien n’a changé dans le fonctionnement de la SNCF. (…) Je ne veux pas dire aux Français qu’(ils) vont payer cette dette et la reprendre alors qu’ils n’ont aucun élément leur permettant de penser qu’à l’avenir, on ne va pas tomber dans 3 milliards (d’euros) de déficit supplémentaires chaque année", a expliqué le premier ministre. Une position que le leader de la CGT Philippe Martinez apprécie peu, considérent qu'Edouard Philippe "exerce un genre de chantage “acceptez ce qu’on vous propose et on parlera de la dette après”, c’est proprement scandaleux".

Pendant ce temps, les voyageurs d'affaires devront envisager deux nouveaux jours de grève SNCF ces dimanche 8 et lundi 9 avril...