Skytrax : poussez pas, y’en a pour tout le monde !

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A l’exception des compagnies très exotiques, la plupart des grands transporteurs aériens de ce monde saluent les récompenses obtenues dans le dernier classement Skytrax. En deux jours, pas moins d’une centaine de communiqués de presse reçus à la rédaction qui pour se féliciter de son système de divertissement, qui de son siège business, qui de son accueil à bord. Bref, comme dans l’école des fans du célèbre Jacques Martin, "Tout le monde a gagné".

Peut-on raisonnablement s’inspirer de ces résultats pour choisir ses compagnies aériennes ? Pas un acheteur interrogé ne le confirme. Et de fait, le classement des compagnies dépend d’abord des destinations desservies. Un Qatar Airways, Singapore ou Emirates sont de fait dans le peloton de tête pour un rapport qualité-prix souvent très bon. Au-delà, c’est toute la chaîne de service qui est valorisée. On a peu de chance de se tromper avec Air France, British ou Lufthansa pour le long courrier. Les parts de marché détenues par ces compagnies européennes suffisent à justifier de leur capacité à répondre aux attentes du client. "Notre premier retour est celui fait par les voyageurs eux mêmes", précisait l'an dernier un travel manager invité de l'IFTM Top Resa.

Skytrax se veut avant tout le reflet du vote des voyageurs. Les méthodes de calcul restent complexes et souvent obscures. Enfin, si les satisfecits sont de mises, dans la réalité les compagnies connaissent les limites du système et ne cachent pas leur scepticisme sur de nombreux aspects du vote.

Basé à Londres, l’organisateur de ce prix n’est pas exempt de critiques. Sur wikipedia, on peut lire "Skytrax offre également de services de conseil auprès des compagnies aériennes, et des conflits d'intérêt émergent quant à la partialité des évaluations que l'entreprise de notation appliquerait à ses propres clients. Il est également reproché à Skytrax d'attribuer trop de récompenses, de sorte qu'aucune compagnie aérienne ne se retrouve vraiment lésée par ses classements annuels" et de préciser qu’en 2014, Etihad Airways a choisi de ne plus faire partie du classement Skytrax. Des propos souvent repris par les professionnels qui mettent en cause l’intérêt de ce saupoudrage de bonnes nouvelles. "C’est avant tout un classement qui amuse la presse", souligne un cadre de IATA qui ajoute avec malice : "En cette période de forte concurrence, un peu de bonheur dans un monde de bruts ne fait pas de mal".