Téhéran, le voile de la colère

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Les hôtesses d’Air France - mais aussi les pilotes et co-pilotes féminines - réclament le droit de refuser de voler vers l’Iran pour ne pas avoir à porter le voile à Téhéran. La compagnie doit entamer ses vols directs au départ de Paris le 17 avril, elle devrait donner sa réponse en début de semaine.

Nous avons évoqué ici la demande émise par l’Unac d’un droit de refus de vol, un « nolontariat  »  selon son expression. L’intersyndicale appelle maintenant à la mise en place d’un système de volontariat, estimant que les mesures de la direction posent "une atteinte à la liberté de la femme".

Le Mémo PNC de la Direction Générale du Service en Vol publié le 18 mars 2016 impose pour la rotation de Téhéran notamment pour les PNC féminins le "port du pantalon requis avec veste longue et/ou imperméable", le "port du foulard Air France sur les cheveux, en dérogation à titre exceptionnel aux règles de port de l’uniforme (la chevelure doit être entièrement recouverte) ". Ainsi que la prescription selon laquelle durant le temps d’escale "en dehors de la chambre, les femmes doivent porter un foulard et un vêtement ample et long permettant de dissimuler les formes ". Pour mémoire dans des pays musulmans tout aussi rigoureux comme l'Arabie saoudite, les étrangères sont dispensées de porter un foulard.

Les élus de l’Intersyndicale PNC posent un certain nombre de questions. Le bruit court notamment que "certaines compagnies aériennes aient obtenu une dérogation des Autorités iraniennes pour que leurs hôtesses ne portent aucun signe distinctif" et demandent si cette information est exacte. Ils veulent en savoir plus sur "les sanctions pour les hôtesses refusant ce vol au nom de leur liberté individuelle". Légalement, un employeur peut demander le port d’un uniforme particulier pour des conditions particulières, et le fait est que les personnels féminins qui ne seraient pas couvertes encourent une sévère amende à Téhéran, comme toutes les femmes. Dans ce contexte, ils demandent : "Les dispositions précitées sont-elles compatibles avec la mise en place par AF de vols 100% féminins lors de la Journée de la femme ? Ou cela signifie-t-il que cette dernière mesure ne constitue qu’un gadget publicitaire ?? ".

Dans l’attente d’une réponse de la DRH d’Air France qui devrait arriver en début de semaine, l’intersyndicale "dénonce ces dispositions qui constituent indéniablement une atteinte à la liberté de conscience et aux libertés individuelles, ainsi qu’une atteinte à la vie privée". Elle demande "qu’une procédure de volontariat soit mise en œuvre sur la rotation Téhéran et que chaque PNC féminin puisse refuser la rotation sans déstabilisation de son planning ".