Téléprésence et vidéoconférence repartent à la hausse face aux voyages d’affaires

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Comme chaque année en mars, les premiers bilans de la téléprésence et de la vidéoconférence permettent d’analyser les attentes des entreprises en matière de produits de substitution au voyage d’affaires. 2014 restera une excellente année aux USA pour les réunions à distance avec, selon IDG, une hausse de 14 % du marché. Le taux de renouvellement des équipements installés, dépasse, lui, les 26%.

Faut-il voir le renouveau d’une tendance déjà très présente dans le monde des déplacements professionnels ou la pression économique qui pèse aujourd’hui sur les entreprises européennes ? Est-ce aussi l’expression du ras-le-bol de certains voyageurs d’affaires, lassés de parcourir le monde dans des conditions peu agréables… Toujours est-il que la reprise du marché de la téléprésence et de la vidéoconférence semble se confirmer aux États-Unis comme dans la plupart des pays européens après deux années en demi-teinte, 2012 et 2013, qui avaient revu à la baisse les prévisions d’équipements, trop optimistes. En 2014, le monde de la réunion virtuelle a retrouvé du poil de la bête et devrait pour 2015/2016 atteindre 20 % de croissance annuellement.

Principal responsable de ce regain d’intérêt : le prix des équipements. La montée en puissance de la technologie, associée à des outils de plus en plus efficaces, rend les réunions à distance attractives, et faciles à organiser. « Aujourd’hui, avec des solutions basiques comme Skype et depuis peu Hello de Google, il est possible d’organiser une réunion pour trois ou quatre personnes dans des conditions techniques de grande qualité », souligne Roopam Jain de Frost & Sullivan. 

Pour cette spécialiste du domaine, les indicateurs sont désormais au vert. Le prix du matériel continue de baisser considérablement d’année en année et les logiciels de vidéoconférence sont désormais très largement déployés dans la chaîne informatique de l’entreprise mais également dans le cloud. « L’expérience utilisateur s’améliore régulièrement et organiser une vidéoconférence se fait simplement, c’est très intuitif. L’utilisateur final peut lui-même installer et utiliser la plupart des applications de visioconférence basée sur le Cloud », explique Roompam Jaim « Enfin avec la montée en puissance de la mobilité, il n’est plus nécessaire d’être derrière un bureau pour participer à une vidéoconférence, récupérer les éléments qui sont projetés ou les commenter en mode texte avant ou après la rencontre virtuelle. Une tablette ou un smartphone sont des points d’entrée efficaces d’un conférence vidéo » conclut la spécialiste qui insiste cependant sur le besoin de construire une politique de gestion de la vidéoconférence et de la téléprésence comparable à celle mise en place pour les voyages d’affaires.

Cette simplification technologique est même devenue l’atout majeur des équipementiers. Plus la peine de tâtonner à la recherche du bouton ou du câble. Les softs sont très graphiques, installés parfois sur le PC ou le portable et pilotable sur des écrans tactiles lisibles et clairs. « Dans un univers où les salariés travaillent de plus en plus en petites équipes, l’ordinateur portable est une salle de réunion à lui seul », constate Roopam Jain qui insiste sur la mutation profonde que va vivre le domaine.

Construire une réponse virtuelle pour ne pas perdre la réalité du terrain

Tous les experts confirment que l’utilisation des moyens vidéo pour mettre en relation de 2 à 15 personnes est souvent mieux adaptée qu’un déplacement professionnel. Beaucoup évoquent cependant le risque majeur du tout digital : la perte de contact avec le terrain qui rendrait complexe la gestion commerciale ou technologique d’une entreprise. « Dans un voyage d’affaires, seules deux ou trois heures sont effectivement consacrées au cœur du problème, le reste, c’est du déplacement, de la convivialité ou du networking », précise Heins Kurt, formateur allemand spécialisé dans la téléprésence. « Il faut impérativement différencier les étapes de la réunion virtuelle en leur donnant une classification et une importance hiérarchique au sein de l’entreprise », précise John B. Restas, consultant californien dans les technologies de l’image « il faut donc privilégier l’utilisation de la vidéoconférence dans un cadre très précis, à savoir l’organisation de projet, les évolutions technologiques d’un matériel ou d’un process. En un mot toutes les étapes intermédiaires qui nécessitent à la fois la réassurance du client, la perception des attentes économiques par l’entreprise et la simplification de la gestion technique de ses besoins ».

Très souvent, et là encore les experts le constatent sur le terrain, l’entreprise s’équipe pour s’équiper. Sans une réflexion poussée ou la mise en place d’une charte d’utilisation validée par l’ensemble de celles et ceux qui remplaceront leur voyage par la réunion virtuelle. « Il faut construire l’outil vidéo, quelqu’il soit, comme on le fait de la politique voyages, en évitant les excès d’enthousiasme.
Une solution de vidéoconférence n’est qu’un outil, pas la réponse à toutes les problématiques du voyage d’affaires
», conclut Heins Kurt qui ajoute en souriant « il faut lutter contre les directions financières qui voient dans les caméras video des économies à coup sûr. Une erreur de jugement ». Comme dans tout progrès technique, il faut faire la part des choses.

A New York,
Philippe Lantris.