Transport aérien: un logiciel pour séparer les hommes des femmes

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Il ne se passe plus une semaine sans que la presse américaine évoque un problème "religieux" à bord d’un avion. Des hommes, le plus souvent musulmans ou israélites, refusent par conviction d’être assis à côté d’une femme. Mais il y a aussi des athées qui ne veulent pas d’une soutane comme voisin. Bref des signes d’intolérance qui se multiplient. Mais la technologie remédie à tout !

Le dernier incident en date, à bord d’un avion d’United, a fait la une de la presse au point de faire réagir l’équipe de campagne de Trump et du candidat lui-même. "On ne peut être victime d’idées religieuses qui ne sont pas celles répandues aux Etats Unis", aurait déclaré le plus célèbre blondinet du moment. L’affaire est pourtant banale. Marie Campos était sur le départ vers la Californie quand elle a été informée qu’elle devait abandonner le siège qu’elle avait pourtant réservé 24 heures avant le décollage. En cause, deux passagers qu’elle présente comme « des moines pakistanais » qui ont refusé qu’elle vienne s’assoir à côté d’eux. Même l’équipage a dû se plier à leurs demandes en envoyant un homme assurer leur service du repas.

Des histoires comme celle-là, il y en a des dizaines et pas forcément toujours dans le même sens. On a vu une mère de famille refuser d’être assise à côté "d’un arabe" par peur pour ses enfants. Il y a deux mois, c’est un fonctionnaire de la Maison Blanche qui ne voulait pas être placé à côté d’un prêtre.

Pour les démocrates américains, "la restriction des libertés individuelles pour répondre à des croyances religieuses est inacceptable". Mais aux USA, l’opportunisme commercial n’est jamais très loin d’un fait de société. Un internaute développeur, qui se prétend ingénieur pour une filiale de Google, annonce qu’il a conçu un logiciel capable d’optimiser les places dans un avion en fonction des connaissances personnelles que l’on a du passager.

Le soft annoncé (mais non présenté) est très politiquement incorrect. Il utilise le big data pour en sortir des conclusions parfois hâtives. Exemple, si vous vous appelez Mohamed Dubois, vous êtes de fait musulman et donc "intégriste". Idem pour Jean Cohen qui sera qualifié d’israélite, pratiquant ou non, ce n'est pas la question. Des approches de ce type, il y en a des dizaines. La mission du logiciel est d’éviter que ces voyageurs considérés comme radicaux sur leur simple nom se rencontrent. Et au-delà, le logiciel vérifiera qu’une passagère présentée comme « charmante ou mignonne » n’aille semer la zizanie chez un hassidique forcené. Selon son concepteur, pas moins de 6000 combinaisons sont ainsi proposées automatiquement aux compagnies aériennes. L’automatisation de la procédure d’enregistrement associée aux datas du transporteur permettraient, toujours selon le concepteur, de gérer par anticipation plus de 90 % des problèmes à bord.

Pas sûr que les compagnies adoptent effectivement un tel procédé qui serait vite condamné par des associations de tout type. Mais le fait même que l'idée se développe est inquiétante. Et dire qu’un peu de bon sens suffirait à gérer les difficultés en quelques minutes. O tempora o mores…
Quelle époque ! Quelles mœurs !

A New York,
Philippe Lantris