USA : les acheteurs voyages sont inquiets pour l’avenir

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Contrairement aux prévisions optimistes de certaines TMC ou d’instituts de sondage spécialisés, l’avenir du voyage d’affaires inquiète une grande majorité d’acheteurs aux États-Unis. Les annonces tonitruantes du futur gouvernement Trump inquiètent les entreprises, persuadées que le protectionnisme annoncé est un risque majeur pour l’économie.

Dans une étude menée par Gallup pour divers magazines économiques américains, les acheteurs expriment leur inquiétude face aux incertitudes économiques que laissent planer le gouvernement Trump. Pour plus de 60% d’entre eux, la ligne directrice du nouveau président "semble peu compatible avec les échanges internationaux". 54% pensent qu’il faudra très vite éclaircir la position américaine sur le protectionnisme annoncé et les mesures restrictives d’entrée sur le territoire. 38% restent persuadés que le choix de Trump va marquer le déclin économique de leur pays.

En visant la Chine comme nouvel ennemi économique de l’Amérique, Donald Trump pourrait subir des représailles commerciales qui seraient dangereuses selon bon nombre d’acheteurs. Et cette bataille sino américaine a un coût pour 68% des acheteurs : une baisse de 2 à 4% des investissements en 2017.
Si le voyage d’affaires n’est pas leur première préoccupation, il n’empêche que les compagnies aériennes américaines s’inquiètent des conséquences indirectes d’un repli sur soi de l’économie US. Une position difficile à tenir, elles qui demandent la fermeture de l’espace aérien aux compagnies du Golfe. Idée que réfute Boeing qui craint des représailles et des ventes au seul bénéfice de son concurrent Airbus.

Même le très conservateur quotidien Dallas Morning News s’interroge sur la "possible politique dévastatrice du nouveau gouvernement" et met en garde contre un arrêt brutal de l’ALENA, le traité de libre échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, qui constitue une véritable bouffée d’air entre le Mexique et le Texas. Et le journal d’écrire: "Le Texas est le plus grand bénéficiaire de l'ALENA, qui génère plus de 500 milliards dollars dans l'économie des États-Unis chaque année, et près de la moitié qui transite par le Texas. Plus de 3 millions de camions traversent le Texas du chaque année, et environ 2 millions vers le sud. En 2020, 70.000 camions traverseront les 70 miles entre Austin et San Antonio. Impossible d’imaginer qu’ils pourraient disparaître". Et de chiffrer les pertes indirectes: "En matière de liaisons commerciales entre le Texas et le Mexique, ce sont plus de 35 millions de déplacements professionnels qui sont réalisés chaque année et qui seraient perdus".

Si le marché intérieur semble une priorité pour la nouvelle administration, les quelques 40% d’entreprises américaines qui exportent ne sauraient trouver leur équilibre financier dans les seules frontières du pays. Ils sont près de 48% d'acheter à croire que les décisions qui pourraient être prises dès le mois de janvier prochain pénaliseraient leur activité d’au moins 20%.

Plusieurs associations autour des voyageurs d’affaires comme la CBTA en Californie font remarquer que "Les engagements américains pris à l’étranger pour 2017 ne sauraient être bousculés par les décisions de Trump". En clair, ce n’est pas forcément 2017 qui seraient pénalisée mais les années suivantes. En tous cas pour 44% des acheteurs américains, la réduction des couts est devenue une obligation pour 2017. Si la gestion du personnel semble la première victime de ces coupes, les équipements et les déplacements sont au second rang. Pour Richard Parker, spécialiste économique au Texas, "Cela voudrait dire une baisse de 5 à 10% des voyages internationaux".

A New-York,
Philippe Lantris