Voyages d’affaires, tattoos non compris

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Sans doute l’avez-vous remarqué sur les plages françaises, comme ici aux USA, le tatouage est à la mode. Selon des chiffres officiels, 1 français sur 4 de moins de 30 ans aurait sur la peau un dessin, un sigle cabalistique, des dessins maoris ou tout autre graphisme né de son imagination. Oui mais… Pour les Américains, on ne saurait confier un travail sérieux à des tatoués !

Un dessin sur la peau, pourquoi pas ? Mais invisible, insoupçonnable et surtout, qui ne fait pas l’objet d’une publicité à outrance de la part du porteur. Bref, un motif discret et invisible, c'est sans doute tout ce que peut se permettre un homme d'affaires s'il veut travailler aux Etats-Unis.

Ce n’est pas la première fois que les Américains, loin d’être aussi débridés que nous le pensons, se font les gardiens de la morale. Ce n’est pas la première fois non plus que les entreprises expriment assez clairement leur souhait en matière de tattoos. Ces rumeurs sur des règles tacites imposées par les grandes sociétés US ne sont pas neuves. Kodak, au moment de la vague baba cool, ne voulait aucun « cheveux longs » dans ses structures commerciales. Pas de barbus chez IBM, pas de célibataires aux commandes dans les entreprises mormones… La liste est longue, mais on ne prête qu’aux riches. Coca ou Wal-Mart le savent mieux que les autres après avoir été victimes d’une cabale qui voulait qu’aucun homosexuel ne puisse travailler dans les structures internationales. Autant de balivernes qui continuent aujourd’hui encore de circuler dans les grandes universités.

Mais le tatouage pour un américain bon teint, c’est pire: une atteinte au corps. Un crime quasi religieux. Et là, on ne plaisante pas avec ce sujet. Au point que l’on voit apparaitre des offres d’emploi qui précisent que le ou la candidat(e) "devra présenter impeccablement sans aucun signe particulier visible de l’extérieur". Un doux euphémisme pour éviter d’être attaqué par les défenseurs de la liberté qui veillent au grain.

Si la Californie a fait savoir qu’elle ne tolérerait aucune exclusion professionnelle de ce type, force est de remarquer que la carte de la tolérance colle parfaitement aux attentes des Démocrates et que celle de la rigueur est plus proche des Républicains. Ici, tout est politique ou presque.

Perpétuel débat aux Etats-Unis où un homme un vrai se doit d’être tacitement un cow boy, où la femme ne peut finir que bonne épouse fidèle et attentive aux attentes de sa famille ! Même les Indiens qui ont survécu aux massacres se plient à ces règles tacites, c’est dire.

Sors de ce corps, John Wayne, l’Amérique a changé… Et se dit plus tolérante.
Qui peut en douter ?

A New-York,
Philippe Lantris