Taïwan : la desserte aérienne affectée par le Covid-19… et la géopolitique !

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Les Philippines viennent d’interdire à leur tour la desserte aérienne de Taïwan, après l’Italie et le Vietnam… Avant que ce dernier n’y renonce à la demande de Taipei.

La plupart des grands groupes aériens mondiaux ont supprimé leurs dessertes de la Chine. Hong-Kong est dans une moindre mesure concernée, avec American Airlines, United Airlines ou encore Air India ayant stoppé leurs vols vers le territoire semi-autonome. Plus surprenant, certaines compagnies ont décidé d’arrêter aussi leurs liaisons sur Taïwan. Or, aucun mort du Covid-19 n’a été constaté dans l’île, et seuls 18 cas y ont été relevé.

L’Italie et le Vietnam, pour lutter contre la propagation de l’épidémie, ont en effet pris l’initiative d’interdire les liaisons aériennes entre leurs pays et la Chine continentale, Hong Kong, Macao… et Taïwan. Les deux pays ont évoqué l’un et l’autre le fait que l’île, selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) et l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale), « fait partie de la Chine ». Ce qui a fait bondir les autorités de Taipei. Le gouvernement taïwanais a finalement obtenu de Hanoï qu’il revienne sur sa décision de bannir les vols sur Taiwan pendant 90 jours. Et il fait toujours pression sur Rome pour que l’Italie mette fin à cette mesure.

Hier mardi, les Philippines ont pourtant ajouté à leur tour Taïwan à une liste de pays «interdits de vols» comprenant déjà la Chine continentale, Hong Kong et Macao. Philippines Airlines (PAL), Cebu Pacific et Philippines AirAsia ont suspendu dans la foulée leurs dessertes de Taipei-Taoyuan et Kaohsiung. Eva Air et China Airlines, les deux principales compagnies aériennes taïwanaises, n’ont guère eu le choix que de suivre ces recommandations. Mais cette décision des Philippines est très critiquée par le Ministère Taïwanais des affaires étrangères, ayant déclaré que «confondre la Chine et Taïwan est une source de problèmes pour notre pays et la communauté internationale».

Taïwan ne cesse de clamer son indépendance vis-à-vis de la Chine. Cette dernière considère en revanche «l’île rebelle» comme une province, amenée à terme à ré-intégrer la mère-patrie. La situation est d’autant plus tendue aujourd’hui qu’une large majorité a reconduit la présidente sortante indépendantiste à la tête de l’île, lors des dernières élections en janvier, malgré les menaces du régime de Pékin.

Outre la dimension politique, les aspect économique et sanitaire sont bien sûr loin d’être négligeables. Le gouvernement de Taïwan a exigé récemment la mise en quarantaine durant 14 jours de tous les passagers en provenance de Chine continentale mais aussi de Hong Kong et Macao. Ce qui explique en partie la forte baisse de la demande entre Taïwan et Hong-Kong. China Airlines et Eva Air ont ainsi réduit leurs fréquences entre l’île et le territoire. Et Cathay Pacific a fortement diminué son offre sur sa ligne Hong Kong-Taipei, et suspendu ses vols vers les villes taïwanaises de Kaohsiung et Taichung.