Air France : dialogue de sourds devant les députés

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L'Assemblée nationale a reçu mercredi 4 novembre en audience la direction d'Air France et les syndicats des salariés afin d'essayer d'éclairer sa compréhension du dossier. Se succédant devant les députés, les parties ont campé sur leurs positions: le PDG d'Air France Frédéric Gagey a rejeté l'idée d'un médiateur, tandis que l'intersyndicale a dénoncé l'"inertie" de l'Etat. La CGT a menacé la direction d'un "conflit sans précédent" si les meneurs du 5 octobre sont sanctionnés.

Lors de son audition à l'Assemblée nationale, le PDG d'Air France Frédéric Gagey a estimé que l'intervention d'un médiateur n'était pas nécessaire, rappelant que les négociations avaient repris avec les syndicats après les incidents de la manifestation d'octobre dernier. "Je ne pense absolument pas que le dialogue social chez Air France soit en butée et (...) qu'un intervenant extérieur viendrait nous aider à résoudre des problèmes qui doivent être résolus dans la cohésion et en interne", a-t-il expliqué. Selon lui, "garder la cohesion de l'entreprise est indispensable, cette priorité majeure ne me quittera pas".

Pourtant, le moins que l'on puisse dire c'est que les positions ne semblent pas se rapprocher. Lui succédant devant les députés, les syndicats ont en effet évoqué "un employeur qui ne respecte pas les instances représentatives", (Philippe Evain, SNPL) ou encore des efforts inutiles: "Les salariés ont l'impression de ne pas avoir un retour sur les efforts" réalisés depuis le lancement de la restructuration de la compagnie (Arnaud Dole, délégué de l'UNSA PNC, hôtesses et stewards).

Concernant la direction d'Air France, Philippe Evain (SNPL) a estimé que Frédéric Gagey mène "une politique essentiellement basée sur des considérations financières" alors qu'il faudrait "un profil d'entrepreneur". Manifestement le courant ne passe pas plus qu'il ne passait depuis un an : "Prendre un risque, c'est simplement contraire à leur ADN", a expliqué le syndicat de pilotes qui estime qu'il est, pour la direction, "beaucoup plus facile de réduire la voilure (...) que de prendre des risques" en se développant.

L'intersyndicale d'Air France a profité du rendez-vous pour interpeller l'Etat, auquel il reproche son inertie face aux difficultés de la compagnie française. "On a besoin d'un État stratège", a souligné Miguel Fortea (numéro un de la CGT Air France) qui a réclamé une réunion tripartite entre les pouvoirs publics, la direction et les syndicats. L'intersyndicale estime que la direction d'Air France a mis en place "une stratégie du rouleau compresseur (...) malgré les tentatives de débats" qu'elle réclame.

La CGT a fait également entendre sa voix à propos des sanctions qui menacent 18 salariés après les violences du 5 octobre, menaçant de mener "un conflit sans précédent". Selon Miguel Fortea, "Nous n'accepterons aucun licenciement" et "Si la direction veut en faire des exemples, ce sera Spartacus", en allusion au gladiateur menant la révolte des esclaves. "On sera tous sur la place et on aura un conflit sans précédent", a prévenu le numéro 1 de la CGT Air France. 

Les organisations syndicales ont également profité de la rencontre pour demander une nouvelle fois la baisse des redevances aéroportuaires et l'arrêt de l'octroi de droits de trafic aux concurrents de l'entreprise comme les transporteurs du Golfe.


Dailymotion permet d'entendre une partie de l'intervention syndicale devant l'Assemblée, ci dessous.

"Le dialogue social à Air France, c'est comme... par LCP