Chez Air France, les pilotes manœuvrent pour limiter les turbulences

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Le SNPL a accepté de négocier l’arrivée de Transavia sur le domestique. Alors qu’Air France va engager un plan de réduction de ses effectifs, les pilotes entendent conserver le dialogue fructueux engagé avec la direction depuis l’arrivé de Ben Smith. Avec quelques contreparties à la clé ?

Les pertes d’Air France-KLM se sont élevées à 1,8 milliards d’euros au premier trimestre de cette année. Ses résultats au second trimestre seront pires. Et la compagnie française ne compte pas sur une reprise rapide de l’activité cet été. Pour tenir le coup, le transporteur va recevoir une aide de 7 milliards d’euros de l’État français. Pour l’heure, elle a décidé de mettre au chômage partiel 80% des 45.000 salariés, depuis le 23 mars et pour une durée maximale de six mois. Mais des mesures à plus long terme sont déjà sur la table, au regard des baisses de 20% des capacités envisagées pour 2021. Les effectifs seront réduits, AF entendant privilégier les départs volontaires et les retraites anticipées, en profitant d’une pyramide des âges favorable.

Les plus impactés par ces départs, probablement annoncées dès cet été, devraient être les fonctions support et les personnels au sol. Les pilotes, en revanche, devraient passer entre les mailles du filet. D’où les signes d’ouverture adressés à leur direction. Selon La Tribune, les branches Air France et Transavia du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) des deux compagnies seraient d’accord pour négocier le développement de la low-cost sur le marché domestique, aux côtés (en remplacement?) de la filiale régionale HOP et d’Air France. Approche négociée pour gérer au mieux les nécessaires réductions d’effectifs ? D’après le quotidien économique, les «300 départs naturels prévus en février» sur trois ans devraient suffire à gérer le sureffectif. Aujourd’hui en effet, plus de 300 pilotes de la compagnie auraient plus de 60 ans, un âge leur permettant de partir à la retraite…

Les pilotes auraient profité en outre de conditions semble-t-il avantageuses pendant cette crise, selon Le Canard Enchaîné. Ils auraient obtenu une allocation de l’État équivalent à 70% de leur salaire brut, avec «un geste en plus : le non prélèvement des cotisations sociales et patronales ». Pas de scoop estime le SNPL France ALPA, qui ne constate là que la simple application de la loi sur l’activité partielle.

Le volatile estime également que le syndicat de pilotes a obtenu que les heures supplémentaires des douze mois écoulés soient intégrés aux 70% du brut garanti. Là en revanche, le SNPL se porte en faux, indiquant que « les majorations pour heures supplémentaires sont justement exclues de ce dispositif permettant à toutes les professions à rémunération variable le calcul d’un salaire moyen servant de base à l’allocation partielle».

Le SNPL rappelle enfin que les pilotes voient leur salaire réduit au minimum garanti pendant cette crise, «soit une perte sèche de 25% à 40% sur leur feuille de paye par rapport à 2019». On peut toutefois conclure malicieusement, comme le fait le palmipède, que les pilotes d’Air France, en 2017, «émargeaient en moyenne à 200 000 euros brut par an». 

Comme souvent chez Air France, la question des rémunérations est un sujet hautement sensible entre corps de métier. Il le sera plus encore cet été, à l’heure où des milliers d’emplois seront en jeu.