Covid-19 : «5 à 8 % des voyages d’affaires en avion ne reprendront peut-être pas»

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Linus Bauer, consultant en industrie aéronautique et conférencier sur le transport aérien à la City University of London, revient sur certaines conséquences de la crise actuelle, son impact sur le voyage d’affaires, les nouvelles contraintes sanitaires, les conséquences des couvertures carburant pour les compagnies, l’évolution probable du prix des billets…

L’industrie du voyage et du transport aérien commercial multiplie les mesures – dont le port du masque dans l’avion et la prise de température à l’embarquement – visant à rassurer passagers. Pour Linus Bauer, consultant en industrie aéronautique, la santé et la sécurité vont devenir un facteur omniprésent, car la peur et la confiance seront les deux émotions au premier plan dans l’esprit des gens lorsqu’ils planifieront un voyage. «Les passagers exigent d’être informés à travers des messages clairs de ce que font les compagnies aériennes pour rendre les voyages sécurisés – des mesures préventives à bord et des processus de nettoyage spéciaux, jusqu’aux changements d’horaires de vol minute par minute, etc. De telles activités atténueraient certainement les craintes des passagers soucieux de leur santé».

Quid du voyage d’affaires, si important pour l’équilibre financier des compagnies aériennes ? «En raison des avantages technologiques comme la vidéoconférence et de la récession économique (faillites d’entreprises à venir), les voyages d’affaires seront limités pour répondre aux besoins essentiels et une partie des voyages d’affaires – 5 à 8% en moyenne – pourrait ne jamais reprendre» estime Linus Bauer.

«On peut s’attendre à des tarifs aériens moins élevés pendant une période limitée au tout début, et des méthodes seront mises au point pour stimuler le trafic et la demande pendant la phase de reprise», poursuit-il. A moyen terme en revanche, les réductions de capacité, la diminution de la demande et des coûts de carburant plus élevés que prévu, contribueront à une augmentation des tarifs aériens prévient toutefois le consultant.

Linus Bauer tient en effet à rappeler que la majorité des compagnies aériennes ne profitent pas de la faiblesse actuelle des prix du pétrole et de la demande de voyages qui en découle, en raison des accords de couverture du carburant mis en place à la fin de 2019.

Le consultant aéronautique note enfin que la crise génère une attention plus importante encore pour les questions de durabilité et d’environnement, et qu’elle transforme la pénurie mondiale de pilotes en un surplus de ceux-ci. Un phénomène qui devrait durer le temps que l’industrie retrouve son activité d’avant la crise, probablement pas avant trois ans.