En France, l’immunité collective peut-être atteinte à la fin de l’année (ou dans 3 ans si on n’accélère pas)

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Lors d’un webinaire d’International SOS, le Dr Philippe Guibert a fait le point sur la vaccination anti-Covid qui présage, considère-t-il, une « nouvelle ère ».

Lors du webinaire organisé par l’entreprise de gestion de risques Marsh & McLennan et International SOS, le Dr Philippe Guibert, directeur médical régional dans cette dernière organisation, avant d’aborder le rôle de l’entreprise dans la vaccination (sujet sur lequel nous reviendrons dans prochain article), a d’abord voulu souligner le fait que la vaccination constituait un vrai espoir, parlant même d’ « ère nouvelle ».

Le contexte pandémique mondial est pourtant grave  :plus de 100 millions de cas et plus de 2 millions de morts… Et une nouveauté : les variants du virus. Sur ce dernier point, il a précisé que le Covid mute, comme tous les virus, mais plutôt peu, deux fois moins que la grippe saisonnière et quatre fois moins que le VIH, par exemple. Cependant, ces variants sont à prendre très au sérieux, compte tenu de leur très grande transmissibilité (de 50 à 70 % supérieure à la souche d’origine).

Espoir

L’espoir vient, d’après lui, d’un « énorme effort, inédit dans l’histoire de la biologie, qui a permis d’aboutir à un vaccin au bout de 11 mois (…) dont les niveaux d’efficacité sont supérieurs à 90 %, voire à 95%« . 

Ces vaccins, émanant de différents laboratoires pharmaceutiques, sont au nombre de sept à avoir été autorisés dans certaines parties du monde. Et ils seront plus nombreux à l’avenir. Que sait-on d’eux ? D’une façon scientifiquement certaine, pas grand chose. En revanche, des faisceaux d’indices permettent de dire que :

  • Leur efficacité, y compris sur les nouveaux variants connus à ce jour (et c’est une excellente nouvelle), est affirmée – ce qui ne signifie pas « confirmé ».
  • Leur caractère protecteur contre la contagiosité des personnes vaccinées est espérée.
  • Leur efficacité dès la première dose est soupçonnée.
  • Les effets  visibles des campagnes les administrant sont prédits dès cet automne.

International SOS a, par ailleurs, analysé le rythme de vaccination selon les pays et, par extrapolation, déterminé le moment où 70 % de la population de chacun de ces pays serait vaccinée, seuil à partir duquel les spécialistes estiment que l’immunité collective est atteinte. Il en ressort ce « Top 12 » : 

  • Israël (dans 6 semaines)
  • Seychelles (12)
  • Emirats Arabes Unis (18)
  • Rouyaume-Uni (34)
  • Serbie (34)
  • Islande (51)
  • Bahreïn (52)
  • Etats-Unis (56)
  • Malte (73)
  • Roumanie (102)
  • Suisse (114)

La France n’atteindrait, au rythme actuel, les 70 % de sa population vaccinée, que dans 153 semaines (3 ans !). Mais, affirme le Dr Guibert, ces rythmes vont augmenter à mesure que les laboratoires livreront davantage de doses et que l’organisation sera mieux rôdée, notamment. Ainsi, il estime que ce niveau atteint en France à l’automne 2021, au plus tôt, à la fin de l’année, au plus tard. 

Qui a le plus de doses ?

Autre critère examiné : le nombre de doses de vaccin acquises (ou en passe de l’être) par pays. On distingue 3 grands groupes :

  • Un nombre de doses correspondant à 50 % de la population ou moins : une partie de l’Amérique latine, l’Asie centrale, la Chine, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique,
  • Entre 50 et 100 % : Brésil, Argentine, Chili, Egypte, Suisse, Russie, Inde et Corée du Sud, notamment,
  • Entre 100 et 200 % : Mexique, Etats-Unis et la plus grande partie de l’Europe
  • Entre 200 et 400 % : Canada, Royaume-Uni, Australie et Nouvelle-Zélande.

Au final, entre ces deux critères – rythme de vaccination (et évaluation de sa montée en puissance) et doses d’ores et déjà achetées par les pays, la fin des campagnes s’échelonne, selon les prévisions d’International SOS, de fin 2021 à fin 2023. La répartition dans le temps de chacun de la fin de ces campagnes par pays ressemble à s’y méprendre au classement du PIB/habitant. Sans surprise, plus on est pauvre, plus c’est tardif.

Pour les privilégiés dont fait évidemment partie la France, l’espoir dont parle le Dr Guibert est d’autant plus tangible, qu’Israël, en ayant vacciné près d’un tiers de sa population de 9 millions de personnes, constitue une « real world evidence ». En voici les premières données :

  • Baisse de 60% des hospitalisations pour les plus de 60 ans 3 semaines après la première dose,
  • 20 personnes testées positives sur 128K ayant reçu leur deuxième dose
  • Le vaccin (Pfizer-BioNtech) réduit les infections d’environ 50% 14 jours après la première dose.

L’espoir, donc. Nous aborderons le rôle de l’entreprise dans le processus de vaccination dans un prochain article.