International SOS décrypte le chemin de la reprise du voyage d’affaires

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Alors que s’assouplissent les conditions d’entrée dans de nombreux pays, International SOS (*) a réalisé une étude sur la reprise des voyages d’affaires. Le leader mondial de la gestion des risques en santé et en sécurité décrypte les enjeux du redémarrage progressif des déplacements professionnels des entreprises, entre nouvelle responsabilité de l’employeur, adaptation de la politique voyages et de l’offre des fournisseurs…

A l’heure où les restrictions de déplacement sont progressivement levées, sous conditions, dans quelle situation se trouve le voyage d’affaires après un an de coup d’arrêt ? Quels sont les enjeux pour les entreprises dans la reprise du chemin des voyages professionnels ? Voici l’étude dans sa totalité :

1. Les signes d’une reprise tirée par les voyages nationaux
A mesure que la connaissance sur la Covid-19 progresse, notamment sur ses modes de transmission, les dynamiques épidémiques dans le monde, etc., les entreprises ont développé des moyens importants pour une gestion aguerrie des risques liés à la Covid-19. De ce fait, la pression est croissante, de la part des cadres supérieurs pour reprendre le chemin des déplacements internationaux dans l’accomplissement de leurs missions. Il en est de même pour les professions commerciales ou encore les équipes techniques et de maintenance.

Cela fait désormais près de neuf mois que les entreprises françaises ont amorcé une reprise des voyages sur le périmètre national. Parmi les entreprises françaises accompagnées par International SOS, 86% d’entre elles ont repris les voyages au sein de l’Hexagone. Plus agiles, avec des politiques de voyages parfois plus souples, mais aussi des besoins importants de renouer avec les équipes, leurs fournisseurs mais aussi leurs implantations régionales, les petites et moyennes entreprises ont ouvert la voie de cette reprise dès le 3e trimestre de l’année 2020. Le niveau demeure toutefois inférieur de moitié à la période pré-covid, en raison notamment de la persistance des règles de télétravail et de politiques de voyages limitées encore au strict nécessaire pour les grands groupes.

Si l’on devait comparer la dynamique des voyages d’affaires sur le plan national parmi les entreprises internationales accompagnées par International SOS, la France arrive en tête, suivie ensuite de la Chine dont le volume de voyages nationaux a été multiplié par 4 par rapport à la période pré-Covid-19, suivie ensuite par les Etats-Unis, l’Espagne, et la Russie.

Au niveau international, la situation demeure encore difficile. Avec un nombre total de voyages inférieur de 82% par rapport à la période pré-Covid, les restrictions de déplacements et les formalités sanitaires particulièrement contraignantes limitent la visibilité des entreprises et pèsent lourd sur les choix de déplacements.
Top 10 des destinations pour les entreprises françaises :
1. France
2. Italie
3. Espagne
4. Allemagne
5. Emirats Arabes Unis
6. Pays-Bas
7. Royaume-Uni
8. Turquie
9. Etats-Unis
10. Belgique

 

Pour autant, un indicateur intéressant nous invite à l’optimisme : le nombre de voyages d’affaires moyen par personne retrouve progressivement son niveau d’avant-crise. Avec 2,2 voyages d’affaires en moyenne par trimestre en janvier 2020 (avant Covid), cette moyenne a chuté à 1,6 voyages en moyenne au 2e trimestre 2020 suite à la fermeture des frontières. Depuis cet été, il s’établit à nouveau autour de 2 voyages en moyenne sur le dernier trimestre. Le secteur du luxe est par ailleurs un secteur moteur dans la reprise des voyages internationaux, porté par l’organisation d’événements en présentiel, à mesure que les contraintes de jauge s’assouplissent.

Parmi les secteurs qui ont repris le chemin des voyages internationaux :
1. Automobile, aéronautique, défense
2. Ingénierie, BTP
3. Retail, consommation
4. High Tech, électronique
5. Energie
2. Toujours 8 fois plus de préparation pour un voyage international
La charge de travail associée à la préparation du voyage s’est considérablement accrue (vérification systématique des restrictions avec des évolutions rapides parfois difficiles à suivre, de nombreux formulaires régionaux et locaux à remplir). Chaque demande associée à un voyage international nécessite 8 fois plus de travail en amont afin de répondre et anticiper les procédures migratoires et sanitaires permettant de se rendre dans un pays spécifique.

La généralisation de systèmes de passes sanitaires et leur reconnaissance mutuelle au niveau international progresse, mais ne constitue pas à ce stade une condition suffisante pour faciliter la réouverture des frontières. La reconnaissance de certains vaccins au niveau international demeure encore disparate, et soulève des questions sibyllines. De même, l’harmonisation des schémas vaccinaux demeure encore un casse-tête pour ceux qui ne bénéficient en France que d’une seule injection car ils ont déjà contracté la Covid précédemment, alors que les autres pays ne garantissent l’accès au territoire qu’à deux injections d’un vaccin approuvé par les autorités sanitaires (c’est le cas aux Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, etc.). La stratégie de zéro Covid des pays d’Asie-Pacifique semble par ailleurs connaître une inflexion qui laisse entrevoir la vaccination comme un moyen nécessaire (et bientôt suffisant ?) pour voyager vers ces pays (par exemple Singapour).

Le desserrement progressif des contraintes de voyages sur le plan des frontières mais aussi des formalités sanitaires laisse entrevoir une dynamique de reprise forte. Si l’on regarde de plus près l’évolution des déplacements professionnels des entreprises françaises sur la zone Etats-Unis, ceux-ci ont été multipliés par 2,4 entre avril et septembre 2021. Depuis l’annonce de la levée des restrictions de déplacements au 8 novembre 2021, les intentions de voyages vers le sol américain sont en nette augmentation de 40%. La tendance s’est accélérée avec la précision d’une ouverture effective au 8 novembre 2021.

De même, l’ouverture de “vaccinated travel lanes” avec des vols spécifiques pour les voyageurs concernés à destination de Singapour, la demande de voyages d’affaires pour la cité État a bondi de 45%.

L’entrée sur le territoire est moins restrictive que durant la période 2020-2021 où les procédures de quarantaine à l’entrée ont pu atteindre jusqu’à 21 jours d’isolement strict en hôtel, bien que la vaccination ne soit pas la seule condition pour voyager (tests PCR au départ et à l’arrivée obligatoires par exemple).

3. De nouvelles politiques voyages à marche forcée
La crise sanitaire a révélé de nouveaux comportements à l’égard du voyage d’affaires : une prise de conscience aiguë de l’impact environnemental des déplacements, et par ailleurs l’intronisation de la visioconférence comme grande gagnante sur l’avion ou le train. Ces tendances semblent ancrées durablement et soulèvent des questions quant aux capacités de reprise du secteur du voyage d’affaires.

Durant la crise, deux tiers des CEO interrogés par International SOS sur les conséquences durables de la pandémie voyaient en l’entreprise une solution pour pallier les enjeux sociétaux et environnementaux.

Par ailleurs, 76% d’entre eux considéraient avoir une responsabilité personnelle dans l’impulsion de ces changements. Ces idées progressent en entreprise, et l’élément le plus probant est le travail engagé par les travel managers, responsables achats et responsables des risques dans l’évolution des politiques de voyages pour privilégier les options de transports plus respectueuses de l’environnement ou encore la mise en place de dispositifs de compensation carbone, etc. Si le tempo et la dynamique de la reprise des voyages d’affaires demeurent encore une donnée inconnue, il est certain que l’on voyagera différemment.

L’émergence de la pandémie de COVID-19 a par ailleurs mis en exergue la nécessaire préparation des entreprises face au risque sanitaire pour l’ensemble des collaborateurs qu’ils soient au bureau, en télétravail ou en déplacement notamment à l’international.

Une nouvelle norme offre des recommandations aux organisations pour les guider dans la gestion des risques associés aux voyages, et plus particulièrement sur leur rôle en cas d’incident. La norme ISO31030 sur la Gestion des risques liés au voyages, vient appuyer les entreprises avec des recommandations sur la planification préalable et de l’évaluation des risques associés aux destinations et aux dispositions prises, des précautions à prendre pour garantir la sécurité des voyageurs et des informations, des enjeux liés à la logistique des voyages, des réponses aux situations d’urgence, etc. Cette norme permet de renforcer la protection des collaborateurs, et de fournir aux entreprises un cadre opportun pour développer de nouvelles procédures, de nouvelles pratiques et de nouveaux moyens pour réduire le risque associé aux voyages.

Cette préparation est cruciale en particulier durant cette période où certains pays demeurent encore très affectés par la pandémie. Leur système de santé, habituellement apte à faire face à des situations médicales sensibles, ne sont plus en mesure de dédier des ressources médicales autres que pour la prise en charge de la Covid-19.

(*) Leader mondial de la gestion des risques en santé et en sécurité, ce groupe créé il y a plus de 35 ans accompagne l’ensemble des entreprises du CAC 40, la majorité des entreprises du Fortune 500, mais aussi les organisations gouvernementales et les campus universitaires mondiaux.