A l’occasion du grand événement annuel du chapitre français de la Global Business Travel Association (GBTA), un temps fort de l’industrie du Travel et du MICE en France, ont été passées en revue les différentes thématiques qui intéressent – et préoccupent – les travel managers et acheteurs aujourd’hui. Avec au cœur des échanges la dimension durable et la nécessaire adaptation des politiques voyage.
La crise sanitaire a ébranlé les secteurs du voyage et du tourisme d’affaires. Mais elle a aussi apporté quelques bienfaits, comme l’ont rappelé plusieurs intervenants de la masterclass organisée par la GBTA France, jeudi dernier au Méridien Étoile, en présence de plus de 200 personnes.
La pandémie a obligé en effet nombre d’entreprises à revoir les priorités de leurs politiques voyage. Interrogée par le biais d’un vote via smartphone, la salle a répondu qu’une PVE était mise à jour en moyenne tous les 2 à 5 ans selon les entreprises. Mais moins d’une sur deux auraient modifié le sien pendant la crise, d’après les réponses des travel managers présents.
Dans le cadre d’une table ronde “Politique voyages et crises : des changements s’imposent ! », Stéphane Vallageas, Strategic Sourcing Manager chez Pitney Bowes et depuis jeudi dernier ancien président de GBTA France, a rappelé qu’une politique voyages devait avant tout être « connue – y compris des fournisseurs – et compréhensible, applicable et actualisée… et pouvoir tenir sur un format A4« . «Elle doit être simple, applicable et multisupport», a renchérit Anthony Poirier, Partner chez Axys Odyssey.
Katharina Navarro, Global Category Manager chez Capgemini et nouvelle présidente de GBTA France, notant que le voyage d’affaires était le contributeur le plus important en matière d’émission de carbone, a poursuivi en invitant à « restructurer les programmes de voyage et revoir la PVE pour y intégrer la dimension durable et le ‘voyager mieux‘ ».
La RSE est en effet une dimension désormais incontournable dans l’organisation d’un déplacement, avec en corolaire la maitrise des outils de visio et la notion de « voyage essentiel » qui arrange bien souvent les DAF lorsqu’elle se traduit par des réductions des dépenses.
Faut-il voyager moins ou mieux ? Les deux et autant l’un que l’autre, a répondu Julien Etchanchu, Sustainability Practice Lead chez Advito. « La technologie seule ne peut pas nous sauver. L’innovation est indispensable mais ne peut pas permettre d’atteindre les objectifs fixés de réduction des émissions de CO2« . On sait en effet que les compagnies aériennes accélèrent le renouvellement des flottes. Mais cela va prendre du temps. Et le carburant vert représentera moins de 10% de l’offre en 2030.
« On ne fera pas non plus l’économie d’une forme de sobriété »
Voyager mieux, comme l’a rappelé Julien Etchanchu, c’est privilégier une compagnie écologiquement plus vertueuse, des lignes sur lesquels sont exploitées des avions plus frugaux en termes de consommation de kérosène, des routes aériennes directes, des hôtels certifiés par les labels les plus sérieux, des dessertes en train plutôt qu’en avion en tenant compte du temps de travail ou de détente pendant l’ensemble du trajet… C’est aussi compenser « correctement » et travailler sur un prix du carbone suffisamment élevé pour qu’il soit pris en compte dans les calculs du coût des déplacements. « On ne fera pas non plus l’économie d’une forme de sobriété, pour que le voyage redevienne une expérience rare et belle… » a poursuivi Julien Etchanchu. Faudra-t-il pour autant en passer par des « travel ban » dans les entreprises ?
Katharina Navarro a par ailleurs insisté sur la nécessité de davantage engager les fournisseurs dans la dimension RSE de la politique voyage, de nouer des partenariats sur des projets concrets. « Il faut aussi regarder de près les commentaires de nos voyageurs car le sujet intéresse beaucoup, notamment les plus jeunes » a-t-elle ajouté, rappelant également qu’un atelier virtuel sur ces questions en interne avait rassemblé les différentes composantes intéressées, de la finance à l’IT en passant par la RH et la sécurité.
En matière de RSE se pose aussi la question du sourcing. Le nombre comme le choix des prestataires témoignent en effet des évolutions en matière d’engagement durable. Sur ce point, certains TM ont réduit le nombre de prestataires, avec en contrepartie une demande de davantage d’engagement de chacun d’eux, quand d’autres ont augmenté ce nombre pour disposer d’une offre plus large.
L’une des tables rondes portait également sur le reporting Travel. Et posait un certain nombre de questions, lorsqu’on souhaite le construire soi-même : faut-il utiliser les sources agence, carte, fournisseur, note de frais ? Quels sont les indicateurs de performance incontournables ? Et les indicateurs innovants ? Aurélie Duprez, Founding Partner chez Areka Consulting, a rappelé la hiérarchie des sources, avec d’abord celles des TMC “très détaillées et notamment sur l’aérien”, suivies par les fournisseurs et outils de notes de frais, puis les OBT et HBT, et enfin les cartes logées ou corporate. « Toutes ces sources sont utilisées par les TM aujourd’hui« , a-t-elle ajouté tout en notant que chacune d’elles avait ses forces et ses faiblesses.
Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du tourisme, présent le même jour au Portugal pour assister au forum A World for Travel (#AWFT21) à Evora, a présenté depuis l’Ambassade de France à Lisbonne, en direct en fin de journée, sa vision du tourisme d’affaires. Il a notamment insisté sur le fait que « cette crise a eu pour vertu de nous souder davantage« , de permettre au secteur de « se fédérer et de mieux travailler ensemble, y compris entre public et privé« . Un regret : qu’il n’ait pas pu échanger avec la salle et répondre aux questions de l’audience, dans le cadre d’une session interactive, comme c’était prévu, ceci pour des raisons techniques.
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