Très fragilisées, les compagnies aériennes africaines reprennent du service

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Très fortement ébranlés par la crise du Covid-19, les transporteurs aériens du continent africain reprennent les vols dans un contexte des plus fragiles. 

Alors que le nombre de cas de coronavirus en Afrique du Sud a a franchi la barre des 300 000 cas, la South African Airways a reçu de bonnes nouvelles : un engagement financier du gouvernement a été annoncé pour renflouer la compagnie nationale en difficulté, dont les avions  étaient cloués au sol depuis mars dernier.

D’autres compagnies aériennes africaines bénéficient également d’un sursis, reprenant leurs activités alors que les frontières et l’espace aérien se rouvrent lentement – malgré les craintes que la pandémie n’ait pas encore atteint son point culminant en Afrique et qu’elle puisse resurgir ailleurs.

Mais le paysage du transport aérien est globalement sombre. Si le coronavirus a durement frappé l’industrie aérienne mondiale, il a porté un coup énorme et potentiellement fatal à un certain nombre de compagnies africaines.

« De nombreuses compagnies aériennes africaines étaient déjà en difficulté avant que la pandémie ne frappe le continent », explique à VOA (Voice Of America) Alex Vines, directeur du programme Afrique du groupe de recherche Chatham House basé à Londres. « Et de toute évidence, le Covid a aggravé leur situation. »

Les experts prédisent que les retombées se traduiront par des milliards de dollars et des millions d’emplois perdus dans toute l’Afrique. L’impact va au-delà du monde des affaires, affectant les ambitions de longue date de resserrement des liens commerciaux et politiques régionaux sur un continent où les voyages – tant entre les pays qu’à l’intérieur de ceux-ci – constituent depuis longtemps un obstacle majeur.

« De mon point de vue, il n’y aura pas beaucoup d’entreprises qui pourront sortir de cette crise« , a déclaré Cheikh Tidiane Camara, l’ancien directeur européen de la défunte compagnie aérienne panafricaine Air Afrique, à Radio France Internationale, ajoutant : « Cela va nécessairement générer une recomposition de l’espace aérien africain »

En avril, l’Association internationale du transport aérien a averti que les compagnies aériennes africaines pourraient perdre 6 milliards de dollars de recettes cette année, ainsi qu’environ 3 millions d’emplois dans le secteur de l’aviation et les secteurs connexes à l’échelle du continent. L’Association des compagnies aériennes africaines a proposé une évaluation encore plus sombre de 8 milliards de dollars de pertes.

Même la star du secteur, Ethiopian Airlines, est en difficulté, avec des pertes de revenus pouvant atteindre 550 millions de dollars entre janvier et avril.

Pour sa part, le sursis financier de la South African Airways pourrait être de courte durée, selon certains. La compagnie, qui s’est placée sous la protection de la loi sur les faillites en décembre dernier, n’a plus fait de bénéfices depuis 2011.

Les perspectives restent sombres comme l’a rappelé la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique : « Les compagnies aériennes qui étaient en difficulté avant la pandémie vont probablement finir par déposer leur bilan ou demander un renflouement. »