3 questions à… Patrick Campagnac, Chef de l’agence Sud-Ouest RTE immobilier logistique

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L’entreprise de service public, Réseau de Transport d’Electricité (RTE), s’adapte au contexte de crise et engage un véritable travail de fond pour repenser ses lieux de travail. Entretien avec Patrick Campagnac, Chef de l’agence Sud-Ouest RTE immobilier logistique, en charge des futures organisations. L’objectif : gagner en flexibilité tout en protégeant la santé physique et mentale des salariés. 

DeplacementsPros.com : Le modèle de « bureau physique » en tant qu’espace de travail est-il voué à disparaître ?

Patrick Campagnac, Chef de l’agence Sud-Ouest RTE immobilier logistique

Patrick Campagnac : Chez RTE, indépendamment de la crise liée au coronavirus, nous y avions déjà pensé et entamé une réelle transition. L’expérimentation du télétravail avait notamment débuté il y a 4 ans pour certains types de postes. Les modes de travail évoluent sans cesse et la crise de la COVID-19 ne fait qu’accélérer le changement. Il y a néanmoins une réalité du travail à prendre en compte. Chez RTE par exemple, sur 8 500 salariés, 50% ont des métiers opérationnels et doivent régulièrement se rendre sur site. Mais cette période de télétravail « forcé » nous a ouvert de nouvelles perspectives et de nouvelles fonctions se sont retrouvées éligibles au télétravail. Cela a permis une plus grande ouverture d’esprit sur notre façon de travailler. En revanche, si ce changement a participé à une réduction de la pollution et une meilleure gestion des flux pour les grandes villes, cela a révélé d’autres problèmes comme les conséquences psychologiques liées au manque d’interactions sociales qui sont également à prendre en compte. Aujourd’hui, cet espace de « bureau » est voué à se transformer vers un portefeuille de lieux de travail plus varié. Nous aurons le domicile, le siège, un tiers lieu différend du siège comme les agences en région ou bien encore les espaces de coworking… Le bureau à proprement dit ne va pas disparaître, il va évoluer.

Le bureau tel qu’on le définit aujourd’hui s’apprête-t-il à devenir un espace commun, plus qu’individuel ?

Ce qui est certain est que les bureaux individuels ont assez vécu, ce schéma archaïque a vocation à disparaître pour faire place à un bureau qui donne envie de venir sur son lieu de travail. L’objectif va alors être d’apporter une sensation de bien-être et d’incarner le partage. Entre le télétravail, les vacances, les RTT … Le travail sur place au bureau et la rencontre avec son équipe vont tous deux réduire. Il est donc primordial que, demain, le bureau devienne un espace d’échange, un espace privilégié où l’on crée du lien. Les entreprises doivent désormais prototyper les zones conviviales et concevoir le bureau pour que le partage et l’échange des équipes présentes soient favorisés, tout en tenant compte des particularités individuelles des salariés. La tendance actuelle est notamment de 1m2 individuel = 1m2 d’espace commun. Cela va demander aux entreprises d’engager toute une série de travaux et d’organiser des réunions de conception pour que chaque salarié puisse repenser son espace de travail.

Quel impact cette évolution va-t-elle avoir sur nos déplacements d’affaires (rendez-vous client, trajet travail-domicile, voyage….) ?

L’impact de la crise sur nos déplacement se fait tout d’abord par un « tri » des déplacements absolument nécessaires et qui demandent de la rencontre physique. Si la présence au bureau va diminuer, nous allons, je pense, accentuer la présence sur le terrain. En parallèle, les transports dits doux s’apprêtent à gagner en part de marché et les entreprises vont s’adapter à ce mode de déplacement. Si le contact physique s’est avéré nécessaire dans notre société, il reviendra petit à petit et avec parcimonie. Pour ce qui est de la mobilité des salariés, il y aura sûrement davantage de déménagements en région ou éloignés des sièges. Chez RTE nous avons toujours permis aux salariés d’habiter en région et de venir travailler sur Paris de temps en temps. Cette proportion de travailleurs ne va faire qu’augmenter et le trajet domicile-travail va devenir un véritable voyage d’affaires à part entière. L’objectif sera néanmoins de trouver le juste équilibre avec la mise en place du travail à distance. Il ne faut pas aller trop loin dans l’individualisme et protéger la santé les collaborateurs tout en gardant du lien. La problématique des années à venir sera de trouver le bon équilibre.