Webinar GBTA France : «un voyageur d’affaires sur deux utilise encore du cash et sa carte perso»

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La GBTA (Global Business Travel Association) France a organisé ce jeudi un webinar baptisé « Comment tirer profit de vos moyens de paiements? De l’achat à la collecte des données ». Éléments de réponse.

Son impact est majeur dans les entreprises. Le moyen de paiement intervient sur les achats, surtout lorsque sont recherchées des économies, sur le travel management, l’IT, la trésorerie, la compta, la RH avec notamment les questions de sécurité du voyageur et d’assurances… Mathilde Le Gall, directrice Account Management chez AirPlus, spécialiste des solutions de paiement et de reporting dans le voyages d’affaires, a dressé les bases de la discussion, lors de son introduction : «Aujourd’hui, 70% des dépenses liées au déplacement professionnel, Mice compris, sont encore payées sur facture par virement. On peut nettement améliorer les process». Et de regretter aussi qu’un utilisateur sur deux en entreprise «continue à utiliser du cash ou sa carte personnelle, pendant son déplacement». Les moyens de paiement sont pourtant en pleine évolution. L’offre est déjà riche et diverse, notamment en matière de cartes, entre la carte centralisée, la carte corporate, la carte virtuelle, la carte logée… Et l’on parle aussi paiement dématérialisé, mobile payment, wallet, cryptomonnaie, carte prépayée…

«On constate aujourd’hui des innovations dont on ne sait si c’est du marketing ou une tendance de fond, par exemple le paiement de l’hôtel et d’autres prestations avec la cryptomonnaie» a souligné l’animateur et modérateur du webinar, Julien Chambert. Et le fondateur de CBT Conseil de souligner le poids du multilocal : «On en parle de plus en plus dans le choix de sa TMC et des outils qui nécessitent parfois de raisonner par zone».

Mathilde Le Gall a rappelé que les habitudes sont différentes selon les marchés : «On est dans une analyse par type de carte en fonction des besoins du pays. Et ça devient quelque chose d’assez complexe à l’arrivée (…). Les anglo-saxons utilisent énormément la carte corporate, la France privilégie le paiement centralisé, l’Italie le paiement virtuel depuis quatre/cinq ans, l’Afrique du Sud le pre-paid ou encore la Chine le paiement mobile…. Il faut avoir en tête cette cartographie». Et Mathilde Le Gall de poursuivre : «Si on connaît la carte corporate, c’est encore loin d’être le cas de la carte logée, à part le TM et les équipes projet lorsqu’ils sont en phase d’intégration d’une TMC ou d’un OBT».

«L’enjeu majeur c’est que le voyageur n’avance plus ses frais»

Les cartes doivent bien sûr répondre à de stricts critères de sécurité, afin notamment de lutter contre la fraude… même si la première d’entre elle est tout simplement le commerçant qui relève discrètement le numéro et cryptogramme d’une carte afin de faire ultérieurement des achats. Sur la question de la sécurité, la cryptomonnaie a de vrais atouts à faire valoir. La nouvelle carte d’AirPlus utilise pour sa part une technologie moderne de puce et de code PIN, ainsi que le système 3D Secure pour les achats sur Internet. On rappellera enfin, en matière de sécurité, les directives européennes imposant la mise en place de l’authentification forte fin 2020, laquelle ajoute une étape d’authentification avant l’autorisation de paiement.

Sur l’hôtellerie, Julien Chambert constate qu’on avait auparavant beaucoup de leakage et donc de pertes de réservations par l’agence de voyages. A défaut de trouver l’offre qu’il recherchait, l’utilisateur réservait alors en direct ou via une OTA. «L’enjeu majeur c’est que le voyageur n’avance plus ses frais, a rappelé Ziad Minkara, directeur général de CDS Groupe. Du côté de l’entreprise, les besoins et attentes sont évidemment très différents selon sa taille. Elle cherche le plus souvent à obtenir des datas auditables et comparables de son fournisseur. Ce dernier a besoin d’être payé immédiatement. Et il doit être référencé chez Visa, Mastercard ou Amex pour encaisser ses montants. Entre les corporates et les fournisseurs, il y a les intermédiaires, dans lequel on s’intègre en tant que plateforme hôtelière ou agence de voyages, avec une problématique de BFR (Besoin en Fonds de Roulement). C’est un sujet de trésorerie, d’encaissement et de décaissement, sur des volumes conséquents. Une agence de voyage ne fera pas une avance de trésorerie pour son client. Or, le moyen de paiement couvre le risque d’encaissement des prestations payées, fait gagner en productivité et en BFR, est très interopérable car il permet d’avoir une norme». Ziad Minkara a souligné l’énorme avantage d’un tel outil dans la période de crise actuelle.

«On doit s’adapter en fonction des besoins de chaque pays»

«Si on arrive à s’entendre entre fournisseurs de solutions, à nous connecter entre nous, car nous sommes un écosystème pour les acheteurs, nous arriverons à offrir davantage de sécurité, d’économies, à proposer un processus plus fluide avec davantage de données complètes, plutôt que des briques de données éparpillées» a plaidé Marc Clatot, Vice-président Strategy & Development Europe chez Expensya. Bref ce n’est pas à l’acheteur de reconstituer le puzzle. Et il faut autant que possible lui éviter de s’occuper d’aspects technologiques qui n’ont pas grand chose à voir avec son activité.

«On doit s’adapter en fonction des besoins de chaque pays, des outils dont nous disposons en interne, de ce que proposent les acteurs du marché», a noté pour sa part Sarah Messaoui, Global Category Manager Travel chez Total.

La prise de décision plus facile quand l’entreprise est basée en France

Comme l’a rappelé également Stéphane Vallageas, président de GBTA France et Procurement Manager International chez Pitney Bowes, «nous travaillons, Sarah et moi, dans des multinationales, avec des problématiques de pays et de prise de décision. Celle-ci est sûrement plus facile dans une entreprise basée ici en France, que dans une entreprise américaine, comme c’est mon cas, où les décisions sont prises là-bas. D’autant que la connaissance de la situation de notre pays, aux États-Unis, est  assez souvent limitée». Stéphane Vallageas a dressé un autre constat : le service Travel doit parfois se creuser la tête pour savoir comment intégrer les moyens de paiement s’ils sont, par exemple, choisis par les services financiers : «Il nous faut parfois batailler pour leur demander de ne pas nous oublier dans la boucle». Avec, au prix de gros efforts de communication, une meilleure connaissance des process de l’entreprise, appréciable en interne tout autant que chez les fournisseurs et intermédiaires…