A l'occasion d'un événement du réseau de voyages de luxe Virtuoso, qui s'est tenu la semaine dernière à Québec, dans un hôtel Fairmont, propriété d’Accor, Sébastien Bazin, son PDG, a partagé sa vision du groupe pour l’avenir.
Après huit années de consolidation de 47 marques (“le sale boulot”, selon Sébastien Bazin), le groupe est désormais bien positionné, capable de répondre aux besoins des différents segments de voyageurs. "Les professionnels du voyage doivent considérer Accor comme leurs meilleurs partenaires", a-t-il affirmé, mettant en avant la diversité et la qualité des marques du groupe.
Raffles et Fairmont, fers de lance du luxe nord-américain
Sébastien Bazin prend acte de la domination de Marriott, Hilton, Wyndham et Choice sur milieu de gamme en Amérique du Nord. Accor ne poursuivra donc pas le développement de ce segment sur ce marché.
Dans cette zone, le groupe va donc concentrer ses efforts sur l'expansion de ses marques de luxe. A ce titre, Raffles et Fairmont continueront de se développer dans la région. "Le Raffles à Boston, qui a ouvert il y a quelques années, a rencontré un succès incroyable et génère les tarifs les plus élevés de la ville", a illustré le PDG, précisant que ces marques étaient désormais des atouts majeurs dans la stratégie d'Accor.
Il a ajouté que le groupe prévoit moins d'une douzaine d'hôtels Raffles en Amérique du Nord, exclusivement dans des villes de premier plan, excluant les marchés secondaires. Il a rappelé que le lancement du premier Raffles nord-américain, un gratte-ciel, avait suscité des doutes dans l’industrie en raison d’une possible incompatibilité du bâtiment avec le long héritage de la marque… Mais il a assuré que l'entreprise ne regrettait pas sa décision : "Nous avons été audacieux et nous ne le regrettons pas", a-t-il déclaré.
Selon Omer Acar, PDG de Raffles & Fairmont, des discussions sont en cours pour l’ouverture de nouveaux hôtels Raffles en Californie, en Floride et au Mexique, avec des annonces prévues dans l'année.
Concernant la marque Fairmont, le groupe poursuit également son extension en se concentrant sur des établissements comme le Fairmont Breakers Long Beach, récemment ouvert, qui représente, selon Sébastien Bazin, un modèle pour l'avenir de la marque. Il a ajouté que Fairmont est une marque particulièrement adaptée au secteur MICE (réunions, incentives, conférences et expositions), un segment stratégique pour Accor.
Par ailleurs…
Partage du monde. Bien qu’il estime que l'entreprise ne puisse rivaliser dans certaines catégories en Amérique du Nord et en Chine, il reste confiant dans la position dominante d'Accor à l'échelle mondiale. Avec 350.000 chambres en Europe, notamment, Accor dépasse largement ses trois plus grands concurrents combinés. "Nous continuerons à croître en Afrique, Asie, Australie et ailleurs", a-t-il ajouté.
Impact du Covid sur le “corpo”. A la suite de la pandémie, les voyages d'affaires internationaux ont chuté d'un tiers, en raison de l'essor des outils tels que Zoom et Teams, a expliqué le dirigeant. Bien qu’ils aient limité les déplacements, il a précisé que les voyages restants étaient désormais plus longs.
Intelligence Artificielle. Sébastien Bazin a indiqué qu'Accor collabore déjà avec des entreprises technologiques qui utilisent l'IA depuis plus d'une décennie. Cependant, il a reconnu qu’il était encore trop tôt pour évaluer son impact exact sur des géants comme Expedia ou Booking.com. "Cela sera important mais pas dévastateur", a-t-il ajouté, en soulignant que le choix des bons partenaires technologiques serait crucial pour le groupe.
Fidélisation Client. C’est un autre point clé pour Sébastien Bazin. Selon lui, les programmes de fidélité sont un des meilleurs moyens pour Accor d’interagir avec ses clients. Avec près de 100 millions de membres, dont 11 millions ont été ajoutés l'année dernière, Accor voit ses membres fidèles dépenser deux fois plus et rester 50 % plus longtemps dans ses établissements.
Moins d’ouvertures, plus de durabilité. En matière de développement, Sébastien Bazin a indiqué qu'Accor ouvrait désormais 300 hôtels par an, contre 365 dans le passé. L’accent est désormais mis sur des établissements rentables plutôt que sur la simple expansion. Par ailleurs, la durabilité reste au cœur des priorités d'Accor. Le groupe cherche à équilibrer les coûts et l'impact environnemental de ses hôtels tout en maximisant les bénéfices pour les communautés locales, en termes d'emplois et d’impact économique : "Le positif doit l'emporter sur le négatif", a-t-il ajouté.
Loisir : all inclusive, station de ski et croisière
Sébastien Bazin a exprimé son optimisme quant à la croissance du tourisme mondial, grâce à l’émergence des classes moyennes et au développement rapide du transport aérien. Accor se prépare à répondre à cette demande croissante avec des offres adaptées aux nouvelles attentes des voyageurs.
A ce titre, l’offre “all inclusive” est l'une des priorités stratégiques du groupe, particulièrement populaires dans des destinations comme les Caraïbes et l'Amérique centrale. Sébastien Bazin a souligné que ce type de produit nécessite une expertise spécifique, raison pour laquelle Accor s’appuie sur les compétences de gestion de Rixos Hotels, une marque acquise par le groupe via une coentreprise. Le succès rencontré par le SLS “all inclusive” à Cancun a été un véritable tournant pour Accor : un établissement qui a “dépassé nos attentes”, a-t-il déclaré. Le groupe a désormais identifié six ou sept de ses marques comme étant particulièrement adaptées à ce modèle, offrant ainsi de nouvelles possibilités pour étendre cette offre à travers le monde.
En outre, Accor prévoit également d’ajouter des hôtels et stations de ski sous sa marque Fairmont, élargissant ainsi son portefeuille dans des segments variés de l’hôtellerie de luxe. Cette diversification est perçue comme une manière de renforcer la présence d’Accor dans des destinations de montagne prisées, tout en maintenant une offre haut de gamme.
Autre initiative ambitieuse : Accor se lance également dans le secteur des croisières. Le groupe a en commande deux yachts sous la marque Orient Express, avec deux options supplémentaires. >Le PDG a souligné qu’il consacrait un “temps disproportionné” à la marque Orient Express, “(s)on bébé”. Cependant, il a précisé que le groupe attendrait de voir l’évolution de cette première expérience avant de se lancer dans d’autres projets de croisières sous d’autres marques du groupe.
