Inge Huijbrechts, Global Chief Sustainability and Security Officer chez Radisson Hotel Group, nous a accordé un entretien, lors de la dernière édition d’AWFT (A World for Travel) en octobre à Séville. L’occasion de faire le point avec elle sur l’activité du groupe hôtelier, sur l’impact des JO à Paris et ailleurs en France, sur la demande de la cible affaires et la digitalisation du MICE. Avec un focus particulier sur les réponses RSE apportées aux entreprises.
Quels sont les résultats du groupe en cette année 2024 marquée par les JO de Paris ?
Globalement, l’activité se porte bien. Dans de nombreux pays, mais aussi de manière consolidée, nous dépassons les niveaux de 2019. Les prix restent relativement élevés et cela nous a permis de retrouver un bon chiffre d’affaires donc ce n’est pas seulement une question de taux d’occupation. En France, nous observons une belle croissance en BtoB, ce qui inclut l’activité MICE, notamment soutenue par les JO de Paris 2024. L’événement a eu des effets positifs non seulement à Paris, mais également dans les établissements d’Île-de-France et de province. En revanche, les Jeux Paralympiques n’ont pas généré le même volume. On note cependant qu’il y a eu un effet négatif sur les prix et les disponibilités avant et après les événements dus à une communication négative sur l’accessibilité.
Qu’en est-il de la cible Affaires ?
Ce segment n’est pas encore revenu au niveau de 2019 dans toutes les destinations. En revanche, nous avons un prix par nuitée relativement élevé. En termes de chiffre d’affaires, le résultat est bon, mais en nombre de nuitée, il y a encore une marge de progression. Nous pensons que les prix se stabiliseront en 2025 mais que le volume de nuitées va augmenter et nous permettre de retrouver les niveaux de 2019. On ressent par ailleurs l’augmentation des coûts d’exploitation comme l’énergie, donc on connaît une pression à ce niveau. Heureusement, c’est compensé par de bonnes dynamiques de marché.
Y a-t-il des exigences accrues de la part des entreprises en matière de RSE et comment y répondez-vous ?
D’une manière générale, les entreprises -surtout les grands comptes- veulent de plus en plus d’informations et de transparence sur nos initiatives en matière de durabilité. Nous sommes en capacité de fournir l’empreinte carbone des nuitées de leurs collaborateurs, sur demande, et nous compensons depuis 2019 toute l’empreinte liée aux espaces de réunion. Notre enjeu est d’automatiser au maximum la création de ces rapports au service des clients B2B. Nous offrons aussi et au même tarif l’opportunité à ces clients de compenser les nuitées avec nos propres partenariats et projets de compensation comme par exemple des projets d’afforestation en Amazonie ou des projets de production de biogaz dans des communautés rurales en Inde.
Pensez-vous que la prise en compte de la durabilité perdurera à long terme ?
Les études montrent que les entreprises ne prennent plus toujours la parole sur la question mais agissent malgré tout discrètement. Cela ne fait plus l’objet de communication. En Europe et en France, il y aura l’impact de la législation qui fera en sorte que l’action se poursuivra. Je suis donc optimiste et pense que les actions vont continuer. Pour l’impact, je ne sais pas encore si ce sera suffisant. Je suis convaincue qu’il faut intégrer la durabilité partout et ne pas en faire une niche si l’on ne souhaite pas que des zones soient moins attractives voir même infréquentables pour les touristes. Il faudrait que ce soit le choix par défaut et il faut rendre les choses faciles. Nous avons un vrai rôle de facilitateur vis-à-vis des clients, mais aussi des propriétaires de nos établissements. Nous devons choisir les meilleures options pour nos partenaires, puis les accompagner.
Comment se traduit la digitalisation du MICE lorsque l’on est un groupe hôtelier ?
Elle se traduit de différentes façons, à commencer par la manière de s’informer sur les salles et de réserver. En 2023, nous avons lancé un outil ‘Book it easy’ qui permet de faire des visites virtuelles de lieux et de les réserver en ligne et les clients l’utilisent de plus en plus souvent. Ensuite, et même si l’on constate un retour de la réunion physique, nous utilisons régulièrement des solutions digitales pour faciliter l’organisation d’événements se déroulant simultanément dans plusieurs lieux.
Radisson Meetings a également créé une plateforme nommée ‘Meetings Unbound’ qui aide à rendre les réunions plus créatives. Le client peut par exemple envoyer un brief en expliquant qu’il cherche à organiser un événement pour 100 personnes issues du secteur de la Mode, avec un fort aspect environnemental. Par la suite, l’IA va faire des propositions et nos équipes vont s’en servir pour traduire cela dans la réalité. Cela repousse les conceptions traditionnelles du Meeting & Events.
Enfin, Radisson Meetings s’intègre à des événements d’esport et nous proposons désormais des packages spécialisés. Nous avons par exemple accueilli des champions qui résidaient dans nos hôtels, ce qui implique d’améliorer temporairement la bande passante de nos établissements et de gérer tous les aspects liés à la sécurité de ces champions. Nous sommes expérimentés dans ce domaine.