L’aérien deviendrait-il fou ?

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Le Covid s’attaquerait-il désormais à notre cortex ? Ou bien sont-ce les masques qui perturbent notre oxygénation cérébrale ? Quoiqu’il en soit, il semblerait que dans l’aérien, le virus ne se contente plus de creuser les déficits : il tape sur les ciboulots ! 

Pour preuve, cette info parue dans le journal Ouest-France en date du 18 septembre 2020… Pour la faire court : afin de booster son activité en ces temps de marasme, Singapore Airlines veut proposer une offre pour le moins originale : le « vol pour nulle part ». A savoir, un trajet de trois heures au départ et à destination… du même aéroport de Changi ! Une version soft et en classe premium de Vol au-dessus d’un nid de coucou.

On pourrait croire à une perturbation isolée, un trou d’air temporaire de la conscience… Mais non ! Plusieurs compagnies, nous apprend-on, « dont la taïwanaise EVA Air et la japonaise All Nippon Airways, ont choisi cette solution pour limiter leurs pertes en pleine pandémie de Covid-19 ».

Un vrai casse-tête pour Greta Thunberg et pour tous ses partisans… Car quand ceux-ci préconisent de ne pas prendre l’avion pour voyager, qu’auront-ils à répondre à cette nouvelle option : prendre l’avion sans voyager ? Hein ? On fait moins les malins, là.

Mais à part pour opposer aux tenants du flygskam cet argument d’une complexité et d’une sophistication talmudiques, comment cette idée a-t-elle pu germer dans la tête des dirigeants de la Singapore Airlines ? Ah ben, en lisant le Talmud, justement ! Certains de ses rédacteurs y expliquent de façon assez convaincante que ce qui compte dans le voyage, ce n’est pas le but mais le moyen d’y parvenir. Bon, ok, il semblerait qu’ils parlent davantage du cheminement de la haute pensée que d’un passager de siège du milieu, mais bon, tout ça se tient.

Je sens pourtant que ce recours à la sagesse scholastique n’emporte pas une totale adhésion. Et à ce stade de la réflexion, une question se pose : si la pandémie avait mis à mal l’industrie agro-alimentaire, Bonduelle aurait-elle vendu des boîtes de conserve vides ? J’en ai une chez moi mais c’est écrit « Fresh air from California » dessus.

Après tout, Singapore Airlines a raison : pourquoi partir si loin ? Revenons, nous aussi, à notre point de départ : le journal Ouest-France daté du 18 septembre 2020. Où, quelques pages plus loin, en rubrique « faits divers », on lit ceci : un Américain a fait un aller-retour en avion pour tuer son ex-femme et son compagnon à Saint-Maur, Val-de-Marne (ce bon goût d’habiter à proximité d’Orly).

Le voilà, l’argument en faveur de la brillante idée de Singapore Airlines ! Envisagé sous cet angle et toute chose égale par ailleurs, en matière de destination aérienne, mieux vaut le « nulle part » que l’au-delà.