Covid-19 : « Les mesures sanitaires restent les mêmes, les mesures administratives évoluent »

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Philippe Guibert, Directeur médical régional, consulting santé chez International SOS, répond à nos questions dans un contexte de propagation internationale du Covid-19.

Les déplacements professionnels sont de moins en moins nombreux mais n’ont pas totalement disparu. Quelles mesures doit prendre un voyageur d’affaires ?

Philippe Guibert : J’en rappelle ici les plus importantes, quelle que soit la destination et, d’ailleurs, elles sont pour la plupart valables aux collaborateurs sédentaires.

  • éviter tous les lieux où l’on peut être en contact avec des animaux vivants (zoos, marchés…),
  • éviter tout contact avec des personnes manifestement malades et leur conseiller de consulter,
  • se laver les mains fréquemment et précautionneusement avec du savon ou une solution hydroalcoolique,
  • éternuer dans sa manche et utiliser des mouchoirs à usage unique,
  • éviter les embrassades ou serrages de main multiples,
  • au moindre symptôme, entrer en contact avec les services sanitaires compétents. Ils changent, en fonction des pays. Si on ignore les démarches à suivre, prendre contact avec une structure telle qu’International SOS.

Finalement, ce sont les mêmes mesures qu’à l’apparition de ce coronavirus ?

Oui, c’est important à rappeler : la situation évolue, les mesures, elles, restent les mêmes. Du moins en termes hygiéniques et sanitaires. C’est au niveau administratif que les choses changent. En effet, on le sait, les restrictions se multiplient. Avant tout déplacement, le voyageur doit se renseigner sur ces restrictions dans les pays d’aller et de retour. Cette information est indispensable et doit être mise à jour très régulièrement car les mesures prises sont particulièrement volatiles. Si, au terme de cette information, il apparaît que les risques de maintien en quarantaine sont trop élevés, peut-être faut-il mieux surseoir à ce déplacement.

Les rendez-vous professionnels d’envergure sont annulés les uns après les autres. Un petit nombre d’entre eux sont cependant maintenus. Peut-on s’y rendre ?

Premier point, une circulaire du Ministère du Travail l’a rappelé, cette décision ne peut être prise que collégialement par l’entreprise et le collaborateur qui a parfaitement le droit de dire « non ». Si un accord de principe se fait, il faut évaluer les risques, notamment administratifs comme je viens de le dire. Et, bien sûr, respecter scrupuleusement les mesures que j’ai également rappelées.

Les mesures prises en France vous semblent-elles excessives ou adaptées ?

Ce sont des mesures qui relèvent d’une stratégie de freinage ayant pour objectif de limiter la propagation. A partir de là, éviter les rendez-vous multiplicateurs de risques, comme les grands rassemblements, me semble adapté.

Et si on ne prenait aucune mesure, le Covid-19 ne finirait-il pas par mourir de sa belle mort ?

A terme, l’humanité sera certainement immunisée contre ce virus. Mais en tant que médecin, je ne peux pas soutenir un tel scénario, je ne peux pas laisser faire la nature. Agir est aussi, en l’occurrence, une éthique de l’altruisme et de la solidarité : des mesures sont prises et je les respecte, moins pour me protéger d’un virus qui ne me ferait pas grand mal, que pour m’éviter de le transmettre à des personnes plus fragiles.

Comment voyez-vous les choses évoluer ?

Je ne peux pas être précis. Je peux juste dire que nous en avons encore pour plusieurs mois. Les prévisions optimistes qui considéraient que ce serait une affaire de semaines, me semblent désormais caduques. Il y a beaucoup d’inconnues : l’ampleur de la propagation du virus aux Etats-Unis par exemple. Ou encore l’impact de l’arrivée des beaux jours sous nos latitudes… Même si l’OMS tend à dire que le virus se transmet sous le climat tropical de Singapour, on ne connaît pas la résistance du Covid-19 à la chaleur.