De United à Procter, de Delta à Pepsico, les droits de douane créent de l’incertitude

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De United à Procter, de Delta à Pepsico, les droits de douane créent de l’incertitude
(Ph. AdobeStock)

Volatile. Difficile. Incertain. Ce sont les épithètes les plus fréquemment entendus lors de l’annonce des prévisions 2025 de quelques grandes entreprises mondiales, à l’issue du Q1. Sur fond de droits de douane imposés par le président Donald Trump.

Les entreprises décrivent la conjoncture économique comme « volatile » et « difficile »  face à l’incertitude causée par les droits de douane de Trump. Avant d'anticiper un resserrement de leurs budget "voyages", il n'y a qu'un pas.

En attendant, pour mesurer concrètement les effets des annonces de la Maison blanche, le média américain Business Insider a établi une liste d’entreprises qui ont revu leurs prévisions en conséquence, quand elles ne les ont pas tout simplement annulées. Extraits…

General Motors 

Début mai, GM a annoncé qu’elle suspendait ses prévisions de résultats pour 2025 et gelait un rachat d’actions de 4 milliards de dollars, le temps d’évaluer l’impact des droits de douane de Trump sur les voitures importées.

Deux jours plus tard, après l’annonce par la Maison-Blanche de mesures pour atténuer les effets des droits de douane, GM a indiqué avoir réduit ses prévisions pour cette année et fait état d’une exposition actuelle aux droits de douane comprise entre 4 et 5 milliards de dollars.

Comme d’autres constructeurs de Detroit, GM, qui assemble plusieurs modèles pour le marché américain au Mexique et au Canada, est fortement exposé à ces droits de douane. Les analystes de Barclays avaient déjà averti que ces taxes pourraient anéantir “pratiquement tous” les bénéfices de GM, Ford, et Stellantis.

UPS

UPS a annoncé qu’il retirait ses prévisions financières dans son communiqué sur les résultats du premier trimestre, tout en dévoilant un plan de suppression de 20.000 emplois d’ici 2025.

“Compte tenu de l’incertitude macroéconomique actuelle, la société ne fournit aucune mise à jour de ses prévisions consolidées pour l’année complète”, a précisé le géant du colis.

Procter & Gamble

P&G prévoit désormais une croissance nulle de ses ventes pour l’exercice fiscal 2025, contre une hausse de 2 à 4 % auparavant. Le roi de la lessive a également abaissé sa prévision de bénéfice par action (BPA) ajusté à 6,72-6,82 $, contre 6,91-7,05 $ auparavant.

Nous devrons actionner tous les leviers à notre disposition pour atténuer l’impact des droits de douane sur notre structure de coûts et notre compte de résultats”, a déclaré le directeur financier Andre Schulten. Quant au PDG Jon Moeller, il a précisé : “Nous procédons aux ajustements appropriés de nos perspectives à court terme pour refléter les conditions de marché sous-jacentes, tout en restant confiants dans les perspectives de croissance à long terme de nos marques et marchés”.

PepsiCo

Le géant de l’alimentaire et des boissons a mis en garde contre des coûts de production plus élevés et une baisse des dépenses des consommateurs dans un contexte “de conditions géopolitiques et macroéconomiques de plus en plus dynamiques et complexes”.

Nous anticipons davantage de volatilité et d’incertitude à l’avenir, notamment concernant l’évolution du commerce mondial, ce qui devrait accroître nos coûts de chaîne d’approvisionnement, a déclaré le PDG Ramon Laguarta. Parallèlement, la situation des consommateurs dans de nombreux marchés reste atone et tout aussi incertaine”.

PepsiCo a abaissé sa prévision de BPA ajusté pour l’année à une baisse de 3 %, alors qu’elle prévoyait auparavant une hausse à un chiffre.

Chipotle

Chipotle a abaissé ses prévisions pour l’exercice en cours et table désormais sur une hausse des ventes dans le bas de la fourchette à un chiffre, contre une hausse faible à moyenne à un chiffre prévue auparavant.

En février, nous avons commencé à constater que le niveau élevé d’incertitude ressenti par les consommateurs commençait à affecter leurs habitudes de dépense”, a déclaré le PDG intérimaire Scott Boatwright. Cela se voyait dans notre étude de fréquentation où l’économie réalisée, liée aux inquiétudes économiques, était la raison principale de la baisse de fréquentation des restaurants.

United Airlines

United Airlines a pris la décision rare de proposer deux scénarios de prévisions : l’un pour un environnement macroéconomique stable, l’autre pour un scénario de récession.

Les prévisions de la société reposent sur le consensus du marché concernant les attentes macroéconomiques”, a déclaré la compagnie. Cependant, il n’existe plus de consensus unique, c’est pourquoi la perspective de la société est désormais bimodale : soit l’économie américaine reste faible mais stable, soit elle entre en récession. L’entreprise fournit donc deux repères de prévisions selon ces deux scénarios macroéconomiques.”

Delta Air Lines

Delta a été l’une des premières compagnies aériennes à retirer ses prévisions lors de l’annonce de ses résultats du premier trimestre.

Compte tenu de l’incertitude actuelle, Delta ne confirme pas ses prévisions financières pour l’ensemble de l’année 2025 et fournira une mise à jour plus tard dans l’année, lorsque la visibilité s’améliorera”, a indiqué la compagnie dans son communiqué.

Le PDG Ed Bastian a déclaré lors de la conférence sur les résultats qu’il serait “prématuré” de faire des projections pour l’année “compte tenu de la grande incertitude macroéconomique”.

American Airlines

American Airlines a également retiré ses prévisions pour l’année, précisant qu’elle les mettrait à jour “lorsque la conjoncture économique sera plus claire”.

Les avions sont déjà trop chers, a déclaré le PDG Robert Isom lors de la conférence à propos des droits de douane. Je ne veux pas payer plus pour les avions. Cela n’a aucun sens.” Il a ajouté : “Et bien sûr, nous retirons nos prévisions. Ce n’est pas quelque chose (les surcoûts, ndr) que nous avons l’intention d’absorber. Et je peux vous dire que ce n’est pas quelque chose que j’attends de nos clients. Nous devons donc travailler sur ce point.”

Southwest Airlines

Southwest Airlines a retiré ses prévisions de résultats avant intérêts et impôts pour 2025 et 2026. “Dans le contexte macroéconomique actuel, il est difficile de faire des prévisions au vu des tendances récentes et brèves des réservations”, a indiqué la compagnie dans un communiqué.

JetBlue

JetBlue a rejoint de nombreuses compagnies aériennes américaines en retirant ses prévisions financières annuelles lors des résultats du 29 avril. La PDG Joanna Geraghty a invoqué “l’incertitude macroéconomique” et indiqué que la société envisageait de nouvelles réductions de capacité face à la baisse de la demande, ainsi qu’un examen du calendrier de retrait des avions.

Comme pour Southwest, l’incertitude survient à un moment difficile, les deux compagnies cherchant à redresser leur rentabilité.

Thermo Fisher

Le géant américain du matériel de laboratoire prévoit un impact négatif de 400 millions de dollars sur son chiffre d’affaires, les droits de douane affectant les ventes de produits fabriqués aux États-Unis et vendus en Chine. Elle s’attend aussi à une hausse des coûts des pièces importées de Chine.

Le PDG Mark Casper a déclaré lors d’une récente conférence sur les résultats que les nouvelles prévisions “intègrent l’impact net attendu des droits de douane actuels et les changements liés à la politique actuelle des États-Unis”.

Snap

La maison-mère de Snapchat, a refusé de donner des prévisions pour le deuxième trimestre lors de la publication de ses résultats du 29 avril.

Compte tenu de l’incertitude liée à l’évolution possible des conditions macroéconomiques dans les mois à venir, et de l’impact potentiel sur la demande publicitaire au sens large, nous n’avons pas l’intention de fournir de prévisions financières formelles pour le deuxième trimestre”, a indiqué la société dans une lettre aux investisseurs.

Snap a également précisé que si son chiffre d’affaires continue de croître, elle a “rencontré des vents contraires au début du trimestre en cours”.

Stellantis

Le géant automobile a annoncé le 30 avril la suspension de ses prévisions financières. Stellantis a expliqué revenir sur ses prévisions en raison de l’incertitude liée aux droits de douane.

L’entreprise est très engagée auprès des décideurs sur la politique tarifaire, tout en prenant des mesures pour réduire les impacts”, a indiqué le constructeur dans un communiqué.

Mercedes

Mercedes-Benz a rejoint la liste des constructeurs automobiles ayant retiré leurs prévisions annuelles en raison de l’incertitude liée aux droits de douane. La marque allemande de luxe a déclaré le 30 avril qu’elle ne pouvait pas fournir d’estimations fiables dans le contexte actuel.

Lors d’une conférence après l’annonce, le directeur financier de Mercedes a précisé que les anciennes prévisions n’auraient pas été modifiées sans la révision des droits de douane de Trump.

Ford

Ford est le dernier grand constructeur à suspendre ses prévisions et à détailler l’impact des droits de douane sur ses résultats.

Lors de ses résultats du premier trimestre, publiés le 5 mai, l’automobiliste américain a annoncé suspendre ses prévisions financières annuelles en raison des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de la possibilité d’une hausse des droits de douane aux États-Unis. L’entreprise a également évoqué le risque de droits de douane de rétorsion et d’autres restrictions de la part de gouvernements étrangers.

Ford estime que ses résultats annuels ajustés avant intérêts et impôts seront amputés de 1,5 milliard de dollars à cause des droits de douane.

Il s’agit de risques sectoriels majeurs, susceptibles d’avoir un impact significatif sur les résultats financiers, et qui rendent difficile toute mise à jour des prévisions pour l’année” a précisé l’entreprise dans un communiqué.

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