Crash d’Ukraine Airlines : L’Iran reconnaît sa responsabilité

412
Un missile iranien à lorigine du crash du Boeing d'Ukraine International Airlines
Sur les lieux du crash, vendredi dernier... Photo AFP.

Les preuves s’accumulant, Téhéran a finalement reconnu samedi que le crash du Boeing 737-800 d’Urkraine International Airlines était bien dû à l’impact d’un de ses missiles.

Il aura fallu le ton déterminé du Canada des États-Unis, ainsi qu’une vidéo d’une vingtaine de secondes, largement diffusée sur les réseaux sociaux et montrant le moment où un missile frappe l’appareil d'Ukraine International Airlines, pour que l’Iran opère une volte-face en forme d’amende honorable : c’est bien l’un de ses missiles qui est responsable de la mort de 176 personnes dans ce drame qui a eu lieu dans la nuit de mercredi 8 à jeudi 9 janvier.

Ainsi, samedi 11 janvier, le président Hassan Rohani a-t-il désigné l'accident comme « une grande tragédie et une erreur impardonnable ». Puis, par la voix du général Amirali Hajizadeh, commandant de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution iraniens, l'armée de la République islamique, le pays a livré sa version des faits. Un soldat aurait pris l'avion pour un « missile de croisière » et aurait eu « 10 secondes pour décider ».

Le haut-gradé a ajouté à propos du soldat : « Il pouvait décider de tirer ou de ne pas tirer [mais] il a pris la mauvaise décision ». Le missile qui était de courte portée a explosé près de l'avion et non pas directement sur lui, ce qui explique que celui-ci ait pu continuer de voler après l'explosion. Après ces explications, le général s'est dit prêt à endosser« la responsabilité totale » et « à se plier à toute décision qui sera prise» en ajoutant qu'il aurait« préféré mourir plutôt que d'assister à un tel accident ».

Dans un communiqué relayé par la télévision publique, l’armée iranienne précise que les fautifs seront traduits devant un tribunal militaire et présente ses condoléances aux familles des victimes, qui sont pour la plupart des Iraniens et des Canadiens d’origine iranienne mais aussi des Ukrainiens, des Suédois, des Britanniques et des Afghans.

Enquête internationale

Si les autorités iraniennes ont présenté leurs regrets et leurs excuses, elles ont aussi également imputé la responsabilité de cette « erreur impardonnable » à « l’aventurisme américain ».

L’Iran a par ailleurs invité Boeing, le constructeur américain de l’avion, à participer à l’enquête, ainsi que, en tant qu’observateurs, des experts aéronautiques américains, canadiens, français et suédois. Le Canada a mis sur pied un groupe de coordination avec les pays qui déplorent des victimes. Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Mousavi, a indiqué qu’une délégation canadienne serait autorisée à se rendre en Iran, alors que leurs relations diplomatiques ont été rompues en 2012, pour « s’occuper des affaires relatives aux victimes canadiennes ».

Suite à ces déclarations, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exigé samedi la punition des coupables et le versement de compensations de la part de l’Iran : « Nous attendons de l’Iran […] que les coupables soient traduits en justice [et] le paiement de compensations ».

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a quant à lui réclamé de la « transparence » afin qu’une « enquête complète et approfondie » soit menée et établisse les responsabilités : « Notre priorité demeure de faire la lumière dans ce dossier dans un esprit de transparence et de justice » a-t-il déclaré, ajoutant : « le gouvernement du Canada s’attend à la pleine collaboration des autorités iraniennes ».