Si la crise sanitaire en Chine marque le début de cette année 2020, il ne faut pas, cependant, négliger les autres facteurs de risque auxquels les entreprises et les voyageurs d’affaires seront confrontés au cours des prochains mois. Selon Amarante International (société spécialisée dans le conseil en sécurité, analyse de risques, et gestion de crise), plusieurs facteurs sont susceptibles de provoquer des crises d’ampleur différente dans plusieurs parties du monde.
En matière de prévision des risques, il n’y a ni boule de cristal, ni marc de café. L’avenir ne se devine pas, mais il peut être prévisible grâce à l’analyse de données objectives. En se basant sur des éléments factuels et concrets, Amarante International nous propose une lecture de la carte du monde pour les prochains mois. Le fait le plus marquant pour cette année 2020, d’après Alexandre Hollander, fondateur et président d’Amarante International, c’est « le retour d’anciennes menaces que l’on croyait disparues. » Le risque d’un affrontement de haute intensité (digne de la guerre froide) qui pourrait, par exemple, opposer les Etats-Unis à l’Iran. « Il y a une résurgence de risques dans le détroit d’Ormuz, comme à l’époque de la guerre contre l’Irak et cela pourrait provoquer une instabilité forte dans les pays du golfe Persique.«
Alexandre Hollander évoque également la crise sanitaire chinoise avec la propagation du coronavirus, « une crise qui n’en est qu’à son début et dont les conséquences peuvent être catastrophiques, tant sur le plan humain que sur le plan économique. »
Pour la France, Amarante dit redouter « beaucoup de violences sociales » comme avec la grève pour les régimes de retraite ou encore le mouvement des gilets jaunes. A surveiller également, « le radicalisme écologiste » qui peut avoir un impact réel sur l’activité économique des entreprises.
Des risques identifiés qui s’ajoutent à ceux auxquels les entreprises sont confrontées en permanence. « Aujourd’hui l’exposition au risque est plus large pour les entreprises qui se doivent de garantir la sécurité des personnes et des biens afin de protéger leurs ressources », explique Alexandre Hollander. « Il y a aussi la gestion de son image qui peut être mise à mal, notamment en raison de l’importance des réseaux sociaux » précise le patron d’Amarante qui insiste également sur l’importance primordiale de « la protection des informations sensibles et des données de l’entreprise. » En la matière, l’anticipation reste la meilleure arme, « il faut mettre en place une vraie politique de sûreté des systèmes informatiques avec des procédures clairement définies (qui fait quoi et comment) afin de réagir rapidement et efficacement en cas de la moindre menace. »
D’un point de vue géopolitique, plusieurs pays peuvent représenter des risques au cours de cette année. Amarante International a sélectionné les principaux que nous vous proposons de découvrir ci-dessous.
Amérique Latine
–Manifestations à l’échelle régionale susceptibles de se poursuivre en 2020 : les pays d’Amérique latine ont été frappés par une vague de violentes manifestations en 2019, affectant certaines des démocraties les plus fragiles de la région (Haïti) ainsi que des pays autrefois connus pour leur stabilité (Chili). La vague de manifestations sans précédent qui a éclaté au Chili le 18 octobre 2019 a pris les observateurs par surprise. D’autres pays réputés relativement stables, tels que la Bolivie et la Colombie, sont également confrontés à des troubles sociopolitiques. Cette tendance devrait se poursuivre tout au long de l’année 2020, même si certains mouvements s’essoufflent, compte tenu du contexte économique et surtout politique de la région, ce qui fait de l’Amérique latine l’une des régions « à surveiller » en 2020.
–Criminalité à la hausse au Mexique, recrudescence des kidnappings : l’année 2019 a été l’une des plus violentes jamais enregistrées au Mexique. Dans ce contexte dégradé, un ressortissant français a été kidnappé dans une région du pays à la fois criminogène et touristique. Le risque que des incidents similaires soient enregistrés en 2020 ne peut être exclu.
–Crise au Venezuela : la situation sécuritaire continue à se dégrader en raison d’une profonde crise économique qui s’accentue, mais un conflit armé est de moins en moins envisageable. Alors que le leader de l’opposition Juan Guaido bénéficie toujours d’un fort soutien étranger, Maduro reste fermement au pouvoir avec le soutien de la Russie et, plus tacitement, de la Chine. Maduro a par ailleurs maintenu la loyauté de ses principaux généraux, et a réussi à diviser et à intimider l’opposition. De plus, il n’y a aujourd’hui pratiquement aucune chance que Washington intervienne militairement.
Afrique
–Lutte contre la menace djihadiste au Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad : plusieurs groupes affiliés à Al Qaïda et l’Etat islamique restent actifs. La chute de l’EI au levant a entraîné une restructuration du groupe en 2019 et une réorientation des moyens (communicationnels et opérationnels) vers les théâtres du Sahel central (Burkina Faso, Mali, Niger, EIGS) et du lac Tchad (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun, ISWAP). Les armées locales sont sous pression croissante et la réponse militaire étrangère (Barkhane, MINUSMA) est de plus en plus contestée localement. A suivre nouveau foyer djihadiste de l’EI au nord du Mozambique.
–Elections présidentielle organisées sur le continent en 2020 : Togo (février) ; Burundi (mai) ; Burkina Faso (automne) ; Côte d’Ivoire (octobre) ; Niger (décembre) ; RCA (décembre) et Guinée (à déterminer). Plusieurs candidatures potentielles et contestées à suivre (F. Gnassingbé, A. Ouattara, A. Condé).
–Crises locales qui devraient se poursuivre en 2020 : crise anglophone au Cameroun, affrontements armés à l’est de la République Démocratique du Congo, République centrafricaine.
MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord)
–Election présidentielle américaine le 3 novembre 2020 : impact de la réélection ou non de Donald Trump sur la politique étrangère de Washington, les relations Etats-Unis-Iran et les tensions au Moyen-Orient. Le mandat du président américain a été marqué par un désengagement progressif des Etats-Unis de la région, donnant l’occasion à d’autres acteurs, au premier rang desquels la Russie, d’y accroître leur influence. La poursuite de cette tendance dépendra en partie du scrutin de novembre 2020.
–Possible internationalisation du conflit en Libye : la récente intervention de la Turquie en soutien à Fayez al-Sarraj pourrait pousser des pays tels que l’Arabie saoudite, les EAU, l’Egypte et la Russie à accentuer leur présence aux côtés du maréchal Khalifa Haftar.
–Mouvements de contestation populaire susceptibles de se poursuivre (Algérie, Irak, Liban) ou de reprendre (Iran) en 2020. Plus spécifiquement, la remise en cause de l’influence iranienne dans les pays de l’arc chiite est à surveiller.
–Elections législatives en Iran (février) et en Israël (mars)
Asie
–Crise sanitaire en cours (Coronavirus)
–Tensions en Chine/crise à Hong Kong : la crise socio politique éclatée à Hong Kong en été 2019 se poursuit, l’année 2020 ayant débuté avec des manifestations massives dans l’île. La combinaison des troubles sociaux et de la crise sanitaire risquent d’aggraver la crise économique à laquelle est confronté l’un des principaux centres commerciaux et financiers d’Asie.