Traveltech : l’Europe pourrait être le leader mondial mais…

Présent au Sommet de l'innovation touristique (TIS) qui s'est tenu récemment à Séville, Morgann Lesné, de la banque d'investissement en technologie du voyage Cambon Partners, a souligné les immenses atouts de l'Europe tout en appelant ses entreprises à un changement de stratégie de croissance, pour devenir les leaders mondiaux.

“L'Union européenne pourrait produire certaines des plus grandes entreprises de technologie du voyage au monde, en particulier la France et l'Espagne, mais les entreprises doivent adopter une approche de la croissance radicalement différente. Sinon elles risquent d'être toujours dans l'ombre des plus grands concurrents de technologie du voyage des États-Unis ou de l'Asie-Pacifique”, a averti Morgann Lesné, de la banque d'investissement en technologie du voyage Cambon Partners lors d'une conférence au Sommet de l'innovation touristique (TIS) qui s'est tenu récemment à Séville.

En réponse à ceux qui douteraient du potentiel de l'Europe à produire des géants de la technologie du voyage, le même de souligner le “fantastique palmarès que nous (l’Europe, ndr) avons déjà” et a rappelé que Booking.com est à l'origine une société néerlandaise. Il a également cité des succès de longue date comme Amadeus et HBX (anciennement Hotelbeds), ainsi que des acteurs majeurs plus récents comme TravelPerk, Civitatis, eDreams-ODIGEO, Blablacar, Travelsoft (propriétaire d’Eventiz, éditeur de DeplacementsPros, ndr), Hostaway, Lighthouse, D-Edge, et CDS.

Expliquant ce qui est à l'origine de ce succès et qui fait de l'Europe le marché idéal pour fonder d'autres géants, il a en outre rappelé que “l'Europe possède une économie touristique plus importante et plus diversifiée - et surtout un héritage - que l'Amérique ou l'Asie, ce qui constitue un énorme avantage pour tester des idées, trouver des premiers clients et, surtout, des talents”, avant de souligner un autre avantage que possède généralement l'Europe : une base de coûts moins élevée, en particulier en Espagne, qu'aux États-Unis ou dans certaines régions de l'Asie-Pacifique.

La clé : la fusac

“Nous devons être honnêtes à ce sujet et trouver des moyens de les surmonter, faute de quoi nous vivrons toujours dans l'ombre de nos concurrents américains et asiatiques, a souligné Morgann Lesné, pour construire des leaders mondiaux, il faut lever des capitaux et être agressif dans les fusions-acquisitions pour accélérer la croissance. L'approche de l'entreprise familiale ne fonctionne pas et trop d'entrepreneurs européens sont malheureusement nerveux à ce sujet. À cet égard, les États-Unis disposent d'un avantage considérable : il est dans leur ADN d'être à la fois plus ambitieux et d'accepter le besoin de financement des fusions et acquisitions, tandis que les entreprises asiatiques sont encore plus disposées à prendre des risques”.

En outre, il a souligné que pour devenir un acteur majeur, les entreprises doivent s'étendre au-delà de leur marché national et pénétrer à la fois les États-Unis et l'Asie-Pacifique : “L'Espagne et la France vous permettent bien sûr de créer de grandes entreprises, mais vous devez faire preuve de courage et sortir davantage de vos frontières. C'est là que l'on découvre si l'on a la magie ou non”.

Enfin, concernant les perspectives actuelles de levées de fonds, qui sont universellement reconnues comme étant plus difficiles que jamais pour les entreprises de traveltech, il a déclaré : “Il y a toujours des investisseurs prêts à soutenir des entrepreneurs audacieux et le manque actuel de financement des start-ups signifie qu'il y a beaucoup de bonnes affaires à faire lorsque ces entreprises n'ont plus de marge de manœuvre et doivent être vendues. Levez des fonds et achetez-les, le moment n'a jamais été aussi propice et 2025 pourrait être l'année la plus importante pour les fusions et acquisitions dans notre secteur. Comme le disaient les Romains, la fortune sourit aux courageux”.