Les vols entre la France et le Brésil sont suspendus au moins jusqu’au 19 avril. D’autres pays connaissent des situations inquiétantes, tels l’Inde et la Turquie. L’un des variants brésiliens est très présent en Guyane, le sud-africain à La Réunion… Faut-il désormais appliquer plus sévèrement les mesures de quarantaine ? Le gouvernement annoncera de nouvelles mesures lundi prochain.
La situation sanitaire au Brésil est aujourd’hui dramatique. Et le gouvernement français était interpellé de plus en plus vigoureusement, depuis quelques jours, aussi bien par une partie du corps médical que par les oppositions. Jean Castex avait le choix entre l’instauration d’une quarantaine stricte et la suspension provisoire des dessertes entre les deux pays. Ce mardi, le premier ministre a opté pour la seconde solution. Les vols sont suspendus depuis le Brésil «vers le territoire de la République», depuis ce mardi soir et pour l’instant jusqu’au 19 avril. Ils l’étaient déjà vers l’Espagne, le Portugal – où 20% des personnes infectées le sont par un variant brésilien – et les Pays-Bas. Question : qu’en est-il des passagers qui se rendent en France depuis le Brésil via une correspondance en Italie ou en Allemagne par exemple ?
Quid par ailleurs de la Guyane ? La région mono-départementale possède une immense frontière avec le Brésil. Les vols la reliant à son vaste voisin sont suspendus depuis déjà un an. Et les autorités françaises affirment que « la frontière fluviale est bien contrôlée ». L’un des variants brésiliens y est pourtant en forte hausse, au point d’être aujourd’hui très majoritaire (84%) parmi les différentes souches, faisant craindre une troisième vague. Or, les vols entre la Guyane et d’autres territoires français s’inscrivent dans le principe de la continuité territoriale. Et les voyageurs doivent présenter un motif impérieux pour voyager, une déclaration de l’absence de symptôme, un test négatif à l’embarquement, et depuis ce mercredi un test antigénique à l’arrivée en métropole. Les durcissements des mesures ce lundi se traduiront-elles par la mise en place d’une quarantaine ? Avec engagement d’un auto-isolement de sept jours et nouveau dépistage à l’issue de la septaine ?
A défaut de suspendre des dessertes aériennes les unes après les autres, certains médecins insistent aujourd’hui sur la nécessité de mettre en place des quarantaines efficaces et surveillées. Pas sûr en effet qu’une simple déclaration sur l’honneur soit suffisante… L’épidémiologiste Antoine Flahaut va même plus loin. Dans l’émission C dans l’Air ce mardi, il estimait que de telles quarantaines strictes devaient s’appliquer pour « tous les ressortissants de tous les pays étrangers de l’espace Schengen ».
D’autres préconisent plutôt de telles mesures pour les voyageurs en provenance de pays où se développent d’autres variants très contagieux, tel l’Inde avec son propre variant et la Turquie avec le variant sud-africain… Le gouvernement présentera lundi prochain de nouvelles mesures plus contraignantes pour les déplacements entre la France et les pays les plus touchés par la pandémie, « s’inspirant de ce que nous faisons actuellement pour le Brésil » selon son porte-parole, Gabriel Attal.
L’inquiétude gagne aussi l’outre-Mer ces jours-ci. De plus en plus de cas y sont en effet recensés. Le variant sud-africain touche massivement La Réunion (57,5% des cas) et dans une moindre mesure Mayotte (20%), mais aussi l’Hexagone et d’abord la Moselle (35%). Les Antilles sont pour leur part touchées à plus de 90% par le variant anglais, contre lequel tous les vaccins actuels sont très efficaces. Et plusieurs compagnies aériennes françaises (Air France, Air Caraïbes, Corsair…) y testent aujourd’hui un « passeport » sanitaire sur leurs lignes domiennes, l’AOKpass.
Le trafic entre la métropole et les DOM est en effet autrement plus important que celui entre la France et l’Inde. Faudra-t-il pour autant appliquer là encore des mesures plus stricts ? A-t-on aujourd’hui les moyens de surveiller les personnes en quarantaine lorsqu’elles entendent l’effectuer hors d’un hôtel agréé, de s’assurer qu’elles respectent scrupuleusement la mesure ? Et quid de l’acceptabilité d’un tel contrôle dans un pays comme la France ?