VIVATECH25 – Axa : “Sensibiliser les PME à leur duty of care”

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VIVATECH25 - Axa : “Sensibiliser les PME à leur duty of care”
(Ph. AdobeStock)

Présents sur le TravelTech Hub de Vivatech, trois représentants d’Axa Partners - Frédéric Duhamel, directeur commercial et marketing, Céline Bertrand, responsable commerciale assurance “travel” et le Dr Maria Besteiro, directrice médicale - nous ont parlé de leurs actions auprès des voyageurs d’affaires.

Quel type de produits proposez-vous aux entreprises ?

Céline Bertrand : Nous avons plusieurs produits qui leur sont destiné, de la très petite entreprise jusqu'à la multinationale ou aux organisations non gouvernementales. En fonction de cela, nous avons plusieurs briques : la partie assurantielle, la partie assistantielle (donc tout ce qui est rapatriement, frais médicaux, etc.), la brique servicielle où nous faisons de la prévention avant les déplacements. Nous donnons un certain nombre d'informations, les alertes qui sortent en ce moment sur le pays de destination : y a-t-il un problème sanitaire, un problème de sécurité, etc. ? Et enfin la brique sécuritaire.

Pour ces deux activités, le serviciel et le sécuritaire, c'est une activité qui peut ressembler à ce que fait un International SOS ?

Frédéric Duhamel : Oui, et nous sommes une excellente alternative à International SOS, mais avec un modèle économique plus efficient. Contrairement à nos concurrents qui possèdent leurs propres infrastructures hospitalières - ce qui génère des coûts importants à amortir et se répercute sur leurs tarifs - nous avons fait le choix d'une approche différente. Les équipes de Maria Besteiro sillonnent le monde pour auditer et sélectionner les meilleurs établissements de santé dans chaque pays. Cette expertise nous permet d'orienter immédiatement nos assurés vers l'hôpital le plus adapté à leur pathologie, et si aucune structure locale ne répond aux standards requis, nous organisons l'évacuation vers un pays voisin disposant des compétences nécessaires, ou le rapatriement direct vers la France. Cette stratégie nous permet d'offrir un service de qualité équivalente à des tarifs plus compétitifs.

CB : Notre valeur ajoutée réside aussi dans la simplification : les entreprises bénéficient d'un interlocuteur unique qui coordonne l'ensemble des services - sécurité, sanitaire, assistance et assurance. Cette approche intégrée évite la multiplication des contacts et garantit une réactivité optimale en cas de sinistre. Côté couverture assurantielle, nous prenons en charge un spectre complet de risques : les frais médicaux engagés lors des déplacements à l'étranger, les annulations de vol, les dommages ou pertes de bagages, la responsabilité civile à l'international, l'avance de caution pénale ainsi que l'accompagnement juridique dans tous les pays de destination.

Concrètement, comment un voyageur d’affaires reste-t-il en contact avec vous ?

CB : Nous nous sommes dotés d’une application innovante connectée aux agences de voyage corporate. Elle permet aux responsables sécurité de géolocaliser leurs voyageurs mondialement, de recevoir des alertes, et offre aux collaborateurs des modules e-learning préventifs, l'accès à notre réseau médical et hôtelier sécurisé, ainsi qu'à notre service de téléconsultation. Nous étendons également notre réseau de médecins à domicile à l'international. Ces services de réassurance sont devenus essentiels pour les voyageurs d'affaires, et les employeurs y sont très sensibles dans le cadre de leur duty of care.

On imagine les grandes entreprises bien plus matures que les PME sur ces sujets…

FD : C’est effectivement le cas. C’est pourquoi nous avons créé Voyageo Pro. Il s’agit de notre produit PME, lancé début juin. Il répond spécifiquement aux besoins des petites entreprises qui s'interrogent sur leurs obligations en matière d'assurance voyage. Accessible initialement en ligne sur notre site internet, il sera progressivement déployé auprès de nos courtiers et agents généraux AXA. La souscription est volontairement simplifiée : deux minutes suffisent pour finaliser le contrat et sécuriser les déplacements professionnels.

Seule fonctionnalité temporairement absente : Travel Eye, notre application mobile qui fournit des informations géolocalisées avant et pendant le voyage, ainsi qu'un bouton d'alerte d'urgence. Cette intégration est prévue dans un second temps pour respecter nos délais de mise sur le marché, mais elle enrichira prochainement l'offre PME.

Quand on conduit une voiture, on est obligé d'avoir une assurance. Quand on a une entreprise et qu'on a des salariés qui voyagent, a-t-on la même obligation ?

FD : L'obligation légale porte sur le duty of care : l'employeur doit garantir le retour de son collaborateur en cas de problème à l'étranger.

Donc sans assurance, tous les coûts sont à votre charge ?

FD : Au-delà de l'aspect financier, c'est surtout une question d'expertise technique. L'exemple récent en Thaïlande que va détailler Maria illustre parfaitement cette complexité.

Maria Besteiro : Un jeune professionnel en mission à Bangkok a été victime d'un arrêt cardiaque d'origine virale. Face à l'échec des tentatives de réanimation conventionnelle, l'équipe médicale locale a dû recourir à une ECMO - un système d'oxygénation extracorporelle qui supplée temporairement les fonctions cardiaques et circulatoires. Le rapatriement de ce patient sous assistance vitale a nécessité une logistique exceptionnelle : prise en charge des frais hospitaliers dans un service de réanimation de pointe, affrètement d'un jet privé médicalisé, mobilisation de quatre spécialistes pour maintenir l'oxygénation durant 17 heures de vol, plus une dialyse d'urgence en cours de transport. Cette intervention, une première mondiale, s'est heureusement soldée par une guérison complète après transfert à la Pitié-Salpêtrière.

Le coût de cette opération ?

FD : 500.000 euros. Mais la vraie question n'est pas financière : c'est celle de l'expertise et de la survie du patient. Quel chef d'entreprise peut organiser seul ce type d'intervention ? Sans assistance professionnelle, cette personne serait décédée. A vrai dire, moins de cinq entreprises au monde maîtrisent ce niveau d'intervention médicale complexe.

MB : D'ailleurs, dans de nombreux pays, l'admission hospitalière est conditionnée au paiement immédiat ou à une garantie financière substantielle. Cette barrière à l'entrée constitue souvent le premier obstacle insurmontable pour une entreprise non assurée. L'organisation d'un tel rapatriement médical dépasse complètement les capacités d'un employeur isolé. Ces transports de patients sous ECMO sont d'ailleurs relativement récents. Auparavant, ces malades restaient hospitalisés sur place car nous n'avions pas les moyens techniques de les rapatrier en sécurité.

Dans un monde incertain au niveau géopolitique, avez-vous constaté une recrudescence des demandes des entreprises pour leurs collaborateurs qui voyagent ?

CB : Effectivement, nous observons une hausse significative des souscriptions d'assistance sécuritaire. Cette couverture optionnelle, distincte de l'assistance médicale de base, répond aux besoins spécifiques des entreprises dont les collaborateurs évoluent dans des environnements à risque. Le contexte actuel, marqué par la multiplication des conflits, génère effectivement davantage de demandes pour les zones de guerre ou limitrophes.

Pouvez-vous illustrer vos actions de ce type par un cas réel ?

MB : Lors de récents troubles à Kinshasa, nous avons proactivement déclenché notre protocole sécuritaire pour une équipe présente sur place dans un autre cadre. Face à l'incertitude de l'évolution de la situation, nous avons organisé leur confinement sécurisé à l'hôtel, déployé des gardes du corps pour l'escorte jusqu'à l'aéroport, et coordonné leur évacuation anticipée. Bien que l'ordre soit revenu en 24 heures avec l'intervention de l'armée, cette mobilisation illustre la complexité logistique de nos interventions.

Le Covid a-t-il constitué une prise de conscience pour les entreprises concernant leur duty of care ?

MB : La pandémie a effectivement révélé aux employeurs l'étendue de leur responsabilité vis-à-vis de la santé et de la sécurité de leurs collaborateurs en déplacement. Cette période nous a d'abord mobilisés intensivement pour organiser des rapatriements d'urgence lors des confinements successifs, avant de connaître un arrêt complet des voyages d'affaires. Cette crise sanitaire mondiale a indéniablement sensibilisé les entreprises à l'importance de protéger leurs équipes mobiles.

FD : Pour les PME-PMI, je reste prudent quant à cette supposée prise de conscience. Un déficit d'information persiste concernant leurs obligations légales et les risques encourus - d'où l'importance de communiquer sur ces enjeux. Contrairement aux grands groupes parfaitement au fait de leurs responsabilités, les petites structures ont souvent privilégié l'arrêt pur et simple des déplacements plutôt qu'une réflexion approfondie sur leur duty of care.

C’est ce constat qui vous a conduit à développer une offre spécifiquement adaptée aux PME ?

FD : Exactement. Nous menons un double effort : rendre nos solutions plus accessibles et sensibiliser les 4 millions de micro-entreprises et PME françaises à leurs obligations.

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