La chaine de bloc est-elle une menace ou bien une réalité ?

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Durant le TOTEC, beaucoup d’entre vous m’ont demandé ce que je pensais et comment je définissais la chaîne de bloc communément appelée « Blockchain ». Pour moi, ce terme fait référence à système informatique fonctionnant en boucle fermée.

Ce système contient une multiplicité de données et traite des transactions (jusque-là rien de nouveau). En revanche, les bases de données sont instantanément dupliquées sur chacun des points d’entrée et peuvent être consultées par tous les membres autorisés sans être soumis à aucune forme de contrôle central (et ça c’est nouveau).

C’est une boucle de partage du savoir qui autorise tous les acteurs à obtenir en temps réel une information fiable et identique en tous les points d’émission/réception. C’est également l’assurance d’avoir un système beaucoup plus léger permettant des temps de traitement bien moindres grâce à l’utilisation d’une architecture plus adaptée.

Cette technologie est particulièrement bien adaptée au monde du voyage et en particulier à l’industrie du transport aérien qui implique l’intervention de nombreux acteurs et nécessite le rapprochement des données en différents points physiques. De fait, la blockchain améliorerait non seulement la transparence, l’efficience mais aussi l'efficacité. Mieux, elle réduirait drastiquement les coûts opérationnels.

Sur le plan pratique, cette technologie peut garantir que toutes les personnes impliquées dans le voyage (équipage, personnel aéroportuaire, services au sol et passagers) ont accès en même temps à des informations systématiquement à jour. Cela évite la diffusion d'informations obsolètes ou contradictoires sur, par exemple, les statuts des vols.

Beaucoup d’acteurs ont identifiés les programmes de fidélisation, la billetterie, la sécurité et la maintenance comme étant des domaines clés pour lesquels la technologie Blockchain pourrait être bénéfique. La billetterie basée sur une chaîne de blocs n'a jusqu'à présent été lancée que par les compagnies aériennes russe (S7 Airlines) et Lituanienne (Air Baltic).  Sur le plan pratique, S7, en ayant automatisé toutes les étapes de la réservation, y compris l'exécution et la vérification des paiements, aurait réduit le délai de traitement des paiements de 14 jours à 23 secondes seulement !

La Blockchain améliorerait également la sécurité et la maintenance des compagnies aériennes en fournissant des journaux de maintenance infalsifiables. Ainsi, chaque pièce d'avion pourrait être tracée en temps réel. 

Quoiqu’il en soit, les applications de blockchain nécessiteront une réglementation, notamment par la formation de directives communes à l'industrie. Des recherches sont et seront nécessaires pour mettre au point un tel cadre. À cet égard, la compagnie allemande Lufthansa a été un pionnier international en lançant son initiative "Blockchain for Aviation" visant à accumuler des connaissances dans différents domaines d'expertise, notamment le développement de logiciels, la logistique et la maintenance aéronautique.

Maintenant parle-t-on d’une réelle avancée technologique ou bien jetons nous à la face des acteurs du marketing pur et dégoulinant ? à la vue des argumentaires, il semble que l’on soit plus assujetti aux dictats de la mercatique car chaque année, un nouveau mot fait le buzz (2015 : Connectivité, 2016 : Big data, 2017 : Intelligence Artificielle, 2018 : Blockchain…).

La bonne utilisation du bon mot au bon moment est essentielle pour ne pas passer pour un  "has been"  mais derrière les termes on a du mal à voir les choses se concrétiser. Beaucoup d’acteurs utilisent un mot pour qualifier une technique qui ne correspond pas à la définition du dit mot. Cette errance n’est pas propre au marché des déplacements professionnels.

L’industrie parle ainsi de maintenance connectée, d’industrie 4.0 et même d’industrie du futur (pas idéal pour vendre. De fait ce terme est maintenant remplacé par la Frenchtech qui, pour moi ne vaut commercialement pas mieux dans le monde international auquel nous faisons face…).

Derrière les anglicismes et les acronymes, les acheteurs, les travel managers et les voyageurs attendent des faits qui tardent à venir. Finalement, les mots changent mais les maux restent les mêmes. Affaire à suivre donc car cela ne pourra pas durer bien longtemps…

Yann Le Goff
Nilrem Consulting
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