Table ronde sur l'IFTM pour commenter les résultats du Baromètre du Meeting & Events de Kactus. De gauche à droite, Arnaud Katz (Kactus), Cécile Benoit-Cattin (Accor), Delphine Brousset (Decathlon), Véronique Holveck (MPI France Switzerland) et Nathalie Lanier (SNCF)

Inflation et défis budgétaires, progression des séminaires résidentiels et au vert, hausse des demandes de devis, rééquilibrage entre Paris et les régions… le Baromètre du Meetings & Events de Kactus passe en revue les gros sujets et évolutions en cours du tourisme d’affaires en France.

Ce mercredi matin sur le salon IFTM, Kactus a dévoilé les résultats de son second Baromètre du Meetings & Events (*). Lequel souligne le rôle stratégique croissant du MICE au sein des entreprises, lié à la « normalisation du distanciel et au besoin accru de créer du lien entre les collaborateurs », comme l’a rappelé Arnaud Katz, CEO de cette plateforme technologique tout-en-un née de la fusion en 2022 entre Bird Office et Kactus. Une enquête du cabinet de conseil EPSA souligne cette réalité : il y a encore peu de temps, en 2019, on estimait que le budget événementiel d’une entreprise équivalait à environ le quart de sa dépense en voyages d’affaires. Aujourd’hui, ce ratio a augmenté et atteint désormais autour du tiers.

«Il n’est toutefois pas simple de se fixer des perspectives dans un environnement instable qui se traduit par un manque de visibilité » a noté Arnaud Katz lors du salon parisien des pros du tourisme. Ainsi, cette année, les JO ont clairement eu un impact majoritairement négatif sur le secteur, y compris en juin. Mais un rebond est espéré pour la rentrée, avec l’organisation de nombreuses soirées, soit 16% des réservations en septembre prochain contre 12% le même mois de 2023, et 14% en octobre 2024 contre 12% en octobre 2023 (chiffres arrêtés au 31 juillet dernier pour les prévisions septembre/octobre).

« La tendance s’annonce bonne pour une reprise début octobre, avec déjà beaucoup de demandes en forte anticipation pour 2025, notamment pour l’organisation de conventions internationales d’entreprises qui ont été reportées à 2025 » confirme Nathalie Lanier, directrice des Voyages en Groupe à la SNCF.

Le Baromètre du Meetings & Events est surtout revenu sur l’année 2023. Le secteur de l’événementiel a fait face l’an dernier à une hausse des prix, significative par participant pour les journées d’étude (+15% par rapport à 2022), les soirées d’entreprise (+11%) et les séminaires résidentiels (+5%), soit des séminaires qui incluent un hébergement pour les participants. Ces séminaires résidentiels représentent 52% du budget événementiel des entreprises. Un chiffre qui reste assez stable, les entreprises cherchant à maintenir un lien fort entre leurs collaborateurs.

D’après le baromètre, les entreprises ont souhaité, par ailleurs, mieux anticiper les différents événements de l’année, prenant le temps de comparer les offres et de mettre en concurrence les prestataires afin de sélectionner l’offre au meilleur rapport qualité/prix. En 2023, chaque événement a ainsi fait l’objet de la comparaison de 3,73 devis en moyenne (contre 3,6 devis en 2022). « Les entreprises qui sollicitent Accor comparent en moyenne 4 devis, a noté pour sa part Cécile Benoit-Cattin, VP Regional Meetings & Events and Congress Europe-North Africa Division du groupe hôtelier. Les tarifs proposés et le respect du cahier des charges sont des critères de sélection décisionnaires. Cependant, les premiers critères restent le délai de réponse et la qualité de la prise en charge. »

Le baromètre relève par ailleurs que les organisateurs d’événements prennent en compte les options durables en phase de comparaison (59% des demandes d’événements ont inclus au moins un lieu certifié RSE parmi l’ensemble des lieux interrogés). « Pour les grands groupes, le critère RSE est désormais incontournable, confirme Nathalie Lanier (SNCF). Il se traduit d’ailleurs comme un impératif dans les appels d’offres auxquels répondent les agences événementielles. Cela se reflète dans le nombre de devis que nous établissons, avec une croissance de plus de 30% entre 2022 et 2024. Par ailleurs, on constate une méconnaissance des offres, avec cet adage selon lequel “le responsable est forcément cher”. Je dirais que ce n’est pas toujours le cas, du moins pour le poste transport. »

Choisir des prestataires responsables implique des dépenses supplémentaires, note toutefois le baromètre : les prestataires certifiés RSE coûteraient environ 18 à 20% de plus qu’un prestataire sans certification. Or, le critère RSE ne constitue pas encore le facteur déterminant dans la décision finale : seulement 15% des événements se sont déroulés dans un lieu certifié.

Le baromètre note enfin que la popularité des séminaires au vert, qui s’inscrit désormais dans la durée, se traduit aussi par un rééquilibrage entre Paris et les autres régions, qui profitent de cette dynamique. La part des séminaires résidentiels en Île-de-France continue de baisser d’année en année (37% en 2023 vs 40% en 2022), au profit de toutes les régions, et notamment d’Auvergne-Rhône-Alpes, des Hauts-de-France et de PACA.

« Les régions continuent à se démarquer et à gagner des parts de marché, notamment sur les séminaires résidentiels. L’inflation est la première raison de cette tendance, suivie par le choix de villes de province faciles d’accès, bénéficiant d’un climat ensoleillé et d’un environnement agréable (urbain ou au vert). Les régions accessibles en train sont les plus demandées, pour des questions de RSE. » constate ainsi Cécile Benoit-Cattin (Accor).

Le choix de lieux hors de la ville ou en pleine nature reflète donc cette préoccupation environnementale des entreprises. Mais comme le souligne le baromètre, « l’événementiel durable : une thématique incontournable, pourtant freinée par son coût et par le manque d’offres » .

(*) Ce baromètre s’appuie sur les bases de données Kactus, un panel qui englobe à la fois les Grands Comptes et les ETI/PME. Pour les Grands Comptes sont répertoriés 50 entreprises dont 10 appartenant au CAC 40. Quant aux ETI/PME, la base de données recense près de 35 000 entreprises. L’échantillonnage utilisée repose sur l’organisation de plus de 3000 événements par mois, garantissant une bonne représentation du marché, que ce soit en termes de nature d’événements ou de zones géographiques étudiées. Les analyses ont été effectuées en collaboration avec des experts du secteur répertoriés dans le baromètre, dont ceux présents sur la table ronde.

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