Parmi les plateformes dédiées à la recherche de lieux événementiels, Aleou n’est pas celle qui communique le plus. L’entretien que nous a accordé Fabien Greneche, son directeur général et co-fondateur, est l’occasion de faire un point sur l’activité de l’entreprise, son actualité, ses projets, sa perception des évolutions en cours sur son marché. Le patron d’Aleou en profite pour se féliciter de la croissance de l’activité de team building qui fait l’objet d’un nouveau catalogue détaillant l’offre par activités.
Un mot d’abord sur l’historique de votre entreprise…
Fabien Greneche : Aleou a été créé en 2000 en tant que guide permettant de laisser des avis sur des hôtels, restaurants, salles et traiteurs. Nous sommes ensuite devenus agence événementielle, avant de nous lancer en 2015 dans le venue finding qui représente aujourd’hui 95% de notre activité. J’ajouterais que nous sommes une société familiale, co-fondée avec mon père et mon frère Nicolas, déjà associé et qui m’a rejoint au sein de la société en 2017. Nous nous sommes développés sans levée de fonds, en nous appuyant sur notre propre croissance interne et l’engagement de nos équipes, soit une trentaine de collaborateurs aujourd’hui.
Comment se porte Aleou ?
F.G : Nous enregistrons une très forte progression de notre activité depuis quelques années. Cela s’est de nouveau vérifié l’an dernier, avec 7 000 événements et un volume d’affaires d’un peu plus de 60 millions d’euros contre 45 millions en 2023. Nous avons notamment récupéré de gros dossiers et renouvelé l’ensemble de nos contrats. Et des contrats-cadres ont été signés avec une trentaine d’entreprises. Pour 2025, nous espérons une croissance plus modeste, de l’ordre de 10%.
Pourquoi choisir Aleou ?
F.G : Notre plateforme est au service des chefs de projets, lesquels prennent la main sur chaque demande, vont téléphoner aux prestataires et rédiger le meilleur brief possible. Chez nous, l’humain est au cœur du système. Et cela se traduit par un excellent taux de satisfaction client. La prise en main par les chefs de projets permet en outre de répondre à des demandes pour des événements plus complexes, avec du contenu. Mais les demandes simples, pour une salle avec éventuellement un hébergement, restent majoritaires. J’ajoute que nous proposons aussi toute la partie facturation et payons les acomptes des événements, ce qui suppose de gros besoins de trésorerie. Heureusement, la société se porte bien.

Vous insistez dans le même temps sur vos prix compétitifs…
F.G : Avec les réservations de plus en plus tardives, il faut être très réactif, notamment sur les petits événements. Nous avons trois heures pour répondre à une demande de devis. Mais la différence avec une réponse instantanée est importante, c’est le temps de la négociation du prix avec le prestataire. C’est pour nous indispensable si nous voulons pouvoir proposer un tarif compétitif. J’ajouterais que nos demandes de commissions se veulent raisonnables, moins de la moitié de ce que demandent certaines plateformes, avec comme contrepartie demandée aux prestataires qu’ils n’augmentent pas leurs prix. Et c’est ce qui explique que nous sommes moins chers que les autres venue finders dans 95% des cas, avec des prix entre 10 et 20% plus bas que ceux du marché.
Vous annoncez travailler avec 12 000 lieux de séminaires en France et plus de 7000 prestataires. Votre offre se trouve essentiellement dans l’Hexagone…
F.G : La France compte en effet pour plus de 90% de notre activité. Mais nous sommes capables de répondre à des demandes dans tous les pays d’Europe, et on le fait régulièrement.
Vous avez annoncé récemment le lancement d’un nouveau catalogue Team Building, accessible sur votre site internet…
F.G : Nous référencions jusqu’à présent les différents prestataires de team-buildings, mais sans afficher de détails sur les activités qu’ils proposaient sur notre plateforme. C’est désormais chose faite, avec également le tarif de la prestation en ligne. On peut ainsi savoir tout de suite combien coûte une prestation avec tel nombre de participants.
Quel est le poids et comment se porte l’activité team building chez Aleou ?
F.G : Le segment représente aujourd’hui 20% de notre activité. Il est clairement en croissance, avec comme avantage de se greffer à un événement. Nous profitons, il est vrai, de la présence désormais chez nous d’une personne qui travaille à plein temps sur le référencement de nouvelles prestations. Ce qui nous a permis de rajouter trois cents nouvelles propositions de team building en deux mois. Aujourd’hui, nous en proposons 1 147 différentes.
L’activité de team building, comme c’est le cas pour les autres segments de la filière événementielle, profite également de l’essor du télétravail et du besoin des collaborateurs de se retrouver, de cette nécessité de renforcer la cohésion d’équipe. A la nouvelle organisation du travail s’ajoute l’occupation de bureaux plus petits par de nombreuses entreprises, y compris de grandes tailles, lesquelles disposent de moins d’espaces pour organiser des réunions et autres événements.
Qu’est ce qui marche aujourd’hui en matière de team building ?
F.G : On trouve de tout, du plus classique au plus original. Et la demande se doit d’être d’autant plus variée que les entreprises veulent le plus souvent ne pas refaire une activité déjà choisie dans le passé. Nous proposons par ailleurs davantage d’événements s’inscrivant dans une démarche RSE. Est-ce lié à une demande générale du marché ? En tous cas, il est clair que nous profitons de nos investissements conséquents en matière de RSE. Sur nos devis, nous rajoutons l’empreinte carbone, calculée d’après les données dites physiques. L’an dernier, nous avons été certifiés ISO 20121 et avons obtenu la médaille Ecovadis Platinum. Et une personne chez nous, Marie Hénocq, s’occupe presque à plein temps de la RSE. Mais soyons clair : une telle démarche n’intéresse pas toutes les entreprises, elles ne sont pas toutes au même niveau sur ce plan.
Outre les autres plateformes proposant des réservations de lieux événements, comment percevez-vous ces autres acteurs du marché que sont les groupes hôteliers qui développent leurs propres plateformes MICE tel Accor, et les départements M&E des grandes TMC qui disposent eux aussi d’outils de venue finding ?
F.G : Le marché se développe et attire très naturellement de nouveaux entrants. En parallèle, les entreprises ont compris l’intérêt de travailler avec des venue finders, les économies qu’ils leur permettent de réaliser en travaillant avec moins de fournisseurs. Pour revenir à Accor que vous citez dans votre question : ils ont investi depuis des années dans leur plateforme MICE, avec succès. Mais c’est aussi un gros partenaire des venue finders, et nous collaborons régulièrement avec eux. Nous entendons en effet offrir à nos clients un large choix de lieux et de prestataires, en intégrant Accor parmi nos partenaires majeurs, afin de leur permettre de comparer différentes options. Il est normal que les entreprises y réfléchissent à deux fois avant de confier tous leurs séminaires à une seule chaîne hôtelière, ils veulent aussi faire jouer la concurrence.
Quant aux départements MICE des TMC, s’ils ont en effet des atouts, du fait notamment de leur présence dans de nombreux pays, ils n’ont en revanche pas toujours la réactivité, la transparence et l’efficacité de certaines plateformes.
Vous pourriez envisager demain des rapprochements avec d’autres acteurs du secteur ?
F.G : C’est un sujet de réflexion en effet, notamment dans une démarche de développement à l’international. Mais c’est beaucoup trop tôt pour aborder le sujet.