MICE : Soyons écolos, soyons à poil !

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MICE : Soyons écolos, soyons à poil !

Advito, le cabinet de conseil de BCD Travel, vient de mettre au point un calculateur d'empreinte carbone des événements professionnels.

Faiz Mimita, directeur du développement de BCD Meetings & Events (M&E), l'assure : "C'est une demande forte de nos clients". La chasse aux émissions carbone est ouverte et le MICE n'y échapperait pas. Et c'est logique, car si des objectifs sont fixés en la matière pour le business travel (BT), ils se justifient d'autant plus dans l'événementiel d'entreprise : il y a le transport et l'hébergement comme dans le BT, auquel il faut ajouter l'événement en lui-même.

Bébé

Logique aussi que le cabinet filiale de BCD, Advito, déjà auteur de la méthodologie GATE4 (certifiée ISO il y a quelque 18 mois) pour le BT, soit à la manœuvre sur la mise au point de ce calculateur d'émissions spécialisé MICE. Le "4" de "GATE4", ce sont l'avion, l'hôtel, le train et la voiture. Et ces quatre postes d'émissions restent centraux pour calculer le coût environnemental d'un événement.

> Lire aussi : Advito obtient des certifications ISO pour GATE4

"Ce sont les transports qui émettent le plus pour un événement professionnel", confirme Julien Etchanchu, spécialiste de la durabilité chez Advito. Mais pas uniquement. La quantité d'eau, de plastique, de nourriture utilisée - et éventuellement gaspillée - fait partie du combo critère. En revanche, le mobilier ou les revêtements de sol, par exemple, ne sont pas pris en compte : "On trouve injuste de considérer l'empreinte carbone de ces éléments et de les imputer à un événement, alors qu'ils vont servir potentiellement pour des dizaines d'autres", explique le même.

Pour l'heure, ce calculateur est un bébé - même pas, à vrai dire : il n'a pas de petit nom. "Pour l'instant, c'est un gros fichier Exel qui fonctionne très bien. Notre objectif est qu'il devienne un outil convivial online mais nous avons beaucoup de développements en cours chez Advito. Ca devrait être prêt en janvier 2023, au plus tard", dixit Etchanchu.

Mais, malgré tout, ça marche, nous assure-t-on. une grande banque française, par exemple, l'utilise. Elle n'est pas un client BCD M&E mais, bien que filiale de BCD, Advito jouit d'une large autonomie, peut aller à la pêche à ses propres clients. En revanche, "tous les clients BCD M&E se voient proposer l'option calculateur", assure Faiz Mimita.

Pré et post

Il y a deux façons d'utiliser ce calculateur : avant et après l'événement. Pré-event : "Les organisateurs de réunions peuvent alors saisir un éventail de données au stade de la planification de l'événement afin de comprendre l'impact de leurs choix et les leviers qu'ils peuvent ajuster pour réduire les émissions. Il offre un moyen de prendre des décisions plus conscientes lors du choix d'une destination, d'un lieu et d'autres éléments de conception d'événements, mais aussi de prendre en compte les impacts non liés directement aux émissions (comme on l'a vu : l'utilisation de plastique, le gaspillage d'eau, etc, ndr)". 

Mais en amont de l'événement, ce n'est pas toujours facile. Ne serait-ce que le nombre de participants - capital, bien sûr - selon qu'il se tienne à Londres, Francfort ou Paris, n'est pas forcément aisé à déterminer quand on fait des simulations. Mais a posteriori de l'événement, le calculateur possède des vertus pédagogiques qui serviront aux événements futurs. 

Pédago

"Pédagogie", le mot est lâché. Elle s'applique avant tout à ceux à qui est destiné le calculateur : les organisateurs. Mais Advito n'hésite pas à en resservir une louche à destination des participants : "Sur la plateforme d'enregistrement à l'événement, on fait passer des messages en faveur du déplacement en train par exemple, on publie des vidéos pour éduquer et former", explique Julien Etchanchu. 

En termes d'accès à cette solution, c'est souple (et peut-être lié au fait que le bébé n'a, par définition, pas encore trouvé sa maturité). Soit le client paie une licence, soit le client paie Advito pour faire le job. Auquel cas, par exemple et dans le cas d'un report post-event, le cabinet sera en mesure de dire "vous avez économisé X kg de carbone en faisant ce choix".

Last but not least, l'outil est estampillé ISO 14064/14065. Concrètement : les rapports qui en sont issus sont à même d'alimenter les divers documents RSE que la loi impose à certaines organisations, à partir d'une certaine taille. Ce n'est pas un détail.

Pour finir, parole est donnée à Julien Etchanchu : "Dire que le train est plus vertueux que l'avion ou que, dans l'avion, la classe éco est moins énergivore que la business class, c'est bien mais ils le savent déjà. Dire que des repas/cocktails végétariens émettent moins, ils le savent moins mais assez généralement quand même. En revanche, sur d'autres sujets MICE, il y a de la pédagogie à faire... Par exemple les goodies. On a signalé à un client que les 1.000 t-shirts imprimés qu'il voulait distribuer pour son événement impliquaient chacun 8 kg de CO2 émis et 1.000 litres d'eau !" Le message est clair : vivons nos events torse-nu.