L’Unimev (Union française des Métiers de l’Evénement), forte de 450 entreprises et associations adhérentes (80 % du marché de l’événementiel en France), accompagne la filière dans de nouvelles ambitions de responsabilité sociétale. Déjà très investie depuis quelques années, elle monte d’un cran dans son engagement durable à la rentrée, avec le contrat Engagement Croissance Verte (ECV) et l’Observatoire national des Déchets. Retour en détail sur les nouveaux objectifs de la filière, avec Pierre-Louis Roucariès, président délégué de l’Unimev.
Votre association a validé avec l’Etat, il y a deux ans, le principe d’un contrat Engagement Croissance Verte (ECV). Où en est ce contrat ?
Pierre-Louis Roucariès : Il sera conclu à la rentrée, en septembre. D’abord un bref rappel : un nombre réduit de secteurs ont signé un Engagement Croissance Verte. Ce nouveau plan traduit le fort investissement des entreprises de la filière – qui ne date pas d’hier – dans la dimension durable de l’événementiel. Nous devons être exemplaire, avoir un effet d’entrainement du fait même que la nature de notre activité implique tous les autres secteurs. Ce contrat est le résultat d’un engagement commun avec les services de l’État et de nombreux ministères, ceux de la Transition écologique, de l’Économie, de l’Europe et des Affaires étrangères, de l’Éducation nationale, du Travail, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Quid du contenu de ce contrat ?
Il comprend une étude de faisabilité visant à établir des objectifs pour le secteur, sur le périmètre maîtrisé par l’organisateur d’événements dont les plastiques à usage unique, l’alimentation, la signalétique, la moquette et coton gratté… Pour nous, il s’agissait en effet de conduire d’abord une étude sur la gestion des déchets. Nous devons fixer des engagements significatifs, sur la base de chiffrages précis, afin de savoir si l’on s’améliore et à quel rythme. Et l’Unimev, pour mieux évaluer nos actions, va piloter un Observatoire national sur les déchets, lequel verra le jour à la signature du contrat ECV début septembre. Cet outil va nous aider dans notre deuxième étape, laquelle correspond à la mise en place d’actions structurantes, sur le court et moyen terme. Ce contrat doit également permettre de mieux former les professionnels actuels et futurs dans l’organisation d’événements éco-responsables.
Ces engagements peuvent-ils être contraignants pour les entreprises ?
Il n’y a pas de démarches coercitives. Les acteurs de notre filière sont très différents. Et la démarche est plus difficile à mettre en place pour certains que pour d’autres. Quand on organise un événement dans une structure éco-conçue, et que l’on a déjà beaucoup travaillé sur le sujet, c’est évidemment plus facile d’atteindre les objectifs que pour d’autres.
Dans notre démarche, il y a une vraie volonté de sensibilisation de l’ensemble de l’écosystème, de tous ceux qui vont consommer l’événement, qu’il s’agisse des exposants, des fournisseurs, des clients directs ou indirects.
Ces engagements se traduiront-ils au niveau des certifications ?
La France est le pays qui compte le plus d’entreprises normées ISO 20121. On en compte près de 200 dans l’Hexagone. Et ce chiffre progresse encore. Le Centre Expo Congrès de Mandelieu la Napoule par exemple (dont Pierre-Louis Roucariès est le directeur général, Ndr) le sera à la fin de l’année. Les palais des congrès sont très certifiées, avec une double, voire une triple certifications. Ce qui montre bien, d’ailleurs, que nous n’avons pas attendu le contrat ECV pour nous engager énergiquement dans un processus de durabilité de toute manière incontournable.
Revenons sur la question des déchets, au cœur de votre démarche. Quelles peuvent très concrètement vos actions en la matière ?
Nous devons lutter contre le gaspillage alimentaire. Les Palais des congrès et les traiteurs le font en direct. Cela passe par le reconditionnement des plats et les dons à la banque alimentaire ou d’autres associations. De telles initiatives doivent devenir la norme et s’imposer naturellement dans les process d’organisation des événements. Le plus dur en la matière c’est de créer la filière. Une fois celle-ci mise en place, cela ne demande pas plus de travail.
Un autre exemple : au centre de congrès de Mandelieu-la Napoule, les bouteilles en plastique ont été supprimées. Nous misons sur le carton. Et l’opérateur fournit des gourdes aux participants, souvent siglées au nom de la manifestation, que l’on remplit dans des fontaines à eau.
Votre engagement durable peut-il être un argument demain, dans la promotion de la destination France ?
Cette dimension RSE pourrait en effet faire partie de notre communication, au même titre que le bien-être, la santé et la sécurité. J’en profite pour rappeler que nous appelons de nos vœux à la mise en place d’un plan de relance pour 2022. Et nous souhaiterions qu’Atout France fasse la promotion de notre filière à l’étranger, d’autant que les professionnels du secteur, en Allemagne et en Italie, ont bénéficié d’un soutien financier très important de leurs États.