Stéphane Abitbol (LEVENEMENT) : «2024, une année dynamique pour l’événementiel »

0
691

Stéphane Abitbol (Groupe S’Cape), président de l’association LEVENEMENT depuis janvier dernier, fait le point sur la santé et l’activité du secteur de l’événementiel d’entreprise, sur les évolutions et chantiers en cours, sur les défis auxquels il doit répondre, de la formation au climat en passant par l’IA.

Pouvez-vous nous présenter brièvement LEVENEMENT ?
Stéphane Abitbol : Notre association fédère 92 agences de conseil, création et production événementielle en France. Lesquelles représentent 80% de notre business dans l’Hexagone. Nous comptons parmi nos membres toutes les grandes agences, ce qui explique ce pourcentage car le secteur rassemble au total environ 400 agences.

Dans nos métiers nous sommes spécialisés sur tel ou tel segment de marché. Le Travel, par exemple, est une vraie spécificité. C’est un savoir-faire que de pouvoir intervenir partout dans le monde. Au sein de notre association, environ un tiers des agences ont une activité voyage. Une dizaine d’entre elles ne font que du voyage. Mon souhait c’est que l’association puisse représenter toutes ces agences spécialisées, tous ces métiers, qu’on avance ensemble, qu’on puisse transmettre les bonnes pratiques et avoir les agences les plus vertueuses possibles. On veut ainsi avancer là où on est un peu moins présent, sur le Travel, le luxe ou la pharma, nous renforcer sur la province, et au-delà sur les territoires d’outre-mer.

Comment se porte le secteur de l’événementiel ?
S.A : Il est dynamique en 2024, malgré ou à cause des Jeux Olympiques : 15 à 20% de nos agences ont directement ou indirectement travaillé sur les JO. On constate notamment une grosse activité sur le corporate. Nous avons fait un petit sondage rapide : 80% des agences événementielles font une meilleure année en 2024 qu’en 2023. Et 60% pensent que 2025 sera également une année positive.

Quelles évolutions, voire mutations, constatez-vous aujourd’hui dans votre domaine d’activité ?
S.A : La RSE devient clairement un point de plus en plus important dans nos agences. Nos clients nous mettent une forte pression sur cette question. L’association s’est engagée à former les agences. Une grande partie d’entre elles ont été certifiées Iso20121, d’autres sont en cours de certification. Une démarche plus ou moins lourde selon la taille de l’agence.

La cybersécurité est aussi un vrai sujet. Nous avons été très vigilant ces derniers temps, et avons formé les agences au préalable pour se protéger, car les attaques ont été nombreuses, notamment pendant les JO. C’est d’autant plus important que beaucoup de contrats incluent désormais une protection cyber. Laquelle coûte de plus en plus chère et pèse sur la rémunération des agences.

Le légal est également très important. Les contrats passés avec nos clients sont de plus en plus complexes et pas toujours adaptés à notre métier. Nous passons beaucoup de temps à les scruter, ce qui retarde les signatures et le versement d’acomptes.

Vous avez lancé cet été l’outil ICE (Impact Carbone Événements) dédié à vos adhérents, avez-vous déjà un premier retour ?
S.A : Il a démarré en trombe. Nous avons déjà enregistré plus de 150 sollicitations sur ce simulateur digital de carbone, qui permet d’apporter au client un cran supplémentaire dans la réponse RSE à tel ou tel projet. Cet outil répond ainsi à notre souci de répandre de bonnes pratiques chez nos membres.

Quels sont les autres chantiers à moyen et long terme sur lesquels travaille LEVENEMENT ?
S.A : Sarah (Bennis) et moi avons réalisé un gros travail sur la nouvelle Convention Collective signée par l’ensemble les syndicats. Laquelle est adaptée à notre métier, alors que nous étions répartis sur différentes conventions collectives (Foire & Salon, Syntec…). Cette convention collective concerne toutes les agences et pas seulement celles membres de notre association. Nous sommes en train de la faire valider par la direction du travail, pour qu’elle soit applicable mi-2025.

Votre métier a encore besoin de se structurer…
S.A : C’est en effet un métier à part entière, effectué par des professionnels de l’événement, un métier dont la cote, depuis le Covid, est remontée dans la chaîne de valeur de la communication et de la stratégie des entreprises. Il faut en effet continuer à le structurer, à davantage travailler sur la créativité, le cœur de notre métier. Ce dernier ne doit pas être effectué par des tiers, des sociétés dont l’événementiel n’est pas le core-business. On se retrouve alors, très vite, dans une logique de baisse des prix. A l’EVENEMENT, nous avons travaillé sur un guide nommé L’Essentiel, qui montre bien ce que coûte un talent aujourd’hui, et comment son travail doit être facturé. Nous entendons rappeler certaines règles et bonnes pratiques, mais aussi certains principes en matière de rémunération des agences. On ne veut pas que des collectifs ou des lieux événementiels ou d’autres acteurs fassent notre métier. C’est pour ça que l’on a travaillé énormément sur la convention collective.

Dans le guide des bonnes pratiques réalisé par des bureaux de représentation et des agences membres de LEVENEMENT, il est préconisé la rémunération des briefs. Qu’en pensez-vous ?
S.A : À titre personnel, et je vais peut-être en surprendre certains, je suis totalement contre la rémunération des briefs. En revanche, je suis favorable au défraiement, lequel engage aussi bien l’agence que le client. En effet, si un travail important est demandé, cela permet d’engager des talents, des études, comme c’est le cas pour un travail d’architecte.

Suite à un sondage réalisé auprès des agences de LEVENEMENT, on s’est rendu compte qu’un dossier sur deux était confié sans appel d’offres. De grandes entreprises cherchent à gagner du temps et considèrent qu’un appel d’offres n’est pas nécessaire, l’événement en question se rapprochant dans sa conception d’un ou plusieurs autres événements organisés dans le passé. Pourquoi en effet remettre en question une agence si elle a précédemment donné toute satisfaction. pourquoi dès lors vouloir systématiser l’appel d’offres ? Au-delà de cette question, nous avons fixé certaines règles au sein de l’association, pour qu’un appel d’offres ne concerne que trois ou quatre agences au maximum. On nous demande un budget cohérent et de la transparence, il est bien naturel qu’on ait une même exigence vis-à-vis de nos clients.

Quid de l’IA dans votre activité ?
S.A : Elle nous aide à gagner du temps, à aller plus vite. C’est un outil formidable mais cela reste un outil. Il faut savoir l’utiliser à bon escient, d’autant qu’elle se trompe aussi pas mal…

LEVENEMENT est lié à l’Institut Supérieur de l’Evénement. Quel regard portez-vous sur l’emploi et la formation dans le secteur de l’événementiel ?
S.A : Un mot d’abord sur cette école. Les étudiants y sont très bien formés : 98% d’entre eux trouvent une entreprise dès qu’ils sortent. Le recrutement aura été en effet compliqué ces deux dernières années. Nous avions de grands besoins pour des gens vite opérationnels et peu de temps pour les former nous-même. On va heureusement rentrer dans un rythme que je qualifierais de plus traditionnel.

Quel est le profil des entreprises qui font appel aux agences événementielles ?
S.A : On trouve tous les types de profil, de la PME au géant du CAC40. Nos compétences intéressent toutes les entreprises qui ont une ambition, un budget, des besoins de réunir les collaborateurs, surtout avec l’essor du télétravail qui a éloigné les équipes de l’entreprise. Beaucoup ont intégré la valeur ajoutée qu’on leur apporte, notre dimension conseil quand il s’agit de créer et faire passer des messages, du contenu…

Quelles sont vos relations avec les plateformes événementielles btob et les TMC qui ne cessent de développer leurs départements meetings & events ?
S.A : Ces acteurs sont très concentrés sur le small-meeting, segment de marché sur lequel nous n’intervenons pas. Sur les 300 événements que nous avons organisé sur l’année, seul un client avait réservé le lieu de son événement par une plateforme.

Nous cherchons des lieux en lien avec le message et le contenu qu’on doit déployer. Et nous avons pour cela nos propres responsables logistique. C’est un autre métier, nous avons peu d’interactions avec ces plateformes. Idem pour les TMC, nous ne sommes pas sur les mêmes contacts, sur les mêmes demandes. Nous sommes sur un autre format, davantage axé sur la communication événementielle.

Lors de l’organisation des grands événements nécessitant le recours à une agence événementielle, qui sont aujourd’hui vos principaux interlocuteurs dans l’entreprise ?
S.A : L’intervention se fait à différents niveaux, selon la nature de l’événement. Cela peut être la direction commerciale, les RH, la direction générale, le marketing. Les achats ne sont jamais très loin, qui veillent au grain… Dans certains contrats cadre, l’acheteur voyage ou travel manager peut être un vecteur de concentration des demandes.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici