Véronique Bertrand : « Mon terrain de jeu sur le MICE : les 70 resorts du Club Med ! »

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La directrice France de la branche Meetings & Events by Club Med, dans le cadre d’une interview accordée à DéplacementsPros.com, fait le point sur l’offre MICE du leader mondial des villages de vacances. Elle revient également sur les évolutions de la demande notamment sur le marché français, et sur les nécessaires adaptations pour y répondre. Avec en filigrane les nouvelles problématiques liées au digital et à l’environnement.

Que représente le MICE pour le Club Med ?
Véronique Bertrand : Si notre offre MICE a été rebaptisée Meetings & Events by Club Med en 2017, elle existe depuis 40 ans. Je travaille aujourd’hui avec une cinquantaine de personnes sur Paris, en charge à la fois du MICE et des CSE. Sur l’événementiel, je m’appuie sur une équipe de cinq personnes. Les groupes comptent pour plus de 10% de l’activité du Club Med.

Comment se porte l’activité en ce moment ?
Elle est surprenante. L’an dernier, nous tablions sur un rebond en 2023. Mais les entreprises et les collaborateurs expriment clairement un besoin incroyable de se revoir et de travailler ensemble, de réembarquer les équipes, de partager les performances, de réfléchir collectivement à l’avenir, ce qui est compliqué autrement qu’en présentiel. Les entreprises restent néanmoins méfiantes. Elles ont été échaudées par la pandémie et la succession de vagues ayant entrainé annulations et reports. Notre marché MICE est très anticipatif. Nous travaillons déjà sur 2023 et 2024. Mais nous devons dans le même temps gérer un surprenant phénomène de dernière minute, avec des demandes aujourd’hui pour le mois de mars.

Quels types d’opérations sont organisés au sein de vos clubs ?
Près de la moitié des demandes portent sur des séminaires, avec des besoins de salles pour se réunir et travailler. Notre offre all-inclusive permet de maitriser le budget. Il n’y a pas de surprises avec les pauses, les buffets, les activités inclus. Et pour les moments de convivialité et de respiration, nous disposons également d’un catalogue d’offres de teambuilding. L’autre moitié correspond surtout à des lancements de produits, des voyages de motivation et de récompense. Nous pouvons répondre à des demandes incentive très différentes : nous recevons des groupes de 5 à 4 000 personnes ! Dans ce dernier cas, il s’agit de gros lancements de produit, avec des participants se succédant sur plusieurs semaines dans un même lieu.

Ixtapa au Mexique. Photo Club Med/Frederic Berthet

Combien de clubs accueillent des événements MICE ?
Mon terrain de jeu ce sont les soixante-dix resorts du Club Med, ainsi que notre voilier de croisières Club Med 2. Nos quelque 200 salles de réunion se trouvent dans près de la moitié d’entre eux. Et une vingtaine de villages possèdent de véritables salles de convention, réparties un peu partout dans le monde. Mais tous nos clubs disposent d’un théâtre, souvent un lieu adapté pour accueillir une plénière. Et nous pouvons créer des salles de réunion éphémères. Nous privatisons aussi nos villages en exclusivité, un format qui plait beaucoup. Cela rassure sur le plan sanitaire. Pour les participants, cela traduit une forme de générosité de la part des organisateurs/décideurs. Et l’on peut en prime profiter de prix attractifs sur les ailes de saison.

Quels sont vos resorts phare sur le segment MICE ?
Parmi nos gros porteurs, je citerais d’abord Club Med Opio, en Provence, notre navire amiral en France, avec son centre de convention pouvant accueillir jusqu’à 600 personnes et ses 31 salles de réunions. Son futur grand frère ouvrira ce printemps à Marbella en Andalousie ; il sera doté d’une même capacité en lits qu’Opio, d’un beau centre de convention mais d’un peu moins de salles de réunion. Je complèterais ce top 3 avec Club Med Lake Paradise, à une demi-heure de Sao Paulo. Ce resort est en effet très orienté MICE avec ses deux centres de convention et ses 30 salles de réunion. Il faut savoir que le Brésil est notre deuxième marché sur le segment MICE, avec également deux autres resorts dotés de centres de convention, dont le Rio das Pedras, à 1h30 de route de Rio de Janeiro.

Et si vous deviez compléter cette liste ?
J’ajouterais d’abord La Palmyre en Charente-Maritime, rénové l’an dernier et qui peut compter sur un super centre de convention, Club Med Sandpiper Bay près de Miami, équipé lui aussi d’un centre de convention, ainsi que Club Med La Palmeraie à Marrakech, rénové et agrandi, dont le centre de convention sera disponible en fin d’année. Et je complèterais la liste avec Club Med Da Balaia au Portugal, Cefalu en Sicile, Bintan en Indonésie, Punta Cana et Michès en République dominicaine, Ixtapa et Cancun au Mexique. Sans oublier les « Club Med Joyview», ces resorts situés à proximité des capitales chinoises, dotés de centres de convention et presque exclusivement orientés MICE pendant la semaine.

Que pèse le marché français ?
Avant la crise, la moitié de notre activité MICE était réalisée sur le marché français. L’Hexagone compte pour un peu plus de 60% aujourd’hui. Une fois la pandémie derrière nous, il est probable que l’intérêt se portera davantage vers des destinations plus « exotiques », surtout en hiver où le climat joue en faveur du balnéaire.

Vous disposez d’une offre conséquente à la montagne, d’ailleurs renforcée récemment encore avec l’ouverture d’un resort à la Rosière…
La montagne en dehors de la période des sports d’hiver ne cesse de monter en puissance depuis trois-quatre ans. Sa dimension environnementale joue en sa faveur, avec les grands espaces et son air pur. Et c’est encore plus vrai en période de pandémie. Elle compte désormais pour 15 à 20% de notre activité MICE sur la France, contre 10% avant la crise sanitaire. Mais ces chiffres correspondent à ceux d’une période troublée. Et les attentes de nos clients ne cessent de changer.

La Palmyre Atlantique. Photo Club Med/Maud Delaflotte

Outre la France, quelles sont vos principales destinations?
Avant la crise, la France comptait pour la moitié de notre activité, le moyen-courrier pour 20% et le long-courrier pour 30%. Difficile de répondre à cette question, les destinations phare ont souvent changé. A une époque, nous enchainions les événements au Brésil. Ce fut ensuite au tour de la République dominicaine, puis du Mexique. D’autres destinations marchent bien, tels Bali et les Maldives, voire le Japon et la Chine avant la crise, avec la volonté des organisateurs de surprendre avec des voyages très personnalisés. Dans ce cas, notre équipe de chargés d’événementiel intervient et enrichit l’offre classique proposée à notre clientèle loisir. Il est important de proposer des offres originales à nos clients, des destinations qui ne sont pas dans leurs habitudes. Et je pourrais citer aussi le Canada où nous avons ouvert Club Med Québec Charlevoix au mois de décembre.

La dimension durable a pris un poids croissant pendant la crise…
Nous avons un atout non négligeable, l’emplacement de nos villages dans des endroits souvent privilégiés. En termes de respect de l’environnement, nous sommes très actifs, sur le plan énergétique, dans la suppression du plastique à usage unique ou le tri des déchets. S’ajoutent à ces démarches nos relations avec les populations locales, en termes d’achat de produits locaux ou de découvertes dans le cadre des excursions et autres teambuildings.

Comment évolue votre offre « séminaire » ?
Nous avons repensé nos salles de réunion avant la crise, avec la volonté d’améliorer encore le confort, mais aussi de souligner davantage les nombreux marqueurs de la destination, par le biais des couleurs, des objets…. Nous avons aussi mis l’accent sur le digital, avec la multiplication de prises et nourrices pour les ordinateurs et téléphones portables. Et nous avons imaginé des espaces permettant une modularité, afin de s’isoler et de travailler en « one to one »,en « one to three », et pour des moments de convivialité en « one to all », en dehors de la salle de réunion.

Opio en Provence. Photo Club Med/Julien Fernandez

Le digital a pris une place importante avec la crise…
Certains événements ne sont visiblement plus aussi indispensables qu’avant. La visio a souvent pris le relais, mais je note aussi une certaine forme de saturation pour l’outil ces derniers temps. Nous avons pour notre part ajusté notre offre, avec la possibilité d’organiser des meetings hybrides. Nous pouvons par exemple réunir 300 personnes en présentiel dans le centre de convention de La Palmyre, et mille autres en distanciel. Et cinq resorts peuvent se mettre en réseau pour proposer des meetings en duplex, La Palmyre, Opio, Da Balaia, Cefalu et au choix un village de montagne avec la possibilité de déplacer le matériel d’une station à une autre. Cette approche s’inscrit dans une démarche que nous pourrions résumer par la formule « moins souvent mais mieux ». Car l’objectif demeure que les participants reviennent d’abord d’un événement avec des souvenirs mémorables.