Amex GBT et CWT devront défendre leur fusion devant la justice américaine

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Amex GBT et CWT devront défendre leur fusion devant la justice américaine
(Ph. AdobeStock)

L’acquisition, pour 570 M$, de CWT par Amex GBT, pourrait être compromise par un recours déposé par le Département de la Justice américain.

Nous annoncions, dans un article récent, la possibilité d’un recours engagé par le Department of Justice (DOJ) américain à l’encontre de l'acquisition de CWT par Amex GBT... C’est désormais chose faite. 

> Lire aussi : Fusion Amex GBT / CWT : la justice américaine pourrait entrer en jeu

Ce qu’en dit le Department of Justice

La plainte, déposée auprès du tribunal fédéral du district sud de New York, allègue que l'opération nuirait à la concurrence au détriment des entreprises globales et multinationales basées aux États-Unis. 

Plus précisément, Doha Mekki, procureur général adjoint par intérim de la division antitrust du DOJ, reproche principalement deux choses à cette fusion-acquisition : qu’elle intervienne sur  “un marché déjà fortement concentré, avec seulement quelques options compétitives capables de répondre aux besoins des clients ayant les exigences les plus importantes”; et donc “les entreprises américaines en subiront les conséquences, avec des prix plus élevés, moins d'innovation et un choix réduit.

Le DOJ a particulièrement beau jeu d’avancer ces arguments puisque des communications d’Amex GBT, de CWT, et entre les deux entités, lui donnent du grain à moudre, comme nous le détaillons ci-après.

Ce que répond Amex GBT

Dans une déclaration publique, Amex GBT qui s’est dite “déçue” par l’action du DOJ, a précisé sans surprise qu’elle contestait l’entrave à la concurrence que constituerait l’acquisition en question et a indiqué qu'elle “évaluait ses prochaines étapes”. Plus offensive, la TMC a en outre qualifié la vision du marché par le DOJ de “rétrograde”.

Tout au contraire, Amex GBT a fait savoir qu’elle croit “fermement que la transaction proposée apporterait des avantages significatifs à tous les clients des voyages d'affaires, aux fournisseurs et aux employés.

Les principaux arguments d’Amex GBT sont, eux aussi, au nombre de deux : la plainte du DOJ ignorerait “l'émergence de nombreux concurrents importants dans l'industrie du business travel” et elle ne considèrerait que “les plus grands et les plus puissants clients basés aux États-Unis, qui représentent moins de trois pour cent du marché mondial des voyages d'affaires”. Une dernière démonstration peu convaincante, voire surprenante : le DOJ ne considère évidemment que son marché domestique.

Courriers indésirables

Si les arguments du DOJ sont proches de ceux avancés par le CMA (Competition and Markets Authority, régulateur de la concurrence au Royaume-Uni), dont la décision finale sera rendue le 26 janvier prochain, ils s’appuient sur des éléments inédits ou, en tout cas, non révélés médiatiquement jusqu'alors.

Outre les éléments déjà exposés,la plainte du DOJ considère en effet qu’Amex GBT a initié cette transaction pour “se protéger de ses pertes récentes de clients au profit de CWT”. A l’appui de cette allégation, des communications de son PDG reconnaissant que la valorisation de l'accord proposé devrait refléter l'avantage financier d'éviter des pertes futures de clients au profit de CWT.

De plus, elle mentionne également des communications de CWT qui précisaient qu'Amex GBT bénéficierait, après la fusion, d'une réduction de la “pression sur les prix” en éliminant “un grand concurrent”. Les magistrats n’ont qu’à se servir… Reste à espérer pour Amex GBT et CWT que le changement d’administration (de Biden à Trump) les incite, en la matière, à davantage d’indulgence. Ce que certains observateurs américains n’hésitent pas à avancer.

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